Groupe sénatorial d'amitié FRANCE-YEMEN

Déjeuner de travail relatif à la coopération franco-yéménite

27 février 2003

A l'initiative de son président, M. André Ferrand (UMP - Sénateur représentant les Français établis hors de France) et de S.E. M. Mohamed Ahmed Bassalamah, ambassadeur du Yémen à Paris, le groupe interparlementaire France-Yémen a organisé un déjeuner de travail rassemblant l'ensemble des acteurs, publics et privés, de la coopération franco-yéménite, en présence de Mme Danielle Bidard Reydet (CRC- Seine-Saint-Denis) et de MM. Louis de Broissia (UMP - Côte-d'Or), Ambroise Dupont (UMP - Calvados), Jean-Marc Pastor (Soc - Var), Michel Pelchat (UMP - Essonne), André Rouvière (Soc - Gard) et François Trucy (UMP - Var). Plus d'une trentaine de personnes ont participé à ce déjeuner de travail.

La réunion a profité de la présence de M. Jean Hannoyer, premier conseiller à l'Ambassade de France et de M. Alain Joly, conseiller de coopération et d'action culturelle, qui ont tout d'abord souligné le rôle qu'avait joué le groupe interparlementaire France-Yémen dans la décision d'inclure le Yémen dans la zone de solidarité prioritaire (ZSP) française. Le Yémen présente la particularité de respecter les critères d'éligibilité à la ZSP (extrême pauvreté du pays, éléments de stabilité dans une zone géostratégique très vulnérable et instable, acquis démocratiques en voie de consolidation) tout en étant un des pays les moins aidés au monde (7 à 8 dollars par an et par habitant).

La décision d'inclure le Yémen dans la ZSP devrait permettre de conforter un pays fragile qui a, ces dernières années, engagé un programme d'ajustement structurel sous l'égide du FMI et de la Banque Mondiale et qui mène aujourd'hui une lutte difficile contre le terrorisme. Le Yémen a déposé par ailleurs sa candidature pour entrer à l'OMC.

C'est tout naturellement sous l'angle de la réduction de la pauvreté et de la précarité que le premier projet axé sur le développement rural dans les zones d'élevage du Yémen a été conçu en concertation avec les autres donateurs bilatéraux et multilatéraux. L'inclusion dans la ZSP implique aussi que la France soit encore plus vigilante sur la poursuite des progrès amorcés par le Yémen en matière de démocratisation et de droits de l'homme. La mise en œuvre de cette décision reste en effet étroitement liée à l'évolution de la situation dans ces domaines, et l'entrée dans la ZSP doit être perçue à cet égard par les yéménites comme un geste d'encouragement à progresser.

La tenue à Paris, les 7 et 8 novembre 2002, de la IIIème Commission mixte de coopération franco-yéménite, la première depuis la récente inclusion de ce pays dans la ZSP, a permis d'orienter l'aide française pour les trois prochaines années vers la mise en oeuvre de nouveaux projets dans des domaines prioritaires : développement rural, développement social, patrimoine, santé, enseignement secondaire, professionnel et universitaire, jeunesse et sports, consolidation de l'état de droit. Les premiers projets portent sur la gestion de l'eau, à travers la mise en place de barrages en zone rurale ou l'élevage des ovins et des caprins, grâce à un soutien aux éleveurs les plus petits. Un partenariat entre la Cour des Comptes française et son homologue yéménite (COCA) est également en cours.

M. Hervé Bolot, directeur de cabinet de M. le ministre délégué à la coopération, a souligné en complément que la chance de la coopération franco-yéménite était d'être une coopération nouvelle, et que les moyens financiers avaient été calibrés pour permettre de bien démarrer celle-ci. Le Yémen constitue ainsi un des seuls pays à ne pas avoir vu la dotation financière qui lui était destinée baisser pour l'année 2003. Il a souligné trois aspects majeurs de cette coopération : elle doit premièrement se concentrer sur ce qui doit conforter les bases régaliennes de l'Etat ; elle doit deuxièmement s'appuyer sur des partenariats ; elle doit troisièmement amener à terme un passage de relais.

Après la présentation d'une zone de solidarité prioritaire en devenir, plusieurs participants, notamment M. Dominique Charnassé, de la DREE, ont fait part des obstacles qui empêchent la France de mobiliser toutes les ressources dont elle dispose pour aider le Yémen. Il en ainsi du contentieux commercial, dit des Moulins de la Mer rouge, vieux de plusieurs années, dont la résolution, annoncée par le Président de la République du Yémen, son excellence Ali Abdallah Saleh, en octobre 2000, est toujours différée. Ce contentieux empêche la signature de deux accords bilatéraux de rééchelonnement de dette et constitue un mauvais signal donné aux entreprises et aux investisseurs. M. Thierry de Geyer de l'Agence Française de Développement a annoncé que son agence n'était pas en mesure d'intervenir à court terme au Yémen. Les prêts aux Pays les moins avancés (PMA) n'étant pas autorisés, seul un financement par subventions devrait être envisagé, ces subventions faisant l'objet pour 2003 d'une enveloppe financière limitée et déjà réservée à des pays francophones prioritaires.

Parmi les autres obstacles, Mme Anne Lombard, de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, a cité la méconnaissance par les PME française des réalités et des risques yéménites ; M. Claude Loreau, conseiller du commerce extérieur, a regretté l'opacité du pays. L'industrie du tourisme est aujourd'hui par ailleurs mise à mal par les problèmes de sécurité. Tous les participants ont considéré qu'il était primordial que le Yémen communique davantage auprès des investisseurs. M. Antoine Esmenjaud, du MEDEF International, a fait part de son souhait qu'une délégation d'hommes d'affaires française vienne au Yémen lorsque les circonstances le permettront.

Les entreprises présentes au Yémen ont fait part de leur expérience. M. Geoffroy Thouvenin (Thales) a indiqué son activité se renforçait au Yémen qu'il s'agisse de matériels visant à la protection des côtes et des frontières yéménites ou d'émetteurs TV/radio permettant une couverture aérienne civilo-militaires par les autorités yéménites. M. Michel Boffety (Alcatel CIT) a indiqué que son activité au Yémen représentait 50 % du budget de la zone qu'il couvrait. M. Philippe Roy (Total) s'est dit quant à lui persuadé que l'exploitation du gaz naturel liquéfié yéménite offrirait à terme des débouchés. Il a expliqué que Total était encore à la recherche d'acheteurs pour lancer le projet.

L'ensemble des participants a reconnu la position stratégique du Yémen. Chacun a insisté sur la nécessité de développer la coopération décentralisée et d'œuvrer en faveur d'un pays dont la capitale, Sanaa, sera capitale culturelle du monde en 2004 pour l'UNESCO.

Pour de plus amples renseignements, cliquer ici .