2. Les relations franco-gambiennes sont d'une importance capitale pour la stabilité de la région proche

Les relations franco-gambiennes ont été, jusqu'ici, traditionnellement peu intenses mais somme toute assez cordiales. La Gambie a eu pour habitude, en effet, de voir dans la France une alternative à sa relation avec l'ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, dont la présence dans ce pays se fait de plus en plus discrète. Dans cette logique, la Gambie a régulièrement soutenu, et sans contrepartie, des candidatures françaises au sein de différentes organisations internationales. Le Président de la République, M. Yahya Jammeh, demeure reconnaissant à la France d'avoir été le premier pays à l'avoir reçu en visite officielle quelques années après son arrivée au pouvoir par un coup d'État en 1994 et son élection subséquente aux élections présidentielles qui ont suivi.

Alors que la visite de la délégation du groupe sénatorial d'amitié France-Afrique de l'Ouest en septembre 2010 et celle en France du ministre des affaires étrangères, M. Mamadou Tangara, laissaient envisager un approfondissement des relations franco-gambiennes, un certain nombre d'éléments récents laissent redouter un léger refroidissement :

- l'entreprise Alcatel a perdu le marché de rénovation des installations de télécommunications de Gamtel, la société nationale de télécommunications ;

- la partie gambienne réitère son souhait de délocaliser l'alliance franco-gambienne de Banjul ;

- des problèmes dans le village gambien de Sifoe ont contraint l'association EGALISE à mettre un frein à sa coopération dans le cadre du jumelage entre Sifoe et la commune française de Bellac.

Au cours de sa visite à Paris à la fin du mois de mai 2011, la délégation de l'Assemblée nationale gambienne a souligné son souhait de voir la France s'impliquer davantage dans sa coopération avec la Gambie à de multiples niveaux :

- la Gambie entend compter sur le soutien de la France à ses candidatures au statut de membre observateur de l'OIF et de membre de l'APF. Ce soutien a été confirmé à la délégation par M. Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le Parlement, M. Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF et M. Jacques Legendre, secrétaire général parlementaire de l'APF. Afin que les candidatures gambiennes soient recevables, il est capital que les dossiers soient instruits dans les délais, et en particulier que l'Assemblée nationale puisse justifier de la présence en son sein d'un certain nombre de parlementaires francophones en vue de son adhésion à l'APF ;

- la Gambie appelle également la France à la soutenir dans sa candidature à l'obtention du poste de procureur de la Cour pénale internationale (CPI). En effet, à l'heure actuelle, la procureur-adjointe aux poursuites de la CPI est la Gambienne Fatou Bensouda, désignée à ce poste depuis le 8 septembre 2004 ;

- la Gambie souhaite, enfin, que la présence diplomatique de la France soit renforcée à Banjul, notamment via la création d'une mission diplomatique de plein droit ou, à tout le moins, d'un consulat général qui continuerait d'être rattaché à l'ambassade de France à Dakar. En effet, pour l'heure, la représentation diplomatique française est assurée par une antenne diplomatique à Banjul, gérée sur place par un chargé d'affaires, M. Jean-Marc Transon, dépendant directement de l'ambassade de France au Sénégal. Dans ces conditions, l'antenne française à Banjul n'est pas en mesure d'instruire les demandes de visas déposées par les Gambiens, qui doivent obligatoirement transiter par Dakar, ce qui alourdit considérablement la durée de la procédure ;

- la Gambie évoque également la possibilité de mettre en place de nouveaux jumelages entre des villes gambiennes et des municipalités françaises. À cet égard, le président délégué du groupe d'amitié pour la Gambie, le sénateur de la Guadeloupe Daniel Marsin, a émis le souhait que des jumelages triangulaires soient envisagés, en associant des communes françaises d'outre-mer, des communes de métropole et des villes gambiennes.

L'intérêt de la France pour le renforcement du respect des libertés publiques et des droits fondamentaux en Gambie ne doit pas être interprété par cette dernière comme un signe de défiance mais bien comme un souci de notre pays de l'accompagner sur la voie vertueuse d'une consolidation de l'État de droit. L'amélioration de la situation des droits de l'homme et la poursuite de la lutte active contre la corruption en Gambie participent, en effet, du renforcement de la stabilité d'une région aujourd'hui exposée à des menaces majeures, en particulier le développement du narcotrafic. La Gambie et le Sénégal doivent pouvoir s'imposer comme des exemples de pays démocratiques stables afin d'appuyer leurs efforts communs dans la lutte contre le narcotrafic, notamment en provenance de la Guinée-Bissau.

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