III. Les piliers de la politique digitale

Ces trois exemples illustrent les trois piliers de la politique digitale :

• la capacité à capter l'attention et donc, à fixer l'agenda :

Le peuple a la possibilité de mettre sur la place publique un sujet auparavant minoritaire. Il s'agit de capter l'attention de ses pairs, de la communauté internationale et des médias internationaux de façon à transformer un sujet en enjeu véritable.

• la volonté de la transparence :

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la dictature de la transparence, qui ôterait toute possibilité de rétention d'information et d'intimité. Ce sont les mêmes qui installent des caméras ou organisent des dispositifs de surveillance sur le web. Dans cette volonté de transparence, se joue avant tout la nécessité de rompre avec une conception machiavélienne de la politique et de réconcilier politique et éthique. Au-delà de cette analyse, le sujet de la transparence ouvre de nouvelles occasions d'affrontements entre une idéologie sécuritaire et de contrôle et une idéologie techno-libertaire qui ont toutes deux présidé à la naissance d'Internet.

• la mobilisation :

La mobilisation s'entend au sens d'engagement. Hors contexte électoral, il peut s'agir de développer la participation du citoyen au débat. Dans un contexte électoral ou de crise, l'objectif est de faire pression.

Les ONG sont-elles manipulatrices ? Dans une interview récente, Evgeni Morozov déclare que ces groupes ont les moyens et l'expérience d'une attaque et les utilisent pour une cause qui leur semble juste. Il dénigre les mouvements en permanence, les assimilant à des adolescents énervés. Or dans la plupart des contestations électorales, chez WikiLeaks, chez les Anonymous voire au sein des think tanks, on retrouve les mêmes principes que ceux employés par les ONG. Celles-ci semblent dépassées par la société civile elle-même.

En conclusion, ces mouvements posent la question de la confiance dans le régime, la représentation, le politique et le processus électoral. La préoccupation principale des Etats et des gouvernements devrait être de restaurer cette confiance. Le moyen d'y parvenir -sans doute le seul- pourrait consister à pratiquer davantage de consultation et de participation et à approfondir la notion de délégation pour que le citoyen se sente à nouveau acteur de son destin. Ces phénomènes nouveaux sont appelés à prendre de l'ampleur et déjà, de nouvelles initiatives apparaissent, plus habiles.