Colloque Coopération décentralisée France-Russie (15 février 2007)



L'engagement des territoires et des collectivités -
Comment promouvoir les coopérations décentralisées ?

Modérateurs : Charles JOSSELIN, Sénateur, Président de Cités Unies France, ancien Ministre
et Sergueï MNDOYANTS, Vice-président exécutif de Dialogue Franco-Russe

Charles JOSSELIN ,
Sénateur, Président de Cités Unies France, ancien Ministre

Après en avoir connu les vertus en tant que Président de Conseil général, j'ai contribué à la reconnaissance de la coopération décentralisée en tant que Ministre. J'essaye de poursuivre cette mission comme Président de Cités Unies France, en insistant notamment sur la nécessaire coordination des interventions. Je suis très heureux que ce colloque mette aujourd'hui l'accent sur ce sujet.

La coopération décentralisée entre la France et la Russie est déjà importante mais totalement insuffisante, surtout au regard de la taille des territoires concernées, du nombre de collectivités territoriales qui pourraient s'impliquer et des thèmes à investir. Après les traditionnels jumelages, de nombreux projets ont pris un caractère plus économique. Ils se sont également multipliés dans le domaine de l'environnement et du développement durable.

Les conditions du partenariat entre les collectivités françaises et russes sont largement réunies, même si elles méritent d'être encore améliorées. Le besoin d'organisation, de part et d'autre, a été rappelé tout à l'heure. Il faut aussi des moyens. Je ne voudrais pas que la reconnaissance par les Etats de la coopération décentralisée leur serve d'excuse pour se désengager, notamment financièrement. Son appui est en effet le meilleur outil de cohérence.

Nous avons enfin pris conscience que nous sommes tous sur la même planète. Je souhaite maintenant que la coopération décentralisée entre la France et la Russie nous aide à produire un monde plus sûr et moins inégal.

Christian PONCELET ,
Président du Sénat

Les contraintes de la fin de session - et, en l'occurrence, la préparation du prochain Congrès du Parlement français - ne m'ont pas permis d'assister avec vous au début de la matinée, mais j'ai tenu à vous rejoindre dès que possible car, vous le savez, la coopération décentralisée est un thème auquel le Sénat apporte une grande attention, et vous connaissez le prix personnel que j'attache à la qualité et à l'intensité des relations entre la France et la Russie.

Le Sénat est particulièrement heureux d'accueillir ce colloque sur la coopération décentralisée avec les régions de Russie, qui vient prolonger de manière opportune l'importante rencontre à dominante économique que nous avons tenue en novembre 2006.

Je tiens d'abord à remercier et à féliciter toutes les personnalités qui se sont mobilisées pour assurer la meilleure organisation et le succès de cette opération.

La manifestation d'aujourd'hui a été organisée avec l'Association Dialogue franco-russe, co-présidée par MM. Louis Schweitzer et Ara Abramian, et avec le Ministère des Affaires étrangères, représenté par le Délégué à l'Action extérieure des collectivités locales, M. Antoine Joly, ainsi qu'avec le concours actif du groupe d'amitié France-Russie présidé au Sénat par le Doyen Patrice Gélard, que je remercie. Il a succédé dans cette fonction à Jacques Chaumont qui, je le sais, s'est aussi beaucoup investi dans ce projet.

Permettez-moi également d'adresser un message de cordiale bienvenue au Sénat à nos amis russes, en nombre dans cette salle :

- à Monsieur Narichkine, Chef de l'Appareil du Gouvernement de la Fédération de Russie, que je suis particulièrement heureux de saluer aujourd'hui parmi nous ;

- à Monsieur Mezentzev, Vice-président du Conseil de la Fédération de Russie - que j'ai eu le plaisir d'accueillir à plusieurs reprises au Sénat, notamment en 2004 et en 2006, et à qui je demande de bien vouloir transmettre mes amitiés fidèles au Président du Conseil de la Fédération de Russie, Monsieur Mironov ;

- ainsi qu'aux délégations des différentes régions de Russie, qui ont spécialement effectué le voyage pour être parmi nous ce matin.

Les régions russes sont, pour nous, des interlocutrices privilégiées, comme en témoigne le nombre important de régions françaises, de départements et de villes qui ont noué des accords de coopération avec leurs homologues de Russie.

Si je me réfère aux statistiques du Ministère des Affaires étrangères, on ne compte en effet pas moins de 50 projets en cours, dont sept projets avec des régions françaises, trois projets avec des départements et le reste avec des villes, moyennes ou grandes, ou des intercommunalités. Vous me permettrez de citer « au hasard » la région Lorraine qui a lancé en 2003 un programme de coopération avec la ville de Novossibirsk.

Ces coopérations revêtent, bien sûr, différentes formes et portent sur des domaines très variés, parfois modestes, mais toujours très concrets pour les citoyens : la formation professionnelle, l'agriculture, l'éducation, la recherche, l'environnement, les équipements sportifs, la gestion municipale...

À cet égard, la coopération décentralisée prolonge au niveau local la coopération entre les Etats, en même temps qu'elle « exporte » à l'étranger le savoir-faire de nos collectivités locales et leur expertise dans beaucoup de domaines intéressant la vie quotidienne des citoyens. Elle peut aussi déboucher sur des échanges économiques fructueux pour les deux partenaires, car très souvent, les échanges entre collectivités publiques créent un climat de confiance et des opportunités d'affaires, dont les entreprises auraient tort de ne pas profiter.

Ne voulant pas allonger cette matinée déjà très chargée, je vous souhaite à tous d'excellents travaux. Soyez convaincus que le Sénat - et notamment sa Délégation du Bureau à la coopération décentralisée, présidée par mon collègue Jean-Claude Gaudin - demeurera à vos côtés pour soutenir et encourager vos initiatives.

Vladimir TCHOUB ,
Chef de l'Administration de Rostov

Je suis très heureux de venir, pour la deuxième fois, au Sénat et d'avoir, à nouveau, l'occasion de m'exprimer à la tribune. L'organisation de ce colloque montre à quel point la coopération interrégionale est importante pour nos deux pays. Je pense qu'il permettra de progresser dans le développement des relations entre nos collectivités territoriales.

Rostov sur le Don entretient des liens avec le Mans depuis plus de trente ans. Pour ma part, je considère que la coopération entre les villes est encore plus efficace que la coopération entre les régions. Les relations qui se mettent en place ne sont pas des initiatives de l'Etat, mais des ambassades ou des milieux d'affaires. Elles sont évidemment bénéfiques. Un certain nombre de résultats ont déjà été obtenus, notamment dans le domaine agricole. La région que je dirige produit plus de 6 millions de tonnes de blé par an, plus de 1,7 million de tonnes d'huile de tournesol et près de 0,5 million de tonnes de légumes. Nous exportons, y compris en France. Des partenariats ont également été mis en oeuvre dans les secteurs de l'aluminium, du textile ou de la grande distribution.

Au-delà des aspects économiques, il me semble important d'insister sur les liens culturels entre nos deux pays. Je pense que nous avons beaucoup de points communs. Il ne faut pas oublier que nous habitons le même continent.

La région de Rostov présente de réelles potentialités pour d'éventuels partenaires français. Beaucoup de projets pourraient être lancés dans le domaine des infrastructures, de la santé, de l'éducation ou de la culture. Nous disposons de financements et de structures pour encadrer ces actions. Il y a deux ans, à cette même tribune, j'ai invité les entrepreneurs à venir. Environ deux milliards d'euros ont d'ores et déjà été investis.

Jean-Pierre MOINAUX ,
Vice-président du Conseil régional de Lorraine

Historiquement, les relations entre la France et la Russie sont fortes. Il est néanmoins opportun d'asseoir les coopérations sur des réalités humaines. La solidité des échanges passe au moins autant par la science et la culture que par l'économie. Il en est ainsi des collaborations durables que la Lorraine a su mettre en oeuvre.

Au-delà des associations franco-russes, qui tissent depuis bien longtemps des liens entre nos deux pays, nous avons développé de nombreuses coopérations entre les établissements de recherche, notamment dans le domaine de l'acier et des matériaux innovants. Des conventions d'abord bilatérales ont été signées. Elles ont ensuite été élargies aux universités et aux différents instituts que compte notre région. Plusieurs jeunes effectuent chaque année des études complémentaires en France. Il existe des doubles diplômes et des thèses sont réalisées en cotutelle. Des entreprises lorraines du secteur de la construction et des travaux publics travaillent également à Moscou, Novossibirsk ou en Sibérie.

Le Président du Conseil régional a souhaité que l'une des régions les plus industrialisées de France, la Lorraine, s'appuie davantage sur les talents de ses universités, de ses écoles d'ingénieurs et de ses laboratoires de recherche pour dynamiser ses capacités de transfert de technologie et d'innovation. Outre le textile et la sidérurgie, en restructuration, d'autres secteurs se développent, comme la construction automobile, la construction électrique et électronique ou la plasturgie. Cette diversification est facilitée par l'implantation d'entreprises étrangères. Elles sont désormais 560 et emploient 69 000 salariés.

La Lorraine dispose d'atouts, notamment une population jeune et une main d'oeuvre qualifiée. Dans ce contexte, les partenariats avec la Russie ont connu une forte accélération au cours des dernières années. En matière d'enseignement supérieur et de recherche, cette coopération a fait l'objet d'une reconnaissance internationale par la labellisation de l'un des premiers réseaux ARCUS. La Lorraine avait été identifiée dès le premier appel à propositions lancé en 2005. Les projets, développés dans le domaine des matériaux et de l'environnement, sont déjà bien avancés.

Une délégation régionale s'est récemment rendue à Moscou pour envisager la poursuite et l'approfondissement des partenariats existants. Le bilan qui a pu être dressé de ces derniers est très positif. Les échanges d'étudiants et de chercheurs ont été considérablement renforcés. La France et la Russie ont inscrit l'innovation parmi leurs priorités. Les mécanismes de stimulation mis en place par ces deux pays et la dynamique que nous observons actuellement devraient nous permettre de renforcer notre coopération et de définir conjointement des plans d'action.

Viktor KOKCHAROV ,
Ministre des échanges internationaux et économiques de la région de Sverdlovsk (Ekaterinbourg)

Je voudrais, moi aussi, remercier le Sénat de m'avoir invité et de me donner, pour la deuxième fois, la parole. Depuis cette dernière visite, un certain nombre de succès ont été enregistrés et de nouveaux projets ont été initiés.

La région de Sverdlovsk est la troisième de Russie en ce qui concerne la production industrielle et la septième pour les investissements étrangers. Nous avons établi un schéma de développement jusqu'en 2015. Nous prévoyons que sur cette période, notre PIB sera multiplié par trois. Notre région est très riche en ressources naturelles, comme le nickel, l'or ou le platine.

L'essentiel des investissements étrangers s'oriente vers la métallurgie, les communications, l'énergie ou la transformation du bois. Au cours des prochaines années, nous prévoyons d'augmenter très significativement la production dans nos principaux secteurs d'activité.

Nous disposons d'ores et déjà de 11 représentations diplomatiques étrangères. Nous avons créé plus de 400 entreprises communes avec des sociétés venues de plus de 64 pays. Nous disposons de 173 établissements de crédits et nous pouvons nous appuyer sur de grandes banques, russes ou étrangères. La France est désormais le 14 ème partenaire commercial de notre région. Nous avons constitué huit entreprises communes avec des sociétés françaises, dont Areva ou Sagem. La Société Générale est également très présente et a initié de nombreux projets. Un supermarché Auchan vient par ailleurs d'ouvrir ses portes et Bouygues réalise un complexe hôtelier Hyatt. De nouvelles perspectives sont à attendre pour les prochaines années, notamment avec la construction du quartier d'Ekaterinbourg City.

Nous collaborons aussi avec l'Alliance française et nous attachons beaucoup d'importance au développement des relations avec la France au niveau gouvernemental. L'ouverture prochaine du consulat général et la constitution d'une mission économique constituent les premiers pas vers la création d'une représentation diplomatique.

Elena BABINOVSKAIA ,
Vice-premier ministre du Gouvernement de la région de Kaliningrad

Avant de vous rejoindre, je me suis promenée dans Paris. Les petites rues, les façades et les lampadaires m'ont rappelé ma région. Kaliningrad est la ville la plus occidentale de Russie. Entourée par des Etats étrangers, en l'occurrence la Lettonie et la Pologne, le temps y coule autrement. Mais notre territoire se caractérise également par ses châteaux ou ses champs de bataille. Il a été créé après la conférence de Postdam, lorsque les deux tiers de la Prusse orientale ont été confiés à la Pologne.

Depuis cinq ans, une loi fédérale fait de notre région une zone économique particulière. Il existe un régime de protection pour les investissements venant de l'Union Européenne. Notre potentiel économique et culturel est très important. Nous devons donc créer les conditions permettant de les développer.

L'histoire de notre région est emplie de mémoire, avec les évènements dramatiques de la Première, puis de la Seconde Guerre mondiale. Notre héritage culturel n'est pas que russe. Il fait partie de celui de l'Europe toute entière. Notre programme de développement jusqu'aux années 2011 ou 2012 intègre totalement cette dimension. Nous prévoyons notamment de restaurer certains monuments d'importance mondiale. L'an dernier, notre gouvernement a décidé d'organiser des rencontres pour célébrer le bicentenaire de la paix de Tilsit. Nous avons également placé un certain nombre de plaques commémoratives.

Les travaux de déblaiement du centre de Kaliningrad ont permis de découvrir les restes de plus de 500 soldats français. Notre gouvernement est prêt à participer à leur conservation et à l'organisation des cérémonies en partenariat avec la France.

Toutes les conditions d'une coopération fructueuse existent au sein de la région de Kaliningrad. Nous souhaitons initier un certain nombre de projets, notamment dans le domaine de l'enseignement et des enfants handicapés.

Philippe GUÉRIN ,
Vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées

La région Midi-Pyrénées représente plus de 45 000 kilomètres carrés et compte un peu moins de trois millions d'habitants. Située entre le Massif central et les Pyrénées d'une part, la côte atlantique et la côte méditerranéenne d'autre part, elle est notamment connue pour le pôle aéronautique et spatial de l'agglomération toulousaine. Mais des succès ont été enregistrés dans d'autres domaines, parmi lesquels la recherche médicale ou les nouvelles technologies. Notre région dispose de plus d'une centaine de laboratoires. Il existe trois grandes universités à Toulouse, qui accueillent plus de 150 000 étudiants. Le secteur agricole est également très fort.

Pour le moment, il n'existe pas de coopération décentralisée avec la Russie. Nous avons connu, il y a quelques années, une expérience malheureuse en matière d'élevage. Celle-ci s'est en effet déroulée pendant la crise de la « vache folle ». Le projet a donc été abandonné rapidement.

Les initiatives qui ont été évoquées ce matin, notamment la création d'un club de régions et d'une coordination régionale me semblent très intéressantes. En matière de coopération décentralisée, je pense en effet qu'une approche coordonnée, à la fois sur les territoires et les thématiques, est indispensable pour conduire au succès.

La région Midi-Pyrénées est prête à s'investir dans la coopération décentralisée avec les régions russes dans le domaine de la recherche ou de l'agriculture. Notre objectif est clairement de relancer et de promouvoir de nouvelles collaborations avec la Russie.

Nikolaï LIOUBIMOV ,
Ministre du développement économique de la région de Kalouga

La région de Kalouga présente de nombreux atouts pour le développement de la coopération décentralisée. Elle bénéficie d'une situation géographique favorable, au centre de la Russie et à proximité de Moscou. Les risques pour les investisseurs y sont très limités. Notre région dispose en outre d'infrastructures solides, y compris dans le secteur financier, et de ressources. Nos principales spécialités sont notamment l'ingénierie, le traitement des métaux, l'électronique et les composants automobiles. Le secteur secondaire représente l'essentiel de notre activité économique. La population est également nombreuse et qualifiée, grâce à l'existence de nombreux établissements de formation professionnelle, financés par le budget régional. Nous pouvons ainsi répondre aux attentes et aux besoins de nos partenaires.

En ce qui concerne la coopération avec la France, nous disposons d'un institut franco-russe de gestion des affaires. Créé il y a dix ans, son niveau est aujourd'hui très élevé. Nous avons également signé un accord depuis plus de deux ans avec le Limousin. Celui-ci fonctionne principalement dans le domaine de l'agriculture et plus précisément de l'élevage. Mais de nouveaux projets pourront être initiés avec d'autres régions françaises, notamment dans le cadre de la constitution de notre pôle technologique. Nous avons déjà eu des contacts et les perspectives sont tout à fait encourageantes. L'an dernier, nous avons réussi à attirer un acteur important du secteur de l'automobile, en l'occurrence Volkswagen. Cette entreprise a investi dans notre région près de 450 millions d'euros. Il s'agit pour nous d'un pas important.

Nelli KRETCHETOVA ,
Chef du département des échanges internationaux et régionaux de la région de Tomsk

Une grande partie des Français présents aujourd'hui ne connaît probablement pas la ville de Tomsk. Notre région présente pourtant de nombreux atouts pour le développement de partenariats. Tomsk, qui se situe à peu près au centre du pays, est considérée comme l'une des villes les plus jeunes et les plus éduquées. Elle compte 500 000 habitants, dont 100 000 étudiants.

Il y a un an et demi, la région a remporté un concours lui permettant d'implanter un pôle de compétitivité sur son territoire. Ils sont quatre au total en Russie. Notre pôle s'articule autour de plusieurs axes, que sont les nouveaux matériaux - la coopération avec la Lorraine a commencé dans ce domaine -, les biotechnologies ou les technologies de l'information. Des projets peuvent être développés dans ces domaines avec des partenaires français. L'énergie nucléaire et l'enrichissement d'uranium constitue un autre champ d'action envisageable pour nos deux pays, de même que l'écologie ou les ressources en matières premières (pétrole, minerai de fer...).

La région de Tomsk serait très contente de participer au conseil des régions franco-russe qui a été évoqué tout à l'heure. Nous avons déjà initié un partenariat avec la Lorraine, mais nous aimerions conclure de nouveaux accords. Nous sommes prêts à développer les coopérations.

Gilles DABEZIES ,
Directeur des Actions et de la Coopération internationale à la CCI de Paris

Après avoir donné la parole à de nombreuses collectivités territoriales, je vous remercie de permettre à un opérateur de s'exprimer.

Les Chambres de commerce sont des institutions publiques dirigées par les chefs d'entreprise. Leur mission est de faciliter le développement des acteurs économiques de leur région. La CCI de Paris est la principale de ces structures. Elle représente, à elle seule, 20 % de l'action internationale. Elle est présente en Russie depuis les années 80 et 90. Des coopérations ont été mises en oeuvre dans le domaine de l'enseignement commercial. Un Master franco-russe de management international a été créé à Moscou. De même, la CCI de Paris est l'opérateur pour la France du programme présidentiel de formation des cadres russes.

La CCI de Paris apporte par ailleurs son soutien à de très nombreuses PME, qui sont de plus en plus intéressées par le marché russe. Au départ, nous étions surtout présents dans les régions de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Puis, nous avons décidé d'approcher, grâce à l'aide de notre bureau à Moscou, de nouvelles régions russes. Nous avons ainsi accompagné des PME dans l'Oural ou au bord de la Volga. Celles-ci interviennent principalement dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, de l'aéronautique ou de l'automobile.

Il n'est pas toujours simple pour les opérateurs russes de trouver les bons interlocuteurs en France. Nous avons donc lancé, avec un certain nombre de CCI, des actions communes, notamment sur la filière aéronautique. Même si je comprends l'intérêt des régions russes pour les grandes entreprises, comme Volkswagen, il est clair que ce n'est pas avec elles que nous travaillons. Notre démarche concerne des structures beaucoup plus petites et, par voie de conséquence, plus fragiles et plus hésitantes. Mais elles disposent également d'atouts très forts. Nous souhaitons donc établir des liens nous permettant de les accompagner dans leur aventure internationale.

Dilara REZBAÏEVA ,
Représentante du ministère des Relations et du Commerce extérieur
de la République du Bachkortostan (Oufa)

La majorité d'entre vous ne connaît probablement pas la République du Bachkortostan et se demande où elle se situe. En 1991, avec la dissolution de l'Union soviétique, quinze républiques, dont les pays baltes, l'Ukraine ou la Russie ont obtenu leur indépendance. La Fédération de Russie a été divisée en 88 républiques et régions, dont certaines ont, à leur tour, obtenu leur autonomie. Parmi elles, figure la République du Bachkortostan. Elle dispose de son propre Président, de son propre gouvernement et de sa propre langue officielle.

Idéalement placé, le Bachkortostan bénéficie d'une position stratégique entre l'Europe et l'Asie. Il dispose d'un système économique et politique stable. Le PIB, qui a augmenté de 51 % en sept ans, le place au 8 ème rang au sein de la Fédération de Russie. L'agence internationale de notation Standard and Poor's a revu son classement à la hausse, compte tenu de la croissance économique et du niveau très bas de la dette.

Fort de ses ressources naturelles et de ses savoir-faire, le Bachkortostan tient une place importante dans l'économie russe. Plusieurs coopérations ont été initiées avec la France, au bénéfice des deux parties. Technip et l'Institut français du Pétrole ont investi dans le raffinage. Accor a par ailleurs engagé la construction d'hôtels à Oufa. Les relations culturelles se développent, même si elles visent principalement à promouvoir l'enseignement de la langue française. Mais le Bachkortostan organise, en septembre prochain, un évènement au siège de l'UNESCO à Paris pour commémorer ses 450 ans d'existence. Cette manifestation constituera une chance unique pour rencontrer les représentants de la République et de ses principales sociétés.

Bien que le Bachkortostan soit l'une des Républiques les plus développée de Russie, il lui manque encore des savoir-faire pour accompagner son essor et diversifier son économie. Le secteur tertiaire reste très peu exploité. Le Bachkortostan, qui peut être considéré comme un partenaire sûr, constitue un immense marché à conquérir.

Clôture : « Les initiatives à prendre »