Titre de la réunion / Cassette


Enjeux politiques et stratégiques

Thierry DANA

Directeur Asie et Océanie, Ministère des Affaires étrangères

L'ASEAN est confrontée à deux problématiques : son hétérogénéité, d'une part, du fait de la diversité du poids des pays, des religions, des populations et des niveaux de développement ; les défis auxquels elle est confrontée, d'autre part, qu'il s'agisse du rebond économique après la crise de 1997 ou de l'émergence de la Chine comme acteur majeur de la région et du monde. Un autre défi majeur est, bien sûr, celui du terrorisme, qui est devenu, à l'évidence, une question importante pour la région au cours des cinq dernières années.

Du point de vue stratégique et politique, l'exemple européen est parlant : sur le long terme, le groupe de pays de l'ASEAN est « condamné » à s'unir, car pour peser dans le monde et constituer un interlocuteur face à des pôles qui se structurent, il n'existera pas d'alternative à l'union. L'exemple européen n'est certes pas transposable en l'état, mais pourra certainement être utile. Force est de constater, en tout cas, qu'aucun pays ne peut revendiquer de façon claire et légitime le leadership de l'ASEAN, à l'image de ce qui a prévalu en Europe. C'est aussi ce qui a favorisé l'union sur le Vieux Continent, comme on peut s'en souvenir.

Il existe trois enjeux particuliers, du point de vue européen, vis-à-vis de l'ASEAN :

· l'enjeu politique : on peut se rappeler par exemple que du point de vue des Etats-Unis, l'Asie du Sud-Est devait constituer la nouvelle frontière du terrorisme, ce qui s'est hélas vérifié par la suite ;

· la possibilité de concilier Islam et démocratie, au regard de laquelle l'Asie du Sud-Est constitue un laboratoire d'expérience, sous l'oeil vigilant de l'Europe, qui compte en son sein de fortes minorités musulmanes et qui est impatiente de savoir si l'Islam peut se combiner avec la démocratie pour éviter les dangers de l'islamisme ; à cet égard, l'exemple indonésien montre pour la première fois, à grande échelle, des signes encourageants de cette compatibilité entre Islam et démocratie ;

· l'ouverture de la région au monde, qui a toujours constitué un trait distinctif des pays de l'ASEAN, comme on peut s'en souvenir à propos des premiers sommets de l'ASEM qui s'étaient tenus à Bangkok ou à Hanoi.

Il existe bien sûr un enjeu commercial bilatéral entre l'Union européenne et l'ASEAN et singulièrement entre la France et l'ASEAN. Un des éléments les plus marquants des dernières années réside dans le développement des échanges intra-asiatiques ; toute stratégie commerciale vis-à-vis d'un pays de l'ASEAN doit prendre en compte cette dimension dans sa réflexion.

Enfin, l'enjeu culturel n'est peut-être pas le coeur de notre sujet aujourd'hui, mais mérite d'être rappelé : la conciliation de la tradition et de la modernité, dans le contexte de mondialisation que nous connaissons, offre un autre trait spécifique à l'ASEAN qu'il faut toujours avoir à l'esprit lorsqu'on développe des relations avec des interlocuteurs du Sud-Est asiatique.

Les atouts de la France, vis-à-vis de l'ASEAN, reposent à la fois sur des traits communs, une volonté politique et l'histoire, qui nous a rapprochés d'un certain nombre de pays de l'alliance du Sud-Est asiatique. Nous devons en tout cas réfléchir à la complémentarité des deux dialogues Union européenne-ASEAN et Union européenne-ASEM.

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