2008-2009, UN TOURNANT DIFFICILE

I. UNE ÉCONOMIE FRAPPÉE DE PLEIN FOUET PAR LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE INTERNATIONALE

Dotée de faibles ressources naturelles en dehors de la sylviculture, mais située à un carrefour hanséatique important entre l'Ouest et l'Est, la Lettonie a longtemps usé de cet atout pour encourager le développement de son commerce et de son économie.

Au XXème siècle, l'occupation soviétique a déséquilibré les structures économiques lettones traditionnelles, en tentant d'y implanter des unités de productions industrielles répondant aux besoins de l'occupant, handicapées toutefois par l'absence de ressources énergétiques propres.

Après son accession à l'indépendance en 1991 et deux années d'une transition très difficile, la Lettonie a tourné la page de l'économie collectiviste et a renoué avec l'économie de marché , s'engageant dans un énergique mouvement de privatisations (la majorité des entreprises, banques et agences immobilières ont été privatisées), tout en s'efforçant de favoriser l'émergence de structures bancaires et financières modernes aptes à compenser son activité industrielle limitée.

La Lettonie a en outre officiellement rejoint l'Organisation mondiale du Commerce en février 1999, et s'est très vite attelée à mettre son économie en ordre pour pouvoir rejoindre l'Union européenne, dont elle est devenue membre en 2004 7 ( * ) .

A. LA BONNE SANTÉ DE L'ÉCONOMIE LETTONE JUSQU'EN 2007-2008

En à peine plus de treize ans, la Lettonie a surmonté les pesanteurs économiques héritées du système soviétique et a rejoint le peloton de tête des bons élèves de l'Union européenne : parti d'un PIB par habitant le plus bas de l'Union en 2004, le pays y affichait en 2006 la plus forte croissance (12,2 %). Entre 2005 et 2007, la Lettonie a connu une croissance exceptionnelle : 10,6 % en 2005 et 10,3 % en 2006, le déficit financier de l'Etat étant par ailleurs un des plus bas parmi les pays qui ont rejoint l'Union européenne en 2004.

Fin 2007, la Lettonie était l'un des seuls pays de l'Union -avec la Slovaquie- à bénéficier d'un taux de croissance réel à deux chiffres (soit 10,2 %), et il s'en est même fallu d'assez peu pour qu'en 2008, le pays se qualifie pour entrer dans l'euro : c'est uniquement son taux d'inflation -lui aussi à deux chiffres !- qui a momentanément différé cette échéance.

Mais en économie comme ailleurs, il n'y a pas loin entre le Capitole et la Roche Tarpéienne : pour beaucoup d'observateurs, les performances remarquables de la Lettonie comportaient aussi un risque de surchauffe, le taux d'inflation atteignant 17,5 % en avril 2008 et le déficit budgétaire tournant aux alentours de 25 % du PIB, soit le double de celui des deux autres Etats baltes.

Par ailleurs, la politique de maintien d'un taux de change élevé de la monnaie nationale -le Lat, au cours fixe de 0,702804 €, avec une marge de fluctuation extrêmement mince (+ ou - 1 %) a suscité en retour, à partir de février 2008, des attaques spéculatives successives.

* 7 En même temps que, notamment, ses deux voisines baltes, l'Estonie et la Lituanie.

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