III. UN DIALOGUE RENOUÉ AVEC L'AUSTRALIE

La délégation a saisi l'opportunité d'une étape en Australie sur le chemin du retour, pour se rendre à Canberra et Sydney.

Cette étape est apparue fort pertinente car, dans le Pacifique Sud, l'Australie est, avec la Nouvelle-Zélande, la grande puissance régionale.

DONNÉES GÉNÉRALES SUR L'AUSTRALIE

Population

20,2 millions

Superficie

7.682.300 km²

Capitale

Canberra

Villes principales

Sydney, Melbourne

Langue(s) officielle(s)

anglais

Monnaie

Dollar australien

Fête nationale

26 janvier

Croissance démographique

1,2 %

Taux d'alphabétisation

100 %

Religion(s)

Catholicisme, anglicanisme, protestantisme

Espérance de vie

79 ans

Indice de développement humain

0,939

PIB (2004-2005)

709 milliards US dollars

(France 1.619,6 milliards US dollars en 2004)

PIB par habitant - PPA (2003)

27 818 US dollars

(France 26 345 US dollars en 2003)

Taux de croissance (2004-2005)

2,1 %

Taux de chômage (janvier 2005)

5,1 %

Taux d'inflation (2004-2005)

2,4 %

Solde budgétaire (2004-2005)

6,5 milliards d'euros (1,1 % du PIB)

Balance commerciale (2003)

déficitaire

Principaux clients

Japon, Union européenne, Chine, États-Unis

Principaux fournisseurs

Union européenne, ASEAN, États-Unis, Chine, Japon

Part des principaux secteurs d'activités dans le PIB

Agriculture 3,7 %, industrie 26,2 %, services 70,1 %

Exportations de la France vers l'Australie (2005)

2 440 millions d'euros hors matériel militaire

Importations françaises de l'Australie (2005)

1 400 millions d'euros

Consulat de France

Sydney

Communauté française en Australie

60.000 (17.000 immatriculés)

Communauté australienne en France

Environ 3.000

(source : Ministère des Affaires étrangères)

Carte de l'Australie

A. À CANBERRA

Capitale de l'Australie, siège des ministères et notamment celui des Affaires étrangères, Canberra est située à quelque 300 km de Sydney, distance que la délégation a parcourue par une ligne aérienne intérieure.

Canberra est une ville moderne et aérée, dotée de vastes bâtiments fonctionnels et flambant neufs.

Grâce à la forte mobilisation et la disponibilité de notre représentation diplomatique, des contacts très fructueux ont pu s'organiser dans un laps de temps très court.

Trois domaines ont particulièrement retenu l'attention de la délégation : la coopération dans le Pacifique, les relations interparlementaires et la francophonie.

1. La densification sans précédent de la coopération franco-australienne dans le Pacifique

Ce sujet a fait l'objet d'une table ronde organisée au Ministère des Affaires étrangères et présidée M. Graeme WILSON, Assistant secretary en charge du Pacifique.

Ce dernier a d'abord souligné l'excellence des relations entre la France et l'Australie . Les questions qui avaient freiné leur développement par le passé 20 ( * ) ne sont plus réellement d'actualité. La qualité de la coopération en matière de défense, avec l'acquisition de matériels et la signature d'un important accord de coopération en décembre 2006, a été fortement mise en avant.

M. Graeme WILSON, a ensuite souligné l'intérêt croissant de l'Australie pour la région et sa responsabilité particulière en faveur de la « stabilité » politique, économique et environnementale. Cela résulte, a-t-il précisé, tant des attentes vis-à-vis du plus grand pays de la région que des intérêts proprement australiens (les échanges commerciaux avec la région s'élèvent à 7 milliards AUD, soit 5 milliards d'euros).

Il a rappelé aussi que les défis de la région sont nombreux : économique (faible croissance), socio-démographique (accroissement de la population et sous-emploi), éloignement des principaux marchés, difficultés d'adaptation à la globalisation etc., auxquels s'ajoutent les problèmes de gouvernance et de corruption, et l'épidémie de SIDA en particulier en Papouasie-Nouvelle Guinée.

Il a insisté sur la grande diversité de cette région (Mélanésie, Micronésie, Polynésie). Les « entités » françaises, en particulier, y jouissent d'un niveau et d'une qualité de vie élevés. D'autres réussites sont également notables, telle l'accélération de la croissance dans certains pays (Vanuatu, PNG, Nauru, Salomon) et des progrès dans la gouvernance. La question est de savoir si ces progrès seront durables, et certaines aides (notamment celles liées à la rivalité Chine-Taïwan) pertinentes.

En ce qui concerne l'aide australienne , les différents intervenants ont précisé qu'elle se concentre essentiellement sur le développement économique et la gouvernance, soit environ 870 millions AUD par an (600 millions d'euros). Cette action a un caractère interministériel et s'inscrit dans une vision à long terme, même si des crises fréquentes exigent aussi des réactions immédiates.

Cette aide australienne s'inscrit dans un contexte plus large d'une coopération entre les pays de la région et les principaux pays « donateurs » que sont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon ou encore l'Union européenne.

S'agissant de la présence de la France, il semble qu'elle soit désormais perçue comme un facteur de stabilité. La coopération avec la France s'appuie sur la présence de forces françaises en Nouvelle-Calédonie. Elle porte sur de nombreux domaines comme l'aide en cas de catastrophes naturelles, la lutte contre la propagation du SIDA, la lutte contre la pêche illicite ou encore la surveillance des zones économiques exclusives.

Les participants australiens ont indiqué que la présence « constructive » de la France dans la région est particulièrement bienvenue , et sa contribution à la stabilité appréciée. Ils ont estimé que la coopération dans le Pacifique, déjà substantielle dans plusieurs domaines, doit se développer davantage.

M. Simon LOUECKHOTE, en sa qualité de Sénateur de Nouvelle-Calédonie, a rappelé que le fort développement des territoires français du Pacifique, très supérieur à celui de la région, venait d'efforts propres, mais aussi du soutien énergique de la France. Il a indiqué qu'un développement rapide peut avoir aussi des effets déstabilisants (afflux d'argent et inégalités, avenir des jeunes et survie des traditions) et qu'il est donc nécessaire de prévenir de tels effets négatifs, les défis de la globalisation exigeant une vision d'ensemble de la stabilité de la région. A cet égard, il s'est félicité du soutien australien à la Nouvelle-Calédonie en tant que membre associé au sein du Forum des Iles du Pacifique, et de l'excellence des relations militaires bilatérales.

M. Robert LAUFOAULU, Sénateur de Wallis-et-Futuna, s'est félicité de la qualité des entretiens et de l'importance de la délégation australienne (20 représentants, 8 départements ministériels).

D'un point de vue général, le rôle primordial du Forum du Pacifique au plan politique et celui de la Communauté du Pacifique Sud (CPS) au plan technique ont été soulignés : la partie australienne s'est même félicitée que le Forum organisé à Tonga réserve à la France un traitement privilégié ; elle n'a pas caché qu'un soutien français en faveur de la rationalisation des institutions serait apprécié dossier de « l'architecture régionale ».

En outre, cette réunion a permis d'aborder en détail de nombreux aspects techniques de la coopération franco-australienne tels que :

- l'action contre la criminalité transnationale : le représentant de la police fédérale australienne a exprimé le souhait que la France rejoigne le réseau que l'Australie s'efforce de constituer en Océanie ;

- les accords FRANZ afin que les prochaines réunions traitent surtout du renforcement des processus opérationnels ;

- la lutte contre le SIDA : la représentante d'AusAID a brossé un tableau des risques indiquant que le programme actuel qui doit se terminer en 2008 mériterait d'être prolongé, avec la participation de la France ;

- les récifs coralliens (CRISP) et la perspective d'un forum sur les zones côtières, les industries durables et la gouvernance ;

- la surveillance maritime : les intervenants ont noté que l'Australie qui assiste déjà 12 pays de la région en ce domaine (22 patrouilleurs offerts) s'apprête à étendre ce système à l'ensemble des pays du Forum et que la coopération quadrilatérale (France, Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis) progresse ;

- la prévention des tsunamis, car l'Australie souhaite installer une « bouée » dans les eaux de Nouvelle-Calédonie pour compléter le réseau d'alerte.

Il a été rappelé que de fréquents séismes frappent régulièrement la région (un séisme d'amplitude 7 sur l'échelle de Richter a ainsi frappé l'île Santo le lendemain du départ de la délégation). En 2007, sur l'archipel des Salomon, un violent tsunami a fait plusieurs dizaines de victimes, plus de cinq mille sans abri et rayé de la carte 13 villages.

M. Graeme WILSON et Mme Monique PAPON ont conclu la réunion, qui s'est prolongée en soirée à la résidence de l'Ambassadeur, en insistant sur l'importance du Pacifique Sud dans les relations bilatérales et le potentiel de développement de cette coopération.

L'ACCORD FRANZ, une coopération exemplaire

L'accord Franz a été signé le 22 décembre 1992 et engage ses signataires (France, Nouvelle-Zélande, Australie) à échanger leurs informations afin d'assurer le meilleur usage de leurs ressources pour les opérations de secours à la suite de cyclones et autres désastres naturels dans la région.

Il s'agit d'un accord à vocation opérationnelle aux procédures volontairement peu formelles.

Les différents partenaires impliqués par cet accord se réunissent régulièrement, notamment au niveau des techniciens, pour passer en revue les besoins en matériels et raffermir leur coopération bilatérale afin de répondre au mieux aux besoins exprimés par les pays de la zone Pacifique.

Un échange d'informations régulier est prévu dans le domaine météorologique , pour avertir de la formation et de l'arrivée des cyclones.

En Nouvelle-Zélande, c'est l'agence de coopération NZAID qui depuis 2004 est chargée du suivi et de la mise en oeuvre de l'accord Franz. Pour la Nouvelle-Calédonie, c'est la direction de la sécurité civile du Haut-Commissariat qui gère cet accord.

Afin de répondre aux besoins en matériels nécessaires pour venir en aide aux victimes de catastrophes naturelles, le Ministère des affaires étrangères verse annuellement une subvention du Fonds Pacifique (en général à hauteur de 30 000 euros). Ainsi, les stocks d'urgence sont remis à niveau tous les ans.

En plus des rencontres périodiques entre les partenaires, des exercices conjoints sont réalisés : le dernier s'est tenu à Canberra en 2003, le prochain doit avoir lieu les 30 et 31 août prochain en Nouvelle-Zélande.

En avril 2007, dans le cadre de cet accord, le Haut-Commissariat en Nouvelle-Calédonie a organisé deux missions aériennes d'aide d'urgence pour venir en aide aux victimes d'un tsunami aux îles Salomon. A cette occasion, une concertation a été menée avec les autorités australienne et néo-zélandaise et les missions effectuées en liaison avec l'Ambassadeur de France en Papouasie - Nouvelle-Guinée, compétent pour les îles Salomon, ont pu être réalisées grâce au soutien des forces armées en Nouvelle-Calédonie. L'intervention des forces armées a permis d'acheminer dans les zones sinistrées deux tonnes et demi de matériels et de vivres, dont un dispositif de traitement de l'eau, une tonne de riz, des bâches, couvertures et vêtements. Une seconde mission d'aide humanitaire a été dépêchée sur place afin d'acheminer une équipe médicale comprenant à la fois des militaires et des infirmiers civils.

* 20 Allusion aux essais nucléaires et à la situation en Nouvelle Calédonie.

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