M. Tommy REMENGESAU, Président de la République des Palaos

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Tout d'abord, je tiens à remercier la Présidente, Madame Catherine Procaccia pour l'organisation de ce colloque. Je suis également heureux que M. Vladimir Ryabinin, Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale, sous-directeur de l'UNESCO, soit présent. C'est un honneur et un privilège d'être ici, de rencontrer les membres du Sénat français, ainsi que des ambassadeurs du Pacifique et d'être ensemble, amis et enfants de l'Océan, tous autant que nous sommes.

Premièrement, j'apporte un message d'enthousiasme. Il y a un réel engouement au sein des îles du Pacifique, tous les regards sont tournés vers Paris qui accueillera la COP21. La communauté du Pacifique et le monde ont de grandes attentes quant au succès de cette conférence et à la manière dont nous traitons le sujet de l'impact des changements climatiques.

Je ne pense pas avoir besoin de consacrer de longs développements à ce qui se passe dans le Pacifique : le changement climatique a déjà eu des incidences importantes dans notre quotidien, nos économies, notre culture et notre mode de vie. C'est le cas avec le récent cyclone qui a causé de nombreux dégâts au Vanuatu et dans les États fédérés de Micronésie. Aux Palaos, nous avons subi, il y a deux ans, les typhons Bopha et Haiyan qui se sont succédé. Je pense que la plupart d'entre vous avez vu leurs ravages sur les Philippines. Mais vous n'avez rien lu sur les Palaos, alors que les mêmes cataclysmes nous ont frappés.

La vulnérabilité, la situation délicate des îles du Pacifique, nous rendent plus déterminés et attachés à travailler avec la communauté internationale afin de trouver des réponses au changement climatique. L'Union européenne, en particulier la France, a été moteur en matière de partenariat avec les îles du Pacifique et plus précisément avec les petits États insulaires du Pacifique pour combattre les effets du dérèglement climatique. Je remercie Madame Procaccia, les sénateurs ainsi que la France pour leur solide leadership . Grâce à leur soutien, des partenariats ont été établis en matière d'énergies renouvelables qui sont très importants pour le développement durable dans les îles du Pacifique.

Aujourd'hui, je voudrais évoquer une question importante sur laquelle nous pouvons tous nous entendre. Il s'agit de la nécessité de mettre l'océan au coeur des Objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies. Concrètement, la COP21 doit aborder les objectifs et les défis de l'océan, non seulement par rapport au mode de vie des peuples du Pacifique mais à l'échelle du monde entier.

Beaucoup de gens ne voient en nous que des petits États insulaires mais nous sommes aussi des États avec un immense océan qui les entoure. Il ne faut donc pas se concentrer seulement sur les petits territoires mais sur les grands océans et surtout sur ce qu'ils apportent, non seulement aux populations du Pacifique mais aussi à la communauté internationale, en termes de qualité de vie ou de ressources marines.

C'est la raison pour laquelle les petits États insulaires en développement sont intervenus de manière si forte dans les négociations et ont demandé aux scientifiques, politiciens, ONG et à tous les partenaires concernés de faire avancer les programmes de travail sur l'océan. J'entends souvent dire que nous devrions mieux gérer nos attentes pour la COP21. C'est en effet un vrai défi mais j'espère que nous pourrons réellement faire des progrès, fixer des objectifs réalistes et avoir des indicateurs de progression vers ces objectifs. Écrire sur le papier ces choses n'est pas suffisant, il faut s'assurer que ces buts sont réalisables et poursuivis dans les faits. Cela implique non seulement l'échelon national mais aussi les villes, les villages, les petits et les grands États de manière égale.

Madame la Présidente, mon dernier message aujourd'hui est qu'il est nécessaire de s'assurer que les questions relatives au changement climatique et à l'océan ne soient pas traitées séparément, ces sujets doivent être considérés ensemble. L'une des actions de résilience que nous menons dans le Pacifique est la promotion d'aires maritimes protégées. C'est pourquoi les mesures de conservation sont très importantes pour des pays comme les Palaos. Nous avons pris l'initiative de déclarer l'ensemble de notre zone économique exclusive, qui couvre 600 000 kilomètres carrés - à peu près la taille de la France -, « sanctuaire marin national ». Il n'y aura pas de pêche commerciale et nous allons nous concentrer sur l'écotourisme. 80 % de cette zone économique exclusive seront déclarés zone interdite aux prélèvements et les 20 % restants seront dédiés à la sécurité alimentaire de nos habitants et au développement de l'écotourisme.

Le développement durable ne peut fonctionner que lorsque les zones maritimes sont protégées, comme cela a été prouvé par le passé. Et il y a des retombées positives dans d'autres domaines dès lors qu'une certaine zone est protégée : la biodiversité et les ressources maritimes se régénèrent et cela rejaillit sur d'autres aspects comme les migrations halieutiques. De nombreux petits États insulaires en développement se sont fixé pour objectif de protéger de 10 % à 30 % de leur zone économique exclusive, selon les pays, et pour les Palaos, c'est d'emblée 80 %.

Je saisis cette opportunité pour vous remercier à nouveau des efforts et partenariats que nous entretenons, comme une réelle équipe, pour trouver des solutions au dérèglement climatique qui affecte le monde. Je vous remercie chaleureusement pour le leadership qu'assure la France et pour l'organisation du présent colloque qui nous permettra de traiter de ces sujets importants.

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