Colloque Sénat-Ubifrance sur l'Australie et la Nouvelle-Zélande



L'environnement des affaires, un des plus attractifs au monde

Sont intervenus :

Garry DRAFFIN, Directeur général international, Invest Australia, Sydney
Henri GALLARD, Directeur Australie, Manitou, Sydney
Joël HAKIM, Conseiller du commerce extérieur de la France, Administrateur, Holding Nexans Australia, Sydney
Mathieu HANAUT, Conseiller du commerce extérieur de la France, Partner, Norman Waterhouse Lawyers, Sydney


Les débats étaient animés par Carole GAESSLER, journaliste.

Garry DRAFFIN

Je souhaiterais revenir sur la question de la distance, qui a été évoquée. Beaucoup d'économistes estiment qu'en 2015, 55 % du PNB mondial sera produit en Asie. La production asiatique excédera donc celle de l'Europe et des Etats-Unis réunis. Pour les entreprises françaises qui sont des acteurs mondiaux, ou qui veulent le devenir, l'Asie sera un marché incontournable. La distance ne compte donc pas, à moins de se retrouver exclu de la zone de croissance la plus rapide du monde.

L'Australie peut être un très bon partenaire dans cette partie du monde. C'est un pays de l'OCDE qui possède les mêmes standards en termes de droit, de gouvernance, de comptabilité ou de protection industrielle que les pays européens. Notre implication en Asie est, en revanche, unique. Certaines sociétés japonaises ont, du reste, basé leur direction asiatique en Australie. Toutes les langues asiatiques sont, en effet, pratiquées en Australie et le chinois est désormais la deuxième langue la plus parlée dans notre pays. Or le marché asiatique n'est pas homogène ; c'est donc un atout que d'avoir toutes les cultures asiatiques rassemblées dans un même pays.

Les opportunités d'investissement en Australie même sont également nombreuses. En outre le potentiel de croissance de la région garantit la croissance future de notre pays. 500 millions de nouveaux consommateurs, au sein de la région, souhaiteront acquérir des biens utilisant des matières premières australiennes. Cette croissance constitue une opportunité et un défi pour notre pays. Nous pensons que les entreprises françaises pourraient nous aider à relever ce défi. La confédération australienne de l'industrie a estimé que notre économie devrait investir 50 milliards d'euros dans les infrastructures pour répondre à la demande. La grande sécheresse, par exemple, représente un défi immense pour l'agriculture australienne. Ainsi, nos besoins d'approvisionnement et de traitement des eaux pourraient être résolus grâce à l'expertise des sociétés françaises.

Henri GALLARD

L'Australie est un marché sur lequel nous sommes présents depuis plus de trente ans. Au cours de cette période, nous avons eu la possibilité de travailler avec différents importateurs dans le domaine minier, agricole et militaire. Les investissements que nous avons réalisés en Australie sont des investissements de long terme. En effet le marché du bassin pacifique est en train de s'unifier autour de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Nous avons ainsi souhaité fonder une agence en Australie pour ne plus dépendre de nos importateurs et consolider notre implantation sur le marché.

Carole GAESSLER

Des intervenants ont indiqué que les marchés australiens et néo-zélandais sont des marchés sûrs. Faut-il en conclure que les paiements et les relations commerciales sont excellents ?

Henri GALLARD

De petites difficultés de paiement peuvent exister, comme partout. Elles sont toutefois rares et se résolvent toujours rapidement. Les paiements sont réguliers et nos partenaires commerciaux nous informent toujours au préalable en cas de problème.

Carole GAESSLER

Le plein emploi induit une pénurie de main d'oeuvre. Comment assurez-vous le recrutement de votre personnel ?

Henri GALLARD

Notre agence australienne n'a que deux ans d'existence et emploie actuellement quinze personnes. Nous sommes aujourd'hui obligés de recourir à des cabinets de recrutement pour embaucher certains types de personnel. Toutefois, la création d'une société permet de bénéficier de visas pour employer des expatriés pendant trois ou quatre ans. Ainsi, des jeunes Français ou des jeunes Européens peuvent être tentés par cette expérience. Il faut ainsi savoir faire preuve d'imagination.

Joël HAKIM

Je ne connais pas vraiment d'exemples d'entreprises françaises qui n'ont pas réussi. Le fait de posséder une compétence particulière et de produits performants permet d'accéder au marché australien.

Par ailleurs, la distance a souvent été évoquée mais je tiens à souligner que l'Australie est située à huit heures d'avion des grands pays d'Asie et la Nouvelle-Zélande a onze heures. Or l'immersion dans les pays asiatiques, où nos entreprises vont facilement, exigent pourtant plus de huit ou dix heures, alors qu'elle est immédiate avec les deux pays que nous évoquons aujourd'hui.

Carole GAESSLER

Une entreprise française peut-elle être pénalisée sur le marché australien en raison de sa nationalité ?

Joël HAKIM

Il y a autant de stratégies de pénétration du marché australien qu'il y a de situations. Le fait d'être français n'est ni un atout ni un inconvénient. Ainsi, le rachat de National Mutual par AXA a eu lieu pendant la campagne d'essais nucléaires. Les Australiens et Néo-Zélandais sont, en effet, des gens pragmatiques pour qui les affaires priment sur toute autre considération.

Henri GALLARD

Les Australiens sont effectivement des gens de contact, extrêmement pragmatiques. Il faut aller au contact des gens pour pouvoir faire des affaires. Ainsi, nous n'avons pas hésité à quitter les grandes villes pour étendre notre clientèle.

Mathieu HANAUT

Mon expérience professionnelle en tant qu'avocat, depuis huit ans, en Australie m'a permis de participer à une centaine de créations de sociétés. L'environnement juridique est orienté vers l'entreprenariat. Il est ainsi possible de créer une société à responsabilité limitée, en vingt quatre heures, avec un dollar et un seul associé pour un coût de 1 000 euros. La flexibilité dans le droit des sociétés est associée à une convention fiscale nouvelle qui permet le rapatriement des dividendes.

En outre, la réglementation de l'emploi est extrêmement souple, notamment en ce qui concerne la durée des contrats. Les coûts de charges sociales sont de surcroît très limités, avec un financement du service de santé plafonné à 1,5 % du salaire et un système de retraite par capitalisation. Enfin, les investissements étrangers ne font l'objet d'aucune restriction. Thales a ainsi acquis une des plus importantes sociétés de défense nationale.

La seule précision que j'apporterai est que le système juridique australien est un système de common law . L'ordre public de protection du droit français est donc inexistant. La sécurité juridique doit donc être trouvée dans le contrat. Celui-ci est dès lors volumineux et complexe. L'erreur la plus commune consiste dès lors à vouloir transférer un contrat de droit français, notamment pour les employés, alors que le contrat de droit australien est plus favorable.

Joël HAKIM

L'un des atouts de l'Australie tient à la qualité de ses ressources humaines. Ainsi, Pechiney a utilisé beaucoup d'ingénieurs australiens pour assurer la promotion de ses technologies au Moyen-Orient ou en Afrique du Sud. La manière de travailler des Australiens diffère certes de la nôtre. Elle est toutefois assez efficace comme l'illustre leur approche des réunions de travail qui sont bien préparées et qui ne s'attardent pas.

François RAFFRAY

Je tiens à préciser qu'il est désormais possible d'ouvrir la succursale néo-zélandaise d'une agence australienne sans démarches supplémentaires pour les investissements étrangers.

Carole GAESSLER

Le gouvernement australien est très impliqué pour favoriser la création d'entreprises. N'est-ce pas Monsieur Draffin ?

Garry DRAFFIN

Je voudrais dire que l'un des avantages que peut offrir l'Australie, aux entreprises, tient aux accords multilatéraux et bilatéraux de libre-échange. Nous avons ainsi conclu un accord bilatéral avec les Etats-Unis en 2005 ainsi qu'avec Singapour et la Thaïlande. Nous sommes également en négociation avec la Chine, le Japon, la Malaise et la Corée.

Jean-François CURY, Directeur des Investissements Europe, Investment New Zealand

Il est aussi facile et rapide de créer une société en Nouvelle-Zélande qu'en Australie. Des incitations fiscales existent en Nouvelle-Zélande pour favoriser l'implantation d'entrepreneurs étrangers. Les revenus extérieurs aux activités en Nouvelle-Zélande sont ainsi exonérés d'imposition. De même, les fonds de capital investissement sont tout à fait enclins à financer les entreprises étrangères. Enfin, il est à noter qu'Auckland est l'une des villes où le coût de la vie est le moins cher, selon une étude réalisée par l'Union des Banques Suisses.

La Nouvelle-Zélande est un marché idéal pour tester les produits ainsi qu'une base arrière pour s'implanter sur le marché Pacifique. Ainsi Danone s'est développé en Chine à partir de la Nouvelle-Zélande.

Mathieu HANAUT

L'exonération des revenus de source étrangère pour les résidents temporaires, qui englobe également les plus-values, existe également en Australie depuis le 1 er juillet 2006.