II. UNE ÉCONOMIE QUI MALGRÉ LA CRISE CONSERVE DES ÉLÉMENTS RASSURANTS

Au début des années 90, alors que la Slovaquie prenait son indépendance, peu sont ceux qui auraient parié sur elle pour devenir un des pays les plus dynamiques d'Europe. En 1997 le Parlement européen, appelé à observer le comportement des potentiels candidats à l'adhésion à l'Union européenne, plaçait même la Slovaquie dans une position peu enviable notant tout juste une économie allant dans le bon sens.

Pourtant aujourd'hui lorsque l'on évoque la Slovaquie on vante ses succès et loue la façon dont le pays a su se construire une économie relativement forte et qui lui permet aujourd'hui de faire partie du club difficile d'accès des membres de la zone euro.

A. UNE POLITIQUE ÉCONOMIQUE PRUDENTE MAIS DÉTERMINÉE QUI A PAYÉ

Parmi les éléments les plus marquants de l'économie slovaque, on note en particulier que ce pays a su créer les conditions d'attrait des investisseurs étrangers et que sa politique économique du début des années 2000 lui a permis de connaître des années de croissance très fortes.

1 - DU DÉCOLLAGE DES ANNÉES 2000...

La compilation des chiffres de l'économie slovaque suffisent à eux seuls à démontrer l'incroyable dynamisme de l'économie slovaque durant la première décennie de ce siècle. Ainsi le PIB slovaque est passé, en prix constants de 31,1 milliards d'euros en 2000 à près de 51 milliards en 2008. En termes de croissance annuelle du PIB on est de ce fait passé de + 0,7 % en 2000 à + 10,3 % en 2007 -ce chiffre s'améliorant chaque année pour aboutir en 2008 à une croissance en 2008 très respectable de + 6,4 %.

Cette croissance s'est accompagnée d'une diminution forte du chômage passant en 2000 de 18,2 % de la population active selon les statistiques européennes eurostats à 9,5 % en 2008 même si ce chiffre reste relativement élevé. Il faut dans ce domaine considérer de très fortes disparités régionales avec une région de Bratislava et de ses alentours qui jusqu'en 2009 ne connaissait quasiment pas de chômage (1,7 % de taux de chômage pour Bratislava en 2008). Dans le même temps l'inflation a été relativement maîtrisée pour aboutir à un taux annuel d'inflation variant entre 2 % et 4 %. Les salaires nominaux moyens mensuels pour leur part ont progressé pour passer de 525 € en 2004 à 723 € en 2008.

En observant de plus près les indicateurs, on note que le commerce extérieur de la Slovaquie s'est considérablement développé avec des exportations qui sont passées de 26 milliards d'euros en 2003 à près de 50 milliards en 2008. Parallèlement le solde de la balance commerciale est resté en déficit mais stable autour de 700 millions d'euros.

Cette croissance record et le développement du commerce extérieur s'expliquent pour l'essentiel par l'importance que le secteur automobile et celui des téléviseurs ont pris dans l'industrie slovaque. En effet, plus des deux tiers des exportations proviennent des implantations industrielles des marques automobiles, d'électronique grand public et des produits d'acier.

La France en particulier grâce à l'implantation de l'usine PSA de Trnava est devenue un partenaire commercial privilégié de la Slovaquie . Ainsi, le développement de cette unité ultra performante du groupe PSA à fait passer de 2007 à 2008 la France de 7 e à 5 e partenaire commercial de la Slovaquie. De plus selon les années la France partage avec l'Allemagne l'honneur d'être le premier ou second investisseur en Slovaquie en matière d'IDE (Investissements Directs à l'Etranger).

En marge de la progression de son industrie qui reste assez concentrée, la Slovaquie a développé le secteur des services et plusieurs privatisations ont accompagné cette marche. Dans ces domaines encore de grands groupes français comme Orange, EDF ou la Société Générale ont su investir.

Cependant au-delà des données des bons indicateurs de la Slovaquie il faut préciser qu'on ne peut pas nier l'impact qu'à été celui des politiques fiscales et budgétaires menées par les derniers gouvernements slovaques. Ainsi la Slovaquie est un des rares pays européens à avoir fait le choix d'un impôt à taux unique flat tax à 19 % tant pour l'impôt sur les sociétés que pour l'impôt sur le revenu des personnes. Ce choix fiscal est souvent considéré comme un des éléments qui a participé à inciter les investisseurs à opter pour la Slovaquie.

Bien entendu il serait faux de laisser croire que ce paysage fiscal est lui seul à l'origine d'un miracle économique slovaque. L'environnement fiscal créé rencontrait le renfort d'une tradition industrielle slovaque, d'un savoir faire de sa main d'oeuvre, relativement bon marché, et d'un positionnement géographique stratégique fort intéressant offrant une fenêtre sur l'est avec l'Ukraine et au-delà la Fédération de Russie.

La combinaison de l'ensemble de ces éléments a permis à l'économie slovaque de devenir une économie dynamique dont la solidité doit se démontrer à l'aune des épreuves. Cependant il faut ajouter que ces années de forte croissance économique sont aussi le fruit des sacrifices et des choix parfois difficiles des citoyens slovaques qui ont accompagné les réformes budgétaires et la réduction des déficits de l'État, en particulier sous le dernier gouvernement. Cette politique de rigueur est en particulier celle qui a permis d'aboutir au passage à l'euro.

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