PROGRAMME DE LA VISITE EN FRANCE D'UNE DÉLÉGATION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DE GAMBIE DU 24 AU 28 MAI 2011

Ø Mardi 24 mai 2011 :

- Entretien avec M. Abdou DIOUF, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, ancien Président de la République du Sénégal ;

- Entretien avec M. Patrick OLLIER, ministre chargé des relations avec le Parlement ;

- Dîner avec M. Jacques LEGENDRE, président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest, et M. Daniel MARSIN, président délégué du groupe d'amitié pour la Gambie ;

Ø Mercredi 25 mai 2011 :

- Visite du musée du Louvre ;

- Entretiens au Sénat avec les membres du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique de l'Ouest, puis visite du Sénat ;

- Rencontre avec la communauté gambienne installée en France ;

- Dîner officiel offert par le groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest ;

Ø Jeudi 26 mai 2011 :

- Entretien avec M. Michel FRANÇAIX, député et président du groupe d'amitié France-Gambie à l'Assemblée nationale, puis visite de l'Assemblée nationale ;

- Visite du château de Versailles ;

Ø Vendredi 27 mai 2011 :

- Déplacement à Bellac, commune de la Haute-Vienne jumelée avec le village gambien de Sifoe : visite de la ville, entretiens avec les membres du conseil municipal et M. Serge THÉVENOT, responsable de l'association EGALISE.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Le déplacement d'une délégation de sénateurs du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique de l'Ouest en Gambie, au début du mois de septembre 2010, a constitué une première dans l'histoire de nos relations politiques avec ce pays. Afin de prendre la mesure de la diversité culturelle et linguistique mais également des écarts de développement économique et des différents fonctionnements institutionnels dans cette région de l'Afrique de l'Ouest, le président du groupe d'amitié, M. Jacques Legendre, a souhaité que la délégation se déplace dans un pays anglophone, la Gambie, un pays francophone, le Sénégal, et, enfin, un pays lusophone, le Cap-Vert.

Cette mission a été l'occasion d'amorcer une coopération interparlementaire entre le Sénat français et l'Assemblée nationale de Gambie, État dont le parlement est monocaméral. La volonté de ce pays enclavé dans le Sénégal d'approfondir son intégration politique, économique et culturelle dans l'espace ouest-africain, très majoritairement francophone, doit être soutenue par la France dans le cadre d'une coopération renforcée, en particulier en matière d'enseignement du français. Dans cette logique, le souhait de la Gambie d'obtenir le statut de membre observateur de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et celui de son Assemblée nationale d'intégrer l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) doivent être salués.

La visite, en France, du ministre gambien des affaires étrangères, M. Mamadou Tangara, au mois de décembre 2010, puis l'accueil par le Sénat français d'une délégation de l'Assemblée nationale de Gambie au mois de mai 2011 sont l'illustration de la réciprocité des échanges entre nos deux pays.

Le Sénégal entretient, pour sa part, des relations anciennes avec la France et cette proximité s'exprime aussi bien dans les domaines économique et commercial que dans les secteurs culturel et linguistique. Compte tenu de la position du Sénégal comme acteur incontournable de l'intégration régionale ouest-africaine et de son rôle de premier plan dans la résolution des multiples crises que connaît la région, notre pays doit prendre soin de ne pas négliger ses relations avec ce partenaire historique.

Le Cap-Vert constitue un modèle de stabilité, de bonne gouvernance et de développement économique pour l'Afrique. L'intérêt constant de cet archipel pour une coopération fructueuse dans le sens d'un développement harmonieux aussi bien avec l'Union européenne et l'Afrique de l'Ouest qu'avec le monde lusophone doit être souligné. En particulier, la France et le Cap-Vert doivent avoir à coeur de conduire, dans un esprit d'ouverture, des politiques étrangères et de défense responsables acquises à la paix et à la sécurité internationales, en privilégiant la médiation dans la résolution de crises, le développement de l'intégration régionale, la professionnalisation des forces de sécurité civiles et militaires dans la région ouest-africaine et la promotion du développement durable. La coopération militaire entre nos deux pays ainsi qu'entre le Cap-Vert et l'Union européenne, mérite d'être approfondie afin de participer ensemble à la sécurisation de l'espace ouest-africain face aux problèmes posés par le narcotrafic et la criminalité organisée.

I. LA GAMBIE : UN PAYS EN QUÊTE DE RECONNAISSANCE SUR LA SCÈNE OUEST-AFRICAINE ET INTERNATIONALE

A. LA GAMBIE, UN PAYS ANGLOPHONE ENCLAVÉ DANS UN ESPACE OUEST-AFRICAIN TRÈS MAJORITAIREMENT FRANCOPHONE

1. Un territoire au carrefour de la côte ouest-africaine, qui a fait l'objet des convoitises de plusieurs puissances coloniales successives

Les premiers écrits évoquant le territoire de l'actuelle Gambie ont été établis par des commerçants arabes aux IX e et X e siècles : la Gambie était alors située au carrefour de la traite des Noirs et des commerces transsahariens de l'or et de l'ivoire. Au Moyen-Âge, la Gambie faisait partie de l'empire du Mali, berceau de la charte du Manden au coeur de la tradition orale mandingue.

La Gambie est passée, au cours de son histoire, sous le contrôle de pas moins de cinq colonisateurs successifs. Le Portugal, qui souhaitait asseoir son contrôle sur les voies maritimes de la traite des esclaves et des commerces de l'or et de l'ivoire, installa des comptoirs au XV e siècle le long du fleuve Gambie. Le Portugal vendit ses droits sur ces territoires au Royaume-Uni en 1588. De 1651 à 1661, une partie de la Gambie, l'île de Saint Andrews, constitua une colonie de la République des deux nations, polonaise et lituanienne, par le biais de son duché de Courland.

En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique acquit une série de terres autour du fleuve Gambie et les Britanniques s'établirent en Gambie lors de la « capture » du Sénégal en 1758. Les Français et les Anglais se disputèrent longuement le territoire. Le traité de Versailles de 1783 attribua la Gambie au Royaume-Uni, à l'exception de l'enclave d'Albreda (actuel North Bank), finalement rétrocédée en 1856. À la suite d'un accord franco-britannique sur ses frontières en 1889, la Gambie devint officiellement un protectorat britannique en 1894.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Gambie constituait une escale pour les vols de l'armée de l'air américaine et un port d'escale pour les convois des forces alliées. Fait anecdotique, le président américain Franklin Roosevelt fit escale, en 1943, à Banjul, capitale de la Gambie, avant de se rendre à la conférence de Casablanca, ce qui constitua les premiers pas d'un président américain en exercice sur le continent africain.

La Gambie acquit son indépendance le 18 février 1965, en tant que monarchie constitutionnelle dans le cadre du Commonwealth. Le 24 avril 1970, la République de Gambie fut proclamée, toujours au sein du Commonwealth, le Premier ministre Dawda Jawara exerçant désormais les fonctions de chef d'État.

Le 22 juillet 1994, le lieutenant Yahya Jammeh, à la tête du Conseil gouvernemental provisoire des forces armées ( Armed Forces Provisional Ruling Council - AFPRC), renversa par un coup d'État le président Dawda Jawara, au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1965. Sous la pression internationale, l'AFPRC annonça la mise en oeuvre d'un plan de transition en vue de l'installation d'un gouvernement civil démocratique. Une nouvelle Constitution fut ainsi adoptée en août 1996 et l'élection présidentielle de septembre 1996 confirma le maintien de M. Yahya Jammeh à la tête de la Gambie.

M. Jammeh conserva la présidence à l'issue des élections de 2001 et de 2006. Le parti présidentiel, Alliance for Patriotic Reorientation and Construction (APRC - Alliance pour la construction et la réorientation patriotiques), remporta une très large majorité à deux reprises, lors des élections législatives de 2002 et de 2007.

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