C. LA PRÉSIDENCE DE L'UNION EUROPÉENNE EN 2011

Après la présidence belge, la Hongrie doit présider, pour la première fois l'Union européenne le premier semestre 2011, avant de passer le relais à la Pologne au second semestre.

Dès leur prise de fonction, les nouvelles autorités hongroises ont maintenu le cap vers l'adhésion à la zone euro , gage d'une intégration européenne plus forte et plus profonde.

Toutefois, le gouvernement hongrois s'est associé à la démarche de 9 pays de l'Union européenne, pour l'essentiel d'Europe de l'Est 13 ( * ) , demandant la prise en compte du coût des réformes des régimes de retraite dans le calcul du budget et des déficits, au motif que si ces coûts étaient comptabilisés, cela aurait permis de réduire les déficits et l'endettement des pays qui ont entrepris de telles réformes Cette démarche reviendrait à revoir le pacte de stabilité . Ces pays estiment que leurs réformes du financement des retraites (création d'un pilier obligatoire par capitalisation) déforment défavorablement leur endettement alors même que ce sont des réformes salutaires. L'Allemagne a déjà exprimé ses réticences sur la démarche.

Par ailleurs, l'un des objectifs du nouveau gouvernement étant le rétablissement de la balance des paiements, selon le secrétaire d'État au Commerce Extérieur, M. Zsolt BECSEY, que votre délégation a rencontré, « il convient de rechercher des fournisseurs hongrois pour les entreprises hongroises afin de réduire la proportion des importations ». La Hongrie, qui manque d'entreprises compétitives capables d'investir en Europe, souffre de la trop forte présence d'entreprises européennes sur le marché hongrois , notamment suite aux privatisations qui ont principalement bénéficié aux entreprises des États de la « vieille Europe ». Ainsi, selon le Secrétaire d'État, « si la Hongrie n'a aucune hostilité de principe envers les investisseurs étrangers, elle n'est pas satisfaite du résultat des privatisations ».

C'est dans ce contexte qu'il convient donc d'apprécier les relations bilatérales franco-hongroises, altérées par le contentieux de Pest qui oppose cette municipalité et l'opérateur français Suez Environnement, brutalement évincé de la gestion des eaux, reprise en régie par la commune. Sur ce dossier, la Confédération du patronat hongrois a proposé à votre délégation d'exercer une médiation , même si la filiale de Suez n'est pas adhérente, afin d'apurer ce contentieux qui a fortement pesé sur le climat des entreprises françaises opérant dans ce pays.

Les priorités de la présidence hongroise , esquissées par le ministre des Affaires étrangères lors de sa conférence à Paris du 8 juillet dernier, ont été précisées à votre délégation par M. Lajos MILE, Vice-président de la Commission des Affaires européennes.

Il s'agit principalement :

- de l'harmonisation des politiques énergétiques,

- du renforcement de la coordination des politiques économiques,

- du prolongement du moratoire de l'acquisition des terres arables.

L'entretien avec M. Sándor FONT, Président de la Commission de l'Agriculture du Parlement hongrois, a permis d'approfondir ce point. Les 5 millions d'hectares de terres arables sont possédées à 20 % par l'État et à 80 % par des propriétaires privés. Plus de 200 000 unités de production sont louées en multipropriété par des entreprises, souvent non hongroises, qui gèrent des exploitations de 5 à 10 000 hectares. Un moratoire à l'acquisition de nouvelles terres a donc été décidé. Pour renforcer le secteur des exploitations familiales de taille moyenne, le nouveau gouvernement compte s'inspirer de la politique agricole française et notamment des SAFER.

Les autres priorités hongroises sont notamment :

? l'achèvement du processus d'élargissement de l'Union européenne pour la Croatie et l'ouverture des négociations à la Macédoine,

? l'organisation du 2 ème sommet du partenariat oriental,

? la stratégie du Danube,

? le renforcement de la diversité culturelle européenne.

Le nouveau ministre des Affaires étrangères est ainsi convaincu que la présidence hongroise sera stratégique et doit contribuer à « renforcer la solidarité et la cohésion sociale, économique et territoriale », nécessaire pour construire l'Europe de 2020 et pouvoir ainsi continuer à jouer un rôle dans le G20. A cet égard, il a estimé que les intérêts hongrois et européens coïncidaient. Il a ajouté à ces priorités « l'inclusion sociale des roms, qui est un défi européen ».

L'administration hongroise se prépare activement à assurer cette tâche difficile qu'est la présidence de l'Union européenne, particulièrement pour une « première ». De nombreux fonctionnaires hongrois détachés dans les institutions européennes devraient revenir travailler à Budapest lors de ce semestre et 800 fonctionnaires européens viendraient épauler les fonctionnaires hongrois, coordonnés par un commissaire gouvernemental francophone, M. Ferenc ROBAK.

Votre délégation a pu par ailleurs visiter le château de Gödöllö, récemment restauré (depuis 2003), dans lequel devrait se dérouler de nombreuses réunions et particulièrement les conseils des ministres et conseils européens.


* 13 La Lituanie, la Lettonie, la Bulgarie, la Suède, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la République tchèque.

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