3. Une demande de français vigoureuse

Le président de l'Assemblée nationale et le chef de la majorité parlementaire ont insisté, auprès des représentants de la diplomatie française en Gambie, sur le « besoin de français » considérable des parlementaires gambiens, en soulignant que la Gambie était anglophone à la suite d'une « faute de l'histoire ».

La France a ainsi mis en place un projet dans le cadre du fonds de solidarité prioritaire (FSP) intitulé « Pour un ancrage francophone en Gambie », d'un montant de 800 000 euros, sur une période de trois ans, la convention de financement ayant été signée le 24 avril 2008. Les principaux partenaires gambiens impliqués dans ce projet sont le ministère gambien de l'éducation primaire et secondaire, les établissements scolaires et les écoles professionnelles du pays, l'université de Gambie, ainsi que les médias.

FICHE-RÉSUMÉ DU PROJET FSP
« Pour un ancrage francophone en Gambie »

1. La langue officielle de la Gambie est l'anglais. Cependant, le français y a une place importante, compte tenu de la situation géopolitique de ce pays, dont la quasi -totalité des échanges se fait avec les États voisins francophones, au premier rang desquels le Sénégal. Le relatif dynamisme de l'économie (4 % d'augmentation annuelle du PIB depuis une décennie), le développement des activités de service, du tourisme, des activités portuaires renforce l'usage du français dans les administrations comme dans le secteur privé.

2. Le bilinguisme anglais-français étant perçu comme facteur de développement économique, les autorités gambiennes en ont fait un objectif de leur politique d'éducation. C'est ainsi qu'en 2006, un décret a imposé le français comme discipline fondamentale de l'enseignement secondaire moyen et supérieur, du collège à la terminale. À l'université, de nombreuses filières souhaitent proposer à leurs étudiants des cours de français et développer une partie de leurs formations en français.

3. C'est dans ce contexte que s'inscrit le projet « Pour un ancrage francophone en Gambie ». Il répond à la demande de francophonie, en intervenant dans les trois secteurs clés que sont les établissements scolaires, les universités et la formation professionnelle continue des adultes. Il s'appuie sur l'alliance franco-gambienne qui sera son interlocuteur privilégié.

Il comprend trois composantes :

- la composante n° 1 : le français, langue de travail, a pour objectif d'améliorer quantitativement et qualitativement la formation des enseignants ainsi que les outils pédagogiques mis à leur disposition ;

- la composante n° 2 : le français, acteur du bilinguisme, a pour objectif de créer des filières bilingues dans des écoles pilotes et de renforcer la place du français à l'université, dans les médias, les administrations et les entreprises ;

- la composante n° 3 : le management et la communication du projet, sont une composante d'appui à la gestion administrative et financière du projet.

Source : Service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de Dakar - 2 septembre 2010.

Au 1 er septembre 2010, la consommation des crédits de ce projet FSP s'établissait à 301 210 euros. Les principaux résultats enregistrés à cette date sont les suivants :

- une augmentation de 100 % du nombre d'élèves-professeurs recrutés par le Gambia College en 2009-2010, par rapport à 2008-2009 ;

- des formations linguistiques complémentaires mises en place pour les élèves-professeurs nouvellement recrutés avec le Gambia College, l'alliance franco-gambienne de Banjul et l'alliance française de Kaolack ;

- la création d'une Association des professeurs de français en Gambie, partenaire du dispositif de formation continue, déclarée en septembre 2009 ;

- l'ouverture, à l'université de Gambie, d'un campus numérique de l'Agence universitaire de la Francophonie, cofinancé par le projet FSP ;

- la mise en place d'un centre de ressources pour le français sur la base d'objectifs spécifiques au sein du Centre for Africain and Global Languages , nouvelle structure de l'université de Gambie, qui aura la responsabilité de piloter les formations de français professionnel ;

- la mise en place d'un master de langue et littérature françaises en co-diplomation avec l'université de Limoges.

Toutefois, l'absence de chef pour la mise en oeuvre du projet « Pour un ancrage francophone en Gambie » pose de sérieuses difficultés car le chef de l'antenne diplomatique ne peut y consacrer qu'un temps limité, les professeurs gambiens manquent d'initiative et sollicitent régulièrement l'aide et l'intervention de l'antenne diplomatique.

La coopération franco-gambienne en matière d'enseignement du français en Gambie s'appuie en particulier sur :

- l'alliance franco-gambienne de Banjul, fondée en 1949. Vis-à-vis de l'État français, il s'agit d'une association à but non lucratif, relevant de la loi du 1 er juillet 1901, dont les statuts ont été approuvés par l'Alliance française de Paris le 16 décembre 1993. Pour les autorités gambiennes, il s'agit d'une organisation non gouvernementale. Son directeur est M. Pascal Rezzouk, chef d'établissement détaché de nationalité française et son actuel président a été élu en la personne de M. Mamadou Tangara, ministre gambien des affaires étrangères, à la suite du renouvellement du bureau en juin 2008. L'alliance dispose de 13 professeurs vacataires recrutés localement, tous gambiens, et 17 salariés administratifs. Le dynamisme de la demande de cours de français langue étrangère est significatif, puisque l'alliance a enregistré 1 026 inscriptions en 2009, contre 540 en 2007. Son budget s'est établi, en 2009, à 238 758 euros, dont 108 694 euros de subvention versée par le ministère des affaires étrangères français (45,52 %) ;

- l'école française de Banjul qui compte six classes primaires et dispensent des cours dans les classes supérieures via des répétiteurs en coopération avec le Centre national d'éducation à distance (CNED). Pour l'année scolaire 2010-2011, elle accueille 117 élèves en primaire et 29 élèves pour le second degré sous l'égide du CNED. Elle compte 23 % d'élèves français dans ses effectifs scolaires, et un nombre significatif d'élèves anglophones et arabophones, surtout dans les classes maternelles. L'augmentation de ses effectifs résulte essentiellement du « bouche à oreille », notamment en raison de l'attrait de l'apprentissage du français.

Une quinzaine de la Francophonie s'est tenue à Banjul du 4 au 19 mars 2011, avec la participation active de l'alliance franco-gambienne, qui a largement soutenu le développement d'un campus numérique francophone à l'université de Gambie.

Plusieurs défis majeurs se posent aujourd'hui à l'alliance franco-gambienne de Banjul. Le ministre gambien de la jeunesse et des sports, M. Sheriff Gomez, a annoncé un projet de délocalisation de l'alliance franco-gambienne afin de pouvoir agrandir le stade voisin et de créer un grand complexe sportif multi-fonctions à West-Serrekunda. Il a sollicité en ce sens l'antenne diplomatique française à Banjul, notamment sur le plan financier, tout en promettant des compensations et un nouveau terrain pour l'alliance.

La mairie de Kanifing, associée au projet, est censée présenter aux autorités diplomatiques françaises un nouvel emplacement où l'alliance franco-gambienne pourrait être réinstallée, étant entendu que le ministre souhaite que l'opération soit achevée dans les deux années à venir. Les autorités gambiennes souhaitent en particulier que la France participe, sur le plan financier, à la mise en place du futur complexe sportif, dans le cadre de la coopération et de l'aide au développement.

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