B. LE CHOC DE LA TRANSITION ÉCONOMIQUE : PARI GAGNÉ

1. Une politique courageuse pour une transition réussie

Si la transition économique de la Hongrie n'est pas totalement achevée, elle est en tout cas très avancée. Le pays a, à son actif, d'avoir engagé la modernisation de son économie avant les autres pays d'Europe centrale et orientale. À cette fin, il s'est appuyé tant sur des réformes structurelles courageuses - menées en dépit des alternances - que sur les capitaux étrangers, l'afflux de ces derniers n'étant d'ailleurs pas sans lien avec les politiques conduites.

Réforme budgétaire, refonte des systèmes des retraites (en 1997, avec la mise en place d'un système de capitalisation) et de l'assurance-maladie, ambitieux programme de privatisation quasiment mené à terme (( * )1) , libéralisation précoce des changes (mi-2001): les réformes structurelles ont été nombreuses.

En 1995, face à une dette publique extrêmement élevée (de l'ordre de 70 % du PIB) et à un déficit chronique de la balance des paiements, le gouvernement hongrois a mis en oeuvre un programme draconien de stabilisation macro-économique, aux effets récessifs inévitables mais qui a permis d'assainir la situation économique.

La Hongrie a ensuite bénéficié d'une croissance forte : 4,6 % en 1997, 4,9 % en 1998, 4,5 % en 1999, pour atteindre 5,2 % en 2000.

Parallèlement, la mise en place d'une réglementation des investissements très protectrice et d'une législation fiscale très attractive a contribué à l'afflux de capitaux étrangers. Les résultats sont probants et les chiffres parlants : la Hongrie est le principal bénéficiaire des investissements directs étrangers (IDE) dans les pays d'Europe centrale et orientale (PECO), avec 40 % du total (pour un stock cumulé de 25 milliards d'euros), au 3 ème rang cependant, derrière la Pologne et la République tchèque. Les flux d'investissements stagnent toutefois depuis cinq ans.

Ces investissements ont largement financé la restructuration industrielle, l'accroissement de la productivité et la modernisation du pays.

Cette restructuration est l'un des éléments fondamentaux du processus de transition.

2. Depuis 2001, une conjoncture cependant plus difficile

Une croissance encore soutenue, mais qui tend à s'infléchir

Depuis le taux de croissance record de l'an 2000, la croissance hongroise tendait à infléchir : sentant ce retournement, le gouvernement de M. ORBAN a lancé, en 2001, un plan de soutien à l'économie (le "plan Széchenyi"), avec en particulier :

- près de 400 milliards d'euros consacrés à la construction de logements et d'autoroutes ;

- des mesures de soutien de la demande intérieure grâce au quasi-doublement du salaire minimum et à la revalorisation des bas salaires du secteur public et des retraites.

Dans ces conditions, le taux de croissance a atteint 5 % en 2001.

Le gouvernement de M. MEDGYESSY a adopté des mesures elles aussi de nature à soutenir la demande intérieure : taux des pensions et des allocations familiales, salaires des agents publics, exemption d'impôt sur le revenu pour les bas salaires.

Le ralentissement conjoncturel international a fini par toucher aujourd'hui la Hongrie, dont la croissance était de 3,2 % en 2002, même si le gouvernement table sur un taux de croissance de 4 à 4,5 % pour 2003.

La Hongrie est, en effet, inévitablement touchée par la conjoncture morose de ses partenaires commerciaux de l'Union européenne, qui représentent 75 % de ses exportations.

Le déficit budgétaire constitue la principale préoccupation

Alors qu'il ne représentait que 3,5 % du PIB en 2001, le déficit budgétaire s'est très sensiblement aggravé, pour atteindre environ 9,7 % en 2002 . Il vrai qu'il s'agissait d'une année électorale ...

Pour le gouvernement hongrois, il convient cependant de distinguer un déficit structurel de 5,7 % - qu'il a pour ambition de ramener à 4,5 % en 2003 - et un déficit de 3,5 % lié à des opérations exceptionnelles (( * )1) .

Afin d'atteindre cet objectif, une politique temporaire de rigueur est envisagée, avec en particulier une réduction de 20 à 25 % des dépenses d'investissement par rapport à leur niveau de 2002.

Cet objectif ne risque-t-il pas cependant d'être difficilement compatible avec la nécessité de poursuivre des réformes structurelles coûteuses dans la perspective de l'adhésion ?

Une détérioration de la balance courante

Contrairement aux années précédentes, l'année 2002 a enregistré une détérioration de la balance courante sous l'effet conjugué de la dégradation de la balance commerciale et d'une relative désaffection des touristes étrangers.

Quelques pressions inflationnistes

Par ailleurs, les pressions inflationnistes restent fortes (+ 5,2 % en 2002), même si la baisse du taux d'inflation est spectaculaire depuis 1998, comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Évolution des principaux indicateurs macro-économiques :

 

1998

1999

2000

2001

2002

Taux de croissance (en % du PIB)

5

4,5

5,5

5

3,5

Taux d'inflation (en % du PIB)

14,5

10

9,8

7,8

5,2

Taux de chômage (en % de la population active)

9,5

7,5

6

5,5

5,8

Dette extérieure (en % du PIB)

46

23

24

22

53,1

Balance commerciale (en % du PIB)

-4,9

-4,5

-4,6

-4,8

-2,1

Stock d'IDE (en Mds euros)

18,5

20

22,5

25

-

Pour 2003, l'objectif de la Hongrie est de ne pas dépasser 4,5 à 5,5 %. Certains facteurs risquent cependant de le contrarier, qu'il s'agisse du bas niveau des taux d'intérêt - pourtant rendu nécessaire par la forte appréciation de la monnaie hongroise, le forint, qui pesait sur la compétitivité du pays -, du niveau toujours soutenu de la consommation ou de la hausse du cours du pétrole et, plus généralement, de l'énergie.

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