Programme de la mission

Première étape : KIRGHIZISTAN (18-19 avril 2011)

Lundi 18 avril

02h10

Arrivée de la délégation à l'aéroport international « Manas » - Accueil de la délégation par M.B. Kadyrov, adjoint au Président de la commission des Affaires internationales et de la Coopération interparlementaire, Mme Karamouchkina, Président du groupe d'amitié Kirghizistan-France du Jogorkou Kenech et M. Djamankoulov, chef du département de la coopération internationale.

Installation de la délégation à son hôtel

11h00

Entretien avec Mme Karamouchkina, présidente, et plusieurs autres membres du groupe d'amitié Kirghizistan - France

12h15

Réunion de travail avec les représentants des groupes parlementaires du Jogorkou Kenech

13h30

Déjeuner avec le Président de l'Institut national d'Études stratégiques, M. Chinguiz Shamshiev et plusieurs responsables et chercheurs de son équipe

15h00

Audience avec M. Keldibekov, Président du Jogorkou Kenech

15h00

Audience avec Mme Rosa Otounbaeva, Présidente de la République kirghize

18h00

Réception offerte par le Jogorkou Kenech

Mardi 19 avril

10h00

Entretien à la Fondation Aga Khan avec M. Bohdan Kravchenko, recteur de l'Université d'Asie centrale, et plusieurs responsables de l'Aga Khan Development Network (AKDN)

11h00

Visite de l'Alliance française et du Centre de ressources

12h00

Rencontre avec des membres de la communauté française au café « Chez le Français »

13h00

Déjeuner offert par M. l'Ambassadeur

15h00

Départ en cortège automobile pour Almaty (Kazakhstan)

Nuit à Almaty - Le mercredi matin, vol pour Douchanbé (Tadjikistan)

Durant tout son séjour au Kirghizistan, la délégation sénatoriale a été accompagnée par l'Ambassadeur de France, S. Exc. M. Thibaut Fourrière.

Seconde étape : TADJIKISTAN (20-24 avril 2011)

Mercredi 20 avril 2011

10h00

Arrivée en provenance d'Almaty - Installation de la délégation à son hôtel

14h30

Réunion de cadrage avec l'Ambassadeur, le Premier conseiller et l'Attaché de défense

16H00

Visite du Centre ismaélien avec M. Munir Merali, Représentant de l'Aga Khan, puis « thé de travail » (présentation des actions de l'AKDN ; entretien sur la situation politique et économique du pays)

19h00

Dîner-buffet à la Résidence de France. Rencontre avec la communauté française et les principaux responsables francophones de la communauté internationale

Jeudi 21 avril 2011

09h00

Entretien avec M. Khamrokhon Zarifi, ministre des Affaires étrangères

10h00

Visite du Centre culturel Bactriane

11h00

Entretien avec M. Rakhmat Bobokolonov, ministre des Ressources en eau

14h15

Visite du Musée archéologique

16h00

Audience avec M. Oubaidoulaev, Président du Sénat

19h00

Réception offerte par le Président du Sénat

Vendredi 22 avril 2011

09h00

Audience avec M. Emomali Rakhmon, Président de la République

11h00

Visite du barrage et des installations hydroélectriques de Nurek, principal producteur d'énergie hydroélectrique du Tadjikistan

17h00

Réunion de travail avec l'ambassadeur Eduard Auer, chef de la délégation de l'Union européenne

18h00

Spectacle de danse au Théâtre Padida

19h00

Réception offerte par M. l'Ambassadeur (à la Résidence)

Samedi 23 avril 2011

08h30

Vol vers la ville de Khorog (région du Pamir)

10h15

Visite du marché frontalier de Khorog (sur la frontière avec l'Afghanistan)

11h10

Déplacement vers le village de Tang, puis visite de la station hydroélectrique Pamir 1

13h00

Retour à Khorog, puis déjeuner à l'Hôtel Serena Inn (chaîne hôtelière sous contrôle de l' Aga Khan Development Network )

14h30

Visite de l'Hôpital général de Khorog (AKDN) et rencontre avec les responsables du Programme de santé (Aga Khan Health Services)

15h30

Visite de l'Université d'Asie centrale (programme AKDN) et de son centre de formation professionnelle permanente

16h30

Survol du site de la station hydroélectrique Sanobod

17h45

Retour à Douchanbé

Dimanche 24 avril 2011

10h00

Visite du détachement aérien DETAIR

12h30

Déjeuner offert par le commandant du DETAIR

18h30

Réunion de synthèse avec l'Ambassadeur

Retour en France de la délégation dans la nuit du dimanche au lundi

Durant tout son séjour au Tadjikistan, la délégation sénatoriale a été accompagnée par l'Ambassadeur de France, S. Exc. M. Henry Zipper de Fabiani.

I. KIRGHIZISTAN, DE LA ROUTE DE LA SOIE AUX CHEMINS DE LA DÉMOCRATIE... ..

Le Kirghizistan -ou République Kirghize- est par ordre de taille décroissante le quatrième des cinq pays d'Asie centrale issus de l'effondrement du système soviétique, avec une superficie de moins de 200 000 km² et une population de 5,4 millions d'habitants, répartis sur un territoire presque totalement montagneux, délimité par une frontière assez tortueuse et entièrement enclavé entre la Chine (à l'est et au sud-est), le Kazakhstan (au nord), l'Ouzbékistan (à l'ouest) et le Tadjikistan (au sud-ouest). Jouissant d'une pluviométrie et d'une hygrométrie favorables, les montagnes kirghizes forment jusqu'à une certaine altitude un paysage alpestre qui vaut au pays le surnom de « petite Suisse d'Asie centrale ».

Comme les autres États de cette région, le Kirghizistan a connu une histoire assez mouvementée, marquée par des mouvements complexes de populations diverses -le pays compte encore officiellement 25 ethnies distinctes- et différentes périodes de domination étrangère.

C'était aussi une des étapes importantes de la Route de la soie, circuit commercial entre l'Extrême Orient et la Turquie puis l'Europe, emprunté pendant plus de dix siècles par des caravanes selon des tracés fluctuants. Un de ces axes caravaniers traversait le territoire de l'actuel Kirghizistan : quittant la ville commerciale chinoise de Kashgar (à l'extrémité de l'actuelle province du Xinxiang), les marchands empruntaient le Col de Torugart (3 750 m d'altitude), faisaient étape dans les caravansérails des grandes cités kirghizes (Och, Uzgen, etc...), d'où ils poursuivaient leur cheminement via la vallée de la Fergana, en direction des villes ouzbèkes (comme Samarkand ou Boukhara).

La tribu éponyme des Kirghizes (peuple nomade turcophone originaire du nord-est de la Mongolie) se serait établie au Kirghizistan aux XVème et XVIème siècles, avant de tomber au début du XIXème siècle sous le contrôle du Khanat de Kokand, puis de l'empire russe en 1876, beaucoup d'habitants ayant alors émigré vers l'Afghanistan ou la Chine. En 1918, un soviet fut fondé dans la région. L'oblast autonome de Kara-Kirghiz, créé en 1924, devint en 1926 la « République socialiste soviétique autonome de Kirghizie », partie intégrante de l'URSS.

A l'effondrement de l'URSS, le Kirghizistan proclama le 31 août 1991 une indépendance qu'il n'avait pas réellement souhaitée ni demandée, puis adhéra à la Communauté des États indépendants (CEI) à la fin de la même année.

LE KIRGHIZISTAN EN QUELQUES REPÈRES

- Avril 2011 -

(source : ministère des Affaires étrangères et européennes)

Nom officiel : République Kirghize

(Kirghizistan et Kirghizie sont des appellations usuelles)

Président de la République : Mme Rosa Otounbaeva

Données géographiques

Superficie : 199 900 km 2

Capitale : Bichkek

Villes principales : Och, Djalal-Abad

Langues officielles : kirghize (langue d'État) et russe (langue officielle)

Langue courante : ouzbek (13,6 % de la population)

Monnaie : Som

Fête nationale : 31 août (Jour de l'Indépendance)

Données démographiques

Population : 5,431 millions (estimation 2009)

Densité : 25,6 habitants/km²

Croissance démographique : 1,4 % (estimation 2009)

Espérance de vie : 69,4 ans

Taux d'alphabétisation (1999) : 98,7 %

Religions : Islam sunnite (75 %), orthodoxie (20 %), protestantisme

Indice de développement humain :120 ème sur 182 (classement ONU 2009)

Données économiques

PIB (2010) : 3,3 milliards d'euros

PIB par habitant (2009) : 860 dollars

Taux de croissance (2009) : 2,3 %

Taux d'inflation (2010) : 19,2 %

Solde budgétaire (2009) : 1,5 % PIB

Balance commerciale (2009) : - 1,6 milliards de dollars

Principaux clients (2009) : Suisse (23,1 %), France (15 ,1 %), Russie (14,8 %)

Principaux fournisseurs (2009) : Russie (36,7 %), Chine (16,5 %), Kazakhstan (9,3 %)

Part des principaux secteurs d'activité dans le PIB (est. 2008) :

- agriculture : 30 %

- industrie : 20 %

- services : 50 %

Exportations de la France vers le Kirghizistan (2009): 12,6 millions d'euros

Importations françaises depuis le Kirghizistan (2009) : 16,8 millions d'euros

Communauté française en République Kirghize : 30 personnes

Communauté kirghize en France : 111 personnes

A. UN CHOIX ATYPIQUE EN ASIE CENTRALE : LE SYSTÈME PARLEMENTAIRE

A la différence des autres pays d'Asie centrale , manifestement plus portés vers des systèmes à présidence forte (voire autoritaire), le Kirghizistan, à peine cinq ans après son accès à l'indépendance, a fait le choix atypique d'un système de type parlementaire , qui lui vaut du reste aujourd'hui des épisodes d'instabilité assez comparables à ceux qu'ont connus (ou que connaissent encore) d'autres régimes parlementaires occidentaux. Dès son arrivée à Bichkek, la délégation sénatoriale a pu en prendre la mesure de manière anecdotique, en apprenant qu'au même moment, de vives tensions menaçaient la cohésion de la majorité gouvernementale et conduisaient à devoir ajourner certains entretiens.

1. Une vie politique assez mouvementée depuis 20 ans

Quoi qu'il en soit, après avoir été porté au pouvoir en octobre 1991, l'ex-Président du Soviet suprême kirghize, M. Askar Akaev, Président de la nouvelle république indépendante, a délibérément opté pour une orientation libérale, tant du point de vue économique que politique. En dépit d'un certain durcissement de la pratique présidentielle à la fin des années 1990, le Kirghizistan s'est alors forgé la réputation flatteuse d'être le « meilleur élève d'Asie centrale » en matière de démocratisation et des droits de l'Homme.

Cette émergence d'une société civile vivace, la tenue régulière d'élections et -sans doute- une relative inexpérience des procédures de la démocratie représentative ont d'ailleurs amplifié les mouvements d'alternance, avec successivement le déclenchement en mars 2005 d'une « Révolution des Tulipes » en réaction à l'attitude du Président Akaev, la mise en place d'un gouvernement intérimaire comprenant des personnalités de l'opposition et dirigé par un ancien Premier ministre, M. Kourmanbek Bakiev, l'élection de ce dernier comme Président en novembre 2005, le lancement d'un processus de révision constitutionnelle s'échelonnant entre novembre 2006 et 2007 (courte période qui verra se succéder trois Constitutions différentes et cinq Premiers ministres...) et l'organisation d'élections législatives anticipées en décembre 2007, où 12 partis se sont disputé les 90 sièges du Parlement (nombre porté à 120 sièges en 2010).

Malgré une réelle pluralité de choix, ces élections semblent avoir fait l'objet de manipulations massives, dénoncées par l'OSCE. A l'issue du scrutin, le Parti du Président Bakiev « Ak-jol » a ainsi affiché une très large avance (71 sièges sur 90), prenant de court une opposition divisée et incapable de proposer une véritable alternative.

Réélu à la tête de l'État en juillet 2009, le Président Bakiev a, comme son prédécesseur, adopté une attitude plus autoritaire, doublée de pratiques népotistes très mal perçues par l'opinion publique kirghize (notamment la nomination du fils du Président, M. Maxim Bakiev, à la tête de l'Agence centrale pour le Développement, les Investissements et l'Innovation).

La dégradation progressive du climat socio-économique, le mécontentement de la population face aux dérives du régime et l'arrestation des principaux responsables de l'opposition ont provoqué de brutales émeutes les 6 et 7 avril 2010, ayant fait 84 morts et 1 600 blessés et entraîné la chute du Gouvernement, la démission du Président Bakiev et sa fuite à l'étranger. L'opposition a formé un Gouvernement provisoire, sous la direction de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Mme Rosa Otounbaeva, que les électeurs confirmeront deux mois plus tard comme nouvelle Présidente par intérim (jusqu'en décembre 2011, mais sans possibilité de se présenter à la prochaine présidentielle).

Une feuille de route électorale a été annoncée : la tenue d'un référendum constitutionnel le 27 juin 2010, de nouvelles élections législatives le 10 octobre, enfin une élection présidentielle en octobre 2011.

Les grandes lignes de la nouvelles Constitution kirghize (*)

Selon la nouvelle Constitution, le Président de la république fixe les orientations de la politique du pays et conserve une autorité directe sur les différentes forces armées (Défense, Sécurité nationale, Intérieur) et le ministère des Affaires étrangères. Il a le pouvoir de renvoyer le Gouvernement mais ne joue plus aucun rôle dans la désignation du Premier ministre, choisi par le parti ou par la coalition majoritaire au sein du Parlement monocaméral. Le Président peut être destitué par les députés pour haute trahison mais désormais, cette procédure requiert l'accord du Procureur général et de la Cour constitutionnelle.

Le Parlement est élu intégralement au scrutin de liste (la constitution antérieure limitait la proportionnelle à seulement la moitié des sièges), les députés devant obligatoirement être affiliés à un parti politique et perdant leur siège en cas de désaccord ou de rupture avec leur formation d'origine. Le Parlement ne peut plus modifier seul la Constitution, un référendum étant désormais indispensable pour amender la loi fondamentale ; il n'a plus le pouvoir d'interprétation de la Constitution, transféré à la Cour constitutionnelle. La représentation nationale exerce également quelques attributions nouvelles, comme l'élection du gouverneur de la Banque centrale et des auditeurs de la Cour des Comptes.

Enfin, la nouvelle Constitution prévoit une réorganisation des collectivités locales dans le sens d'une plus grande autonomie budgétaire et décisionnelle.

* Etablies d'après une traduction non officielle, ces données doivent être prises avec les précautions d'usage

Un forum d'expression politique original :

le KOUROULTAÏ, ou Assemblée des Peuples du Kirghizistan

Le Parlement du Kirghizistan est actuellement monocaméral, mais il a comporté deux chambres jusqu'en 2005 (la seconde chambre, ou Assemblée des représentants du Peuple du Kirghizistan , a été supprimée par la révision constitutionnelle de 2003). Les institutions kirghizes comportent cependant un organe de représentation original -le Kouroultaï , ou Assemblée des Peuples du Kirghizistan - qui, s'il ne constitue pas une assemblée parlementaire proprement dite, en rappelle certains traits et offre un espace d'expression politique aux différentes composantes de la société kirghize.

L'ex seconde chambre du Parlement, supprimée en 2005 (pour mémoire)

Ses 45 membres élus pouvaient présenter des propositions de loi en matière budgétaire et d'organisation territoriale et administrative, mais ne disposaient pas du droit d'amendement. La seconde chambre participait à l'exercice du pouvoir législatif, les lois devant être adoptées par les deux assemblées ; toutefois, en cas de rejet par la seconde chambre, l'Assemblée législative pouvait surmonter son opposition en seconde lecture, à une majorité qualifiée (variable selon le sujet). Dans le domaine constitutionnel, elle disposait d'un droit d'initiative, soumis à l'accord de l'Assemblée législative à la majorité des deux tiers.

La seconde chambre disposait en outre de pouvoirs de contrôle (elle pouvait adopter une motion de censure à l'encontre du Premier ministre) et participait à la nomination d'un certain nombre de membres d'autres hautes institutions (Cour des Comptes, Procureur général, etc...).

Parmi ses autres attributions, la seconde chambre était compétente pour interpréter officiellement la Constitution et les lois adoptées, pour modifier les frontières de la République Kirghize et pour régler l'organisation territoriale et administrative du pays.

L'Assemblée des Peuples du Kirghizistan ( Kouroultaï )

Le Kouroultaï n'est pas une assemblée permanente. Il permet de réunir en grand nombre (plusieurs centaines) des délégués de la société kirghize dans toute sa diversité -notamment ethnique- issus des régions, des organes de l'autonomie locale et des minorités nationales (Russes, Ouzbeks, Ukrainiens...).

Dans une totale liberté d'expression, les délégués peuvent évoquer les sujets les plus divers et faire remonter les doléances de la société civile vers les organes de l'État, qui suivent leurs travaux avec attention. Les délégués au Kouroultaï tiennent des séances de travail préparatoires avec les députés du Jogorkou Kenech.

La 7ème réunion du Kouroultaï s'est tenue à Bichkek les 17 et 18 juin 2011, rassemblant plus de 800 délégués, en présence de la Chef de l'État, du Premier ministre, du Président du Parlement et de nombreuses personnalités politiques.

Lors de cette réunion, le Président du Parlement a regretté que le Kouroultaï n'ait pas été convoqué en 2010 au moment des troubles interethniques ; de manière assez symptomatique, il a même estimé souhaitable de réfléchir aux moyens de transformer le Kouroultaï en organe consultatif proprement dit.

En dépit des incertitudes qui pesaient sur le déroulement du référendum constitutionnel du 27 juin, le Gouvernement provisoire a réussi à assurer l'ouverture de tous les bureaux de vote et à organiser le vote des personnes déplacées. Il en ressort un régime semi-parlementaire dont il est encore trop tôt pour juger les résultats.

Quant aux élections législatives du 10 octobre 2010, bien que saluées par la communauté internationale et l'OSCE pour leur pluralisme et leur respect des standards démocratiques, elles ont souffert de l'émiettement de l'électorat, accentué par le mode de scrutin.

Ainsi, sur les 32 partis enregistrés au Kirghizistan, seulement cinq formations ont franchi le double seuil d'obtention de siège (5 % des suffrages exprimés sur l'ensemble du territoire et 0,5 % dans chacune des neuf circonscriptions que compte le pays), soit :

COALITION MAJORITAIRE

OPPOSITION

ATA JURT (M. Tachiev), parti nationaliste proche de l'ancien Président Bakiev, 28 sièges (mais seulement 8,5 % des votes)

SDPK (Parti social démocrate de M. Atambaiev), 26 sièges

RESPUBLICA (M. Babanov), 23 sièges

AR NAMYS (M. Koulov), 25 sièges

ATA MEKEN (M. Tekebaiev), 18 sièges

Soit au total120 députés, dont 23 % de femmes

Dans un tel contexte, il faudra attendre le scrutin présidentiel de décembre 2011 pour voir dans quel sens peuvent encore évoluer les institutions kirghizes ; mais au-delà des incertitudes et des interrogations de beaucoup d'observateurs occidentaux, une évidence s'impose dès à présent : en ayant opté résolument pour un système de type parlementaire -avec les avantages mais aussi, le cas échéant, les inconvénients qu'il comporte- le Kirghizistan a fait un choix difficile, certes, mais qui force l'admiration 2 ( * ) .

En tout état de cause, ce choix justifie que des pays comme la France -expérimentés de longue date dans les procédures démocratiques- et que l'Union européenne 3 ( * ) ou des organisations internationales comme le Conseil de l'Europe soutiennent sa démarche, notamment à travers des actions de coopération dans le domaine des droits de l'Homme et du renforcement des institutions démocratiques 4 ( * ) .

2. Un projet de coopération interparlementaire avec l'assemblée kirghize

Les relations bilatérales franco-kirghizes sont excellentes. Notre pays a ainsi a établi des relations diplomatiques avec le Kirghizistan dès février 1992 et a ouvert à Bichkek en 2004 une antenne diplomatique, transformée en ambassade de plein exercice en décembre 2009 5 ( * ) . A ce jour, la France et l'Allemagne sont les deux seuls États de l'Union européenne à disposer d'une ambassade à Bichkek.

Réciproquement, le Kirghizistan n'a pas encore d'ambassadeur résident en France, sa représentation étant assurée par l'ambassadeur en poste à Bruxelles, S. Exc. M. Jyrgalbek Azylov, également délégué auprès de l'UNESCO 6 ( * ) .

Mais rien n'interdit d'envisager, dans un avenir proche, que le Kirghizistan puisse lui-aussi installer un représentant à Paris, selon une formule restant à déterminer ; cette question a d'ailleurs été abordée à plusieurs reprises, lors des entretiens entre la délégation sénatoriale et les autorités kirghizes ( cf. infra le compte rendu de l'audience de la Présidente de la République, Mme Rosa Otounbaeva) 7 ( * ) .

Quoi qu'il en soit, ce climat de bonne coopération au niveau des gouvernements pourrait trouver son corollaire, au plan parlementaire, dans un programme de coopération interparlementaire entre le Sénat et l'assemblée kirghize (désignée « Jogorkou Kenech » selon la terminologie officielle kirghize). Ainsi qu'il a été indiqué dans l'introduction du présent rapport, ce projet a été évoqué le 2 mars dernier au cours de l'entretien entre la Présidente Kirghize, Mme Rosa Otounbaeva, et le Président Gérard Larcher, qui a demandé au groupe d'amitié d'en envisager les modalités en coordination avec les services du Sénat.

Dans cette perspective, le groupe d'amitié a élaboré un avant-projet -au demeurant assez classique- d'accord de coopération technique interparlementaire entre le Sénat et le Jogorkou Kenech ; ce projet prévoit différentes actions telles que des échanges mutuels destinées à enrichir, à approfondir et à perfectionner l'exercice du mandat des parlementaires et l'accomplissement des fonctions de leurs différents collaborateurs, autour de thèmes et de domaines d'intérêt commun pouvant porter, notamment, sur l'activité et la procédure législative, le contrôle parlementaire, l'action protocolaire, la documentation parlementaire et toutes les disciplines de la science administrative intéressant le fonctionnement des assemblées parlementaires.


* 2 Au-delà du cas kirghize, ce choix a une véritable valeur exemplaire pour toute l'Asie centrale et, dans une certaine mesure, pour tous les autres pays issus de l'ex-URSS. Ainsi, pour reprendre l'analyse de Mme Dinara Nyazalieva, députée du groupe parlementaire SDPK lors de la rencontre organisée au Parlement avec la délégation sénatoriale le 18 avril, « au Kirghizistan, le parlementarisme est encore une idée neuve -pour ne pas dire révolutionnaire- même au niveau des élites [...] De l'intérieur ou de l'extérieur, certains doivent miser sur un échec de l'expérience politique kirghize pour tenter d'accréditer l'idée que le parlementarisme ne conviendra jamais aux Républiques de l'ex-URSS ».

* 3 Dans sa Résolution du 20 février 2008 sur une stratégie européenne en Asie centrale (2007/2102), le Parlement européen « considère qu'il ne faut négliger aucun effort pour consolider et soutenir les institutions démocratiques fragiles du Kirghizstan ; estime que ce pays est susceptible de devenir un exemple pour tous les autres États d'Asie centrale dans les domaines de la démocratie, des droits de l'homme et de l'État de droit ; invite le Conseil et la Commission à intensifier l'aide à ce pays afin de contribuer à lui permettre d'entreprendre et de mettre en oeuvre, avec succès, les réformes promises ; soutient vigoureusement les progrès accomplis par le Kirghizstan en matière de liberté de la presse et des médias [...] ».

* 4 De son côté, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, dans sa Résolution 1599 (2008) sur la situation dans les républiques d'Asie centrale, « se félicite du fait que le Kirghizistan coopère avec la Commission de Venise et encourage les autres États d'Asie centrale à s'engager dans une telle coopération [...] Elle se déclare prête à contribuer à nouer un dialogue politique avec l'Asie centrale au niveau parlementaire, visant au renforcement des principes et normes démocratiques ».

* 5 L'antenne de Bichkek dépendait de l'ambassade de France au Kazakhstan, alors installée à Almaty, à seulement trois heures de route du Kirghizistan. Cette formule n'était plus pratique depuis le transfert de l'ambassade d'Almaty vers la nouvelle capitale kazakhstanaise, Astana, située 1 000 km plus au nord. M. Thibaut Fourrière, premier ambassadeur de France résident au Kirghizstan, a pris ses fonctions en mai 2010.

* 6 M. Azylov a pris une part active à la préparation de la mission du groupe d'amitié et a accompagné la délégation sénatoriale lors de son séjour à Bichkek.

* 7 Ce dossier semble avoir progressé depuis le retour de la mission sénatoriale ; le ministre des Affaires étrangères kirghize aurait en effet donné en juin 2011 des instructions en vue de l'implantation à Paris d'une « agence consulaire » dotée d'un seul agent sous l'autorité de l'ambassade de Bruxelles. Bien que légère, cette structure aurait l'avantage d'officialiser une présence kirghize permanente en France, répondant bien aux attentes du groupe d'amitié.

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