C. LE PROCESSUS DE PAIX ISRAÉLO-PALESTINIEN : ENTRE FORTES ATTENTES ET FRAGILES ESPOIRS

1. Le processus de paix dans une « impasse » ?

La délégation a pu entendre de fortes attentes de paix, tant de la part des Israéliens que des Palestiniens, exprimant une certaine lassitude, et parfois une forme de désespoir, face à un conflit dont on n'entrevoit pas encore l'issue. Toutefois, les tensions restent vives.

Ainsi, la problématique du « mur de sécurité » , dont le tracé s'étend sur 720 kilomètres autour de la Cisjordanie (dont 3 % sous la forme d'un mur, le reste sous forme de barbelés), cristallise les incompréhensions :

- pour Israël, cette barrière de séparation, mesure d'autodéfense qui a vocation à n'être que provisoire, a contribué  - de façon incontestable - à la diminution du nombre d'attentats-suicides et de victimes israéliennes d'attaques terroristes ;

- pour les Palestiniens, comme la délégation a pu l'entendre lors de sa visite à Bethléem, ce mur contribue à l'« asphyxie » économique des Territoires, en limitant la circulation des biens et des personnes.

Dans ce contexte, les rencontres entre le Premier ministre Ehoud Olmert et le Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas , depuis le cessez-le-feu du 26 novembre 2006 à Gaza, ne suscitent que de faibles espoirs chez les populations et ont abouti à peu d'avancées concrètes, ne permettant pas de fixer un « horizon politique » clair .

Toutefois, cette reprise d'un dialogue régulier est fondamentale, d'autant que des opportunités s'ouvrent en vue de relancer le processus de paix, lequel apparaît pour l'instant, selon le ministre israélien M. Meir Sheetrit 8 ( * ) , « dans une impasse » : la constitution d'un nouveau Gouvernement palestinien d'Union nationale et la relance de l'« initiative de paix arabe ». La communauté internationale aura, dans ce cadre, un rôle majeur en vue d'appuyer la relance d'une dynamique de paix.

2. La mise en place d'un Gouvernement d'Union nationale dans les Territoires palestiniens

La constitution d'un nouveau Gouvernement palestinien d'Union nationale , officiellement investi devant le Conseil législatif palestinien le 17 mars 2007, fait suite aux accords signés le 8 février dernier à la Mecque, entre le Fatah, représenté par le Président palestinien Mahmoud Abbas, et le Hamas, représenté par le chef de son bureau politique, Khaled Mechaal.

Cette annonce met un terme à plus de six mois de négociations et d'affrontements interpalestiniens entre les partisans des deux mouvements, ayant conduit à plus d'une centaine de victimes.

Il s'agit du premier Gouvernement réunissant des membres des différentes factions politiques. Le Hamas dispose de douze portefeuilles ministériels sur vingt-cinq - dont l'économie, la planification, l'éducation, la jeunesse, la justice, etc. - et son leader, Ismaël Haniyeh, est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre. Le Fatah se voit confier six ministères, dont le poste de vice-premier ministre, tandis que les autres portefeuilles, dont les stratégiques ministères des finances, des affaires étrangères et de l'intérieur, sont attribués à des indépendants ou à des membres de petites formations.

Les Palestiniens attendent de ce nouveau Gouvernement qu'il restaure l'unité du peuple et amène la communauté internationale à lever les sanctions financières pesant sur l'économie palestinienne.

Toutefois, les premières réactions sont partagées.

Israël a annoncé qu'il ne négociera pas avec ce nouveau Gouvernement d'union , dans la mesure où sa plateforme ne traduit pas plus qu'auparavant d'engagement à respecter les principes énoncés par le Quartet ; les États-Unis ont également subordonné la levée des sanctions et la reprise des contacts au respect de ces principes. Toutefois, le dialogue se poursuit avec le Président Abou Mazen et des membres du Fatah.

En revanche, la France, comme d'autres pays européens, a vu dans cette annonce un signe positif : le Premier ministre, M. Dominique de Villepin, a souhaité le rétablissement de l'aide directe au nouveau Gouvernement et la reprise des projets de coopération, « afin de recréer les conditions d'un véritable développement » ; de même, le ministre des affaires étrangères, M. Philippe Douste-Blazy a considéré, dans un télégramme adressé à son homologue, que l'investiture de ce Gouvernement était « de nature à ouvrir une page nouvelle dans les relations » avec la communauté internationale, mais que cette dernière se montrerait « très exigeante vis-à-vis des autorités palestiniennes pour lutter contre les groupes terroristes et faire cesser toutes les formes de violence contre Israël et ses citoyens » . A cet égard, la France a demandé à ce Gouvernement la libération sans délai du caporal Gilad Shalit , enlevé le 25 juin 2006 à Gaza, condition déterminante pour rétablir la confiance et engager une dynamique de paix .

Enfin, la reprise d'affrontements interpalestiniens violents à Gaza au cours du mois de mai 2007 et la reprise de tirs de roquettes Qassam par le Hamas sur les villes israéliennes viennent néanmoins fragiliser les bases de ce Gouvernement d'Union, pourtant considéré par certains, au moment de son annonce, comme celui de la « dernière chance ».

3. La relance de l'initiative de paix arabe

Le 28 mars 2007, les pays de la Ligue arabe, représentés au Sommet de Riyad, en Arabie Saoudite, ont approuvé à l'unanimité une résolution visant à relancer l'initiative de paix avec Israël adoptée en 2002 lors du Sommet de Beyrouth.

Intitulée « réactivation de l'initiative de paix arabe », cette résolution « réaffirme l'engagement des Arabes pour une paix juste et globale comme option stratégique » ; cette paix « n'est réalisable qu'à travers un retrait israélien total des territoires palestiniens et arabes occupés, jusqu'à la ligne du 4 juin 1967, ainsi que des territoires qui sont encore occupés au sud du Liban, pour aboutir à un règlement équitable du problème des réfugiés palestiniens conformément à la résolution générale de l'ONU n° 194 de l'année 1948 et au refus de la colonisation sous toutes ses formes, et (pour aboutir) à la création d'un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem-Est pour capitale. »

Lors de son entretien avec les membres de la délégation, M. Meir Sheetrit, ministre de la construction et du logement dans le Gouvernement de M. Ehoud Olmert, a souligné l'intérêt d'Israël à prêter attention à l'initiative de paix saoudienne. A cet égard, les récentes déclarations d'Ehoud Olmert et de Shimon Peres, se disant prêts à avoir des discussions de paix avec les pays arabes, vont dans ce sens.

Si, selon les Israéliens, cette initiative ne peut être acceptée en l'état , dans la mesure où elle pose le principe d'un « droit au retour » des réfugiés palestiniens, qui bouleverserait l'équilibre démographique d'Israël, elle ne saurait être totalement rejetée. En effet, elle présente une opportunité d'ouvrir un dialogue avec les pays arabes ayant un intérêt commun à une stabilisation de la situation dans la région, et l'influence nécessaire pour servir d'intermédiaires dans les négociations d'Israël avec ses voisins palestiniens.

* 8 Voir le compte rendu de l'entretien ci-contre, en partie III.

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