Colloque Coopération décentralisée France-Russie (15 février 2007)



Louis SCHWEITZER ,
Coprésident de Dialogue Franco-Russe

Je voudrais remercier le Sénat de nous accueillir aujourd'hui. Je voudrais également remercier Monsieur Sergueï Narychkine, qui se trouve à la tête d'une remarquable, délégation d'avoir fait le voyage.

L'association, que je dirige avec Monsieur Ara Abramian, a été créée avec le soutien et l'appui des Présidents Jacques Chirac et Vladimir Poutine. Elle a pour vocation d'aborder les domaines politique, économique et culturel. Elle rassemble en son sein des personnalités issues de ces trois mondes.

Le succès de cette rencontre, l'importance des auditeurs et la qualité des intervenants témoignent de la vitalité des relations franco-russes. Mais je souhaiterais, pour conclure, vous faire part de quelques remarques.

Grâce à sa croissance économique, qui n'est - comme cela a d'ailleurs été souligné - pas uniquement fondée sur les hydrocarbures, et à sa vitalité culturelle, la Russie est redevenue un acteur majeur. Elle constitue évidemment un marché pour les entreprises françaises, mais elle est aussi un exportateur important dans plusieurs domaines. Elle investit également dans nos régions et représente un partenaire scientifique de premier plan. Toutefois, le changement a été si rapide que le pays reste mal connu. Je constate régulièrement en France, l'existence d'interrogations et une certaine perplexité. Il faut donc adopter une approche pédagogique et apprendre à connaître la Russie. Dans cette perspective, une journée comme celle d'aujourd'hui est évidemment une initiative à renouveler.

En France comme en Russie, les pouvoirs publics et les collectivités territoriales jouent un rôle essentiel dans la dynamique sociale. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, les Présidents Jacques Chirac et Vladimir Poutine ont joué, lors de la création de notre association, un rôle critique dans le développement des relations entre nos deux pays. Monsieur Sergueï Narychkine a rappelé la place du CEFIC et a souligné combien ce lieu de rencontre était important pour apprendre à se connaître. Il a d'ailleurs fait une proposition sur la représentation des régions au sein de cette instance, qui, je l'espère, sera reprise par son homologue français.

Monsieur Brice Hortefeux a rappelé le nombre de liens existants entre les collectivités territoriales françaises et russes. Il a dénombré 67 partenariats, impliquant six régions. Mais il a également souligné que cette coopération serait utilement généralisée à l'ensemble des régions françaises et que les relations existantes se développaient encore souvent sur le terrain de l'amitié et de la culture. Elles pourraient être étendues à l'ensemble des champs d'activité, c'est-à-dire l'économie, l'industrie ou la science. A cet égard, ma proposition est de créer un club de régions permettant de faciliter les échanges et de diffuser les expériences acquises afin qu'elles puissent bénéficier aux uns et aux autres. Ce point me semble particulièrement important pour les PME, qui, compte tenu des obstacles auxquels elles peuvent être confrontées, n'ont pas toujours la possibilité de se lancer dans l'aventure internationale.

Nous avons vu qu'il existait de nombreuses coopérations sectorielles, qui n'impliquent pas seulement de grandes entreprises ou des capitales régionales. Mais il convient certainement de développer les initiatives dans ce domaine. L'association Dialogue franco-russe a fait un pas dans ce sens en organisant un séminaire sur les industries agricoles et alimentaires. Les pôles de compétitivité, créés récemment en France, sont également des points d'appui essentiels pour le développement des coopérations internationales. L'exemple du Québec, qui se fonde sur des relations historiques, pourrait être étendu à la Russie, puisque ce pays présente, de ce point de vue, les mêmes caractéristiques. Des actions sont aussi engagées dans le domaine de la culture, avec l'année de la France en Russie en 2009 et l'année de la Russie en France en 2010.

Toutes les relations économiques, politiques, scientifiques ou culturelles passent par des échanges d'hommes. J'ai été frappé des propos de Monsieur Alexandre Avdeev, qui nous a expliqué comment la Russie avait réussi à surmonter les obstacles administratifs en matière de délivrance de visas. Dans ce domaine, la France semble avoir pris un peu de retard. Plus largement, je pense qu'il serait très important de créer un réseau de personnes, issues de la société civile mais dotées d'un certain rayonnement, pour porter les relations franco-russes dans nos deux pays.

L'entreprise que je préside a engagé, il y a près de dix ans, une opération avec la Russie. Elle a mis un peu plus de temps que nous l'imaginions à se concrétiser, mais son succès est finalement supérieur à nos espérances initiales. J'espère également que tous ceux qui s'engageront sur la voie de la coopération pourront - sans mettre plus de temps, car ils pourront s'appuyer sur les expériences de leurs prédécesseurs - en tirer plus de satisfaction qu'ils n'en attendaient.