Actes colloque Moyen-Orient



Colloque Moyen-Orient

Ouverture

Philippe MARINI
Sénateur de l'Oise,

Président du Groupe d'amitié France - Arabie Saoudite - Pays du Golfe

M. Gérard Larcher, Président du Sénat, m'a chargé de dire quelques mots en son nom.

Les neuf pays qui composent le Moyen-Orient ont chacun leurs spécificités propres et parfois leurs antagonismes. Ils constituent aussi un des marchés les plus dynamiques de la planète, convoité par nombre d'entreprises françaises. Faciliter le développement à l'exportation de ces dernières est la mission d'Ubifrance et le Sénat est à vos côtés dans cette démarche.

La présence française est déjà importante dans cette région essentielle sur le plan géostratégique. Ses exportations de pétrole lui permettent de financer un plan de développement ambitieux. Elle est également incontournable pour ce qui concerne la sécurité énergétique. Au plan politique, la stabilité des pays du Moyen-Orient conditionne en grande partie les équilibres du monde et de nos sociétés.

C'est pourquoi il est primordial de maintenir et d'approfondir avec chacun des pays de cette région un dialogue politique, diplomatique et économique au plus haut niveau, comme le Président Nicolas Sarkozy l'a fait savoir lors de sa dernière visite en Arabie Saoudite et comme nous l'avons indiqué au président irakien lors de sa récente visite en France.

En mon nom propre, je tiens à dire que lorsque j'ai pris mes fonctions en tant que Président du Groupe d'amitié France - Arabie Saoudite - Pays du Golfe en 2007, cette région complexe, contrastée et conflictuelle était très mal connue de nos concitoyens qui en avaient une vision caricaturale.

La zone du Moyen-Orient regroupe l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, l'Irak, l'Iran, le Koweït, Oman, Qatar et le Yémen.

Mon analyse s'est construite au fil de nombreux déplacements et d'entretiens avec les plus hauts dirigeants de la zone et de nombreux représentants des milieux économiques. Le Président de la République m'a confié une mission d'appui à la mission diplomatique française au Moyen-Orient. Je lui ai remis mes conclusions fin octobre.

Dès son élection, le Président de la République a rencontré de nombreux chefs d'Etat de la zone. Ce faisant, il a confirmé les liens de la France avec la région et donné un nouveau tour à la politique étrangère française, particulièrement à l'égard du Levant dont l'influence est importante dans la région. Depuis 2007, les échanges au niveau politique n'ont jamais été aussi fructueux. L'inauguration de la base militaire française à Abu-Dhabi illustre la volonté de la France d'être garante de la sécurité et de la stabilité dans la région, conditions sine qua non du développement économique, du progrès social et de la cohésion de chacun des Etats du Golfe.

Sur le plan économique, nous avons pour la première fois assisté à la concomitance, d'une part, de l'existence de ressources financières largement excédentaires et de fonds souverains qui ont résisté à la crise financière et, d'autre part, à la définition et à l'essor de projets de développement à long terme. Même si ces pays ne disposent pas des mêmes richesses énergétiques, le prix du baril de pétrole leur a permis de dégager des excédents courants qui ont compensé les pertes induites par la crise. La valeur de ces pertes est en tout état de cause faible eu égard à leur capacité de reconstruction de leurs liquidités.

Les dirigeants du Golfe semblent avoir intégré la nécessité de viser à long terme, au-delà de la prospérité financière. Leur stratégie de développement, fondée sur la diversification économique, a pour objectif de réduire à terme leur degré de dépendance aux filières énergétiques, ce qui explique le développement de projets nucléaires. Cela passe par la promotion de divers secteurs d'activités et par des réformes qui rendraient le contexte financier et juridique plus compétitif. Les pays du Golfe figurent aujourd'hui comme les plus avancés au monde en matière de régulation financière. Le rythme des réformes des législations varie d'un pays à l'autre et l'ordre des priorités peut être différent, mais beaucoup d'avancées ont d'ores et déjà été réalisées.

Les entreprises françaises implantées dans la région doivent faire face à une concurrence agressive, notamment de la part des deux grandes puissances asiatiques. Le rôle des missions économiques qui sont très opérationnelles sur le terrain, en contact direct avec les intervenants, est très important. Ces équipes pluridisciplinaires sont des facilitateurs.

De son côté, la finance islamique doit pouvoir se développer en France, dans le respect de la laïcité. Les partenariats s'intensifient actuellement. Il faut développer des coopérations avec les fonds souverains du Golfe et des accords de stratégie industrielle. Ce sont des aspects structurant entre la France et chacun des Etats du Golfe qui visent à susciter un flux qu'il appartient aux entreprises de faire vivre. Nul ne saurait se substituer à elles.

Gisèle HIVERT-MESSECA,
Chef du service Événements spéciaux, Ubifrance

Les marchés du Moyen-Orient représentent une zone hétérogène qui compte parmi les plus dynamiques et les plus solvables du monde. C'est un marché de 170 millions d'habitants, disposant de plus de 60 % des réserves mondiales de pétrole, un PIB de 1 600 milliards de dollars en 2008, une croissance globale qui devrait se situer autour de 3 % cette année et un volume d'importation représentant 300 milliards de dollars. Les principaux enjeux pour les pays du Moyen-Orient demeurent essentiellement la diversification de leur économie et la réduction du lien entre la croissance et l'évolution des cours des hydrocarbures. La réduction de cette dépendance est engagée pour certains d'entre eux, grâce notamment à l'appui de capitaux étrangers qui s'ouvrent sur de nouveaux secteurs, comme les technologies et les services. Un autre enjeu réside dans la capacité de ces pays à se réformer rapidement en termes de gouvernance, de législation sur les investissements directs et la supervision financière. Ces pays ont montré depuis un an une capacité certaine à éviter la récession, alors même que les prix du pétrole étaient au plus bas. Grâce au redressement du prix du baril et à des politiques budgétaires expansionnistes, le Golfe devrait être une des premières régions du monde à sortir de la crise. Le FMI estime que la croissance des monarchies pétrolières devrait s'établir en moyenne à 5,2 % en 2010.

Ubifrance prévoit un important programme d'action dans ces pays dans les mois à venir.