C. MERCREDI 4 SEPTEMBRE

1. Visite du pays de la Sagouine ou l'Acadie théâtralisée

Il s'agit d'un village de pêcheurs reconstitué du début du XIX ème siècle autour du personnage de la Sagouine, héroïne du roman de 1971 d'Antonine Maillet, qui obtiendra le prix Goncourt pour « Pélagie-la-Charrette ». Cette femme, Acadienne colorée, fille et femme de pêcheurs devenue laveuse de planchers, incarne la classe populaire acadienne et raconte la vie de son peuple, à travers des histoires simples remplies d'humanité.

Ce personnage a été incarné pendant plusieurs années et popularisé par la comédienne Viola Léger qui a siégé au Sénat du Canada de 2001 à 2005.

Les guides, également comédiens et musiciens, ont rappelé aux délégués les grandes lignes de l'histoire acadienne en scène et en musique. Dépourvus d'instruments de musique après le Grand Dérangement, les Acadiens ont dû contourner l'interdiction de musique et de danse, par la fabrication d'instruments artisanaux afin de conserver leurs traditions.

2. Déjeuner de travail offert par M. Vincent Hommeril, consul de France à Moncton

Arrivés à Moncton, les délégués ont été accueillis par M. Vincent Hommeril, Consul général de France à Moncton. M. Raymond Théberge, Recteur et Vice-chancelier de l'Université de Moncton, également présent, a rappelé que l'Université fêtait son cinquantième anniversaire. Il a ajouté qu'elle est née de la volonté du peuple acadien d'assurer son avenir. Comme l'Acadie, l'Université de Moncton est moderne et ouverte sur le monde. Un pourcentage important d'étudiants provient de différents pays de la francophonie.

3. Séance d'information sur la mobilité étudiante et professionnelle, Consulat général de France, Moncton

L'accord signé entre la France et le Canada sur la mobilité des étudiants et jeunes travailleurs, lors de la visite officielle du Premier ministre français, M. Jean-Marc Ayrault, à Ottawa en mars dernier, fut le point de départ de cette séance d'information sur la mobilité étudiante et professionnelle des jeunes des deux côtés de l'Atlantique.

Cet accord vise à simplifier les procédures administratives pour les jeunes ressortissants français et canadiens souhaitant séjourner au Canada ou en France, et à élargir en nombre et en durée les possibilités de séjours. En vertu de ces nouvelles dispositions, la durée des séjours pourrait être portée à 24, voire 36 mois selon les cas, et continuera de bénéficier aux jeunes souhaitant se rendre au Canada ou en France pour y acquérir une expérience professionnelle, effectuer un stage, étudier ou séjourner à des fins culturelles et linguistiques.

Cet accord modernise l'accord bilatéral signé le 3 octobre 2003 qui a bénéficié, au cours des dix dernières années, à 20 000 Canadiens et 60 000 Français. Il sera applicable dès la ratification du texte. Près de 50 000 jeunes Français pourraient ainsi venir au Canada au cours des trois prochaines années.

a) Contexte historique de la mobilité étudiante et professorale

M. Maurice Basque, conseiller scientifique à l'Institut d'études acadiennes de l'Université de Moncton, a rappelé l'historique de la mobilité étudiante et professorale entre la France et l'Acadie.

Les premiers échanges remontent au XIX ème siècle grâce à des intellectuels comme François-Edmé Rameau de Saint-Père (1820-1899), historien et sociologue français. À la même époque, la traduction en français du poème épique Évangéline de Henry Longfellow, qui raconte le Grand Dérangement, a permis à un vaste auditoire français de découvrir l'histoire tragique de l'Acadie. L'intérêt pour l'Acadie prend une telle ampleur que Napoléon III finance avec sa cassette personnelle l'achat de livres en français pour les bibliothèques et les écoles des villages acadiens.

Dans les années 1920, l'historien français Émile Lauvrière - étudiant le poème de Longfellow - décide de consacrer sa carrière à l'étude de l'Acadie. En 1922, il publie La Tragédie d'un peuple histoire du peuple acadien de ses origines à nos jours. Il fonde avec le diplomate français Robert de Caix de Saint-Aymour, le Comité France-Acadie dont l'objectif était d'offrir des bourses aux Acadiens désireux d'effectuer leurs études en France et d'envoyer des ouvrages en langue française en Acadie.

En 1960, la Société historique acadienne est créée à Moncton. Outre la publication des Cahiers, publication semestrielle scientifique, la Société organisait des voyages à cette époque. En 1966, une quarantaine d'Acadiens accompagnés par des représentants des gouvernements provinciaux et fédéraux, ainsi que des représentants de la Louisiane se sont rendus à Belle-Ile-en-Mer pour célébrer le bicentenaire de la présence acadienne sur cette île. Les délégués ont été reçus par le gouvernement français et ont longuement échangé, lors d'un dîner avec des ministres français, sur les problèmes de l'Acadie. Ce fut le début d'une série de rencontres importantes. En 1968, une délégation de quatre notables acadiens a été reçue par le Général de Gaulle. À l'issue de cette rencontre, de Gaulle s'est engagé à créer des bourses d'études et des possibilités accrues d'échanges universitaires entre la France et l'Acadie.

C'est dans les années 1970 que sont signés les premiers accords de coopération de mobilité étudiante entre le Nouveau-Brunswick et le département de la Vienne dans la région Poitou-Charentes où se situe l'Université de Poitiers. Cette université est jumelée à l'Université de Moncton et possède un Institut d'Études acadiennes et québécoises. Il est intéressant de noter que deux étudiantes, une française et l'autre acadienne, furent les premières à inaugurer le système d'échanges tel que nous le connaissons actuellement.

b) La mobilité étudiante à l'Université de Moncton

L'Université de Moncton fait l'objet de vingt-et-une ententes spécifiques, dont plusieurs avec l'Université de Poitiers. D'ailleurs, une nouvelle chaire d'études sur le Canada a été créée au Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur (PRES) Limousin-Poitou-Charentes et le premier titulaire en est le professeur M. Joseph Yvon Thériault, originaire de Caraquet.

Par ailleurs, un nouveau programme intitulé Passeport international a été développé pour les étudiants de l'Université de Moncton. En participant à des ateliers, des conférences, des présentations, des activités de bénévolat, des séjours à l'international et à des projets d'intégration internationale, les étudiants peuvent obtenir un certificat de connaissances et de compétences dans le domaine de l'interculturel.

Enfin, l'Université de Moncton encourage également la mobilité professorale (projets de recherche, enseignement et direction de thèses).

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