N° 80

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2005-2006

Annexe au procès-verbal de la séance du 15 novembre 2005

PROPOSITION DE LOI

tendant à ce que des funérailles nationales et un hommage solennel aux anciens combattants de la Première Guerre mondiale soient organisés lors de l' inhumation du dernier poilu,

PRÉSENTÉE

Par Mme Bernadette DUPONT,

Sénateur.

( Renvoyée à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).

Cérémonies publiques et fêtes légales.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La commémoration en 2005 de la fin du second conflit mondial ne doit pas faire oublier que s'éteignent dans le même temps les derniers protagonistes de la Première Guerre mondiale, ultimes témoins directs de cette nuit de quatre ans qui a saigné l'Europe.

L'Europe, telle que nous la connaissons aujourd'hui, s'est avant tout bâtie par la volonté sans faille d'hommes animés de la volonté d'inscrire durablement la paix sur notre continent. Grâce à eux, les nations qui s'entredéchiraient autrefois ont su développer une amitié pérenne qui a relégué les conflits au rang de souvenirs douloureux.

Or, il ne reste plus aujourd'hui que six survivants du premier conflit mondial, tous plus que centenaires, pour autant d'histoires personnelles qui ont ensuite traversé le siècle et ses autres guerres. À chaque jour qui passe se rapprochent inéluctablement la disparition de ces derniers poilus et l'extinction programmée de la transmission du souvenir.

À l'heure où l'on érige le devoir de mémoire en instrument central de l'exorcisme de toutes guerres et exactions dont l'homme est capable, nous laissons échapper, dans une indifférence polie, le témoignage inestimable de ces hommes.

Pourtant, une délégation d'anciens combattants vient solennellement ranimer chaque jour la flamme du Soldat inconnu pour commémorer la mémoire de tous les hommes et toutes les femmes tombés au combat. Depuis 1925, 3 757 gardes d'honneur bénévoles se relaient également chaque jour, tout au long de l'année, de l'aube au crépuscule, pour entretenir, à l'ossuaire de Lorette, le souvenir des combattants de la Bataille d'Artois.

Pour donner encore plus de sens à ce devoir de mémoire, la Nation s'honorerait en organisant des funérailles nationales à l'occasion de l'inhumation du dernier poilu reconnu comme tel, tandis que cette échéance est de plus en plus proche. Il s'agirait là du dernier témoignage de notre dette à tous à leur égard.

Cette inhumation serait également l'occasion pour la Nation de rendre un hommage solennel à l'ensemble des combattants de la Première Guerre mondiale, quels qu'aient été leur nationalité, leur origine, leur grade ou leurs faits d'armes. Cette commémoration pourrait prendre la forme d'une cérémonie solennelle présidée, en un lieu particulièrement symbolique, par le Président de la République, à laquelle seraient associés des représentants de l'ensemble des nations belligérantes d'hier.

Une telle cérémonie serait aussi l'occasion pour l'ensemble de nos compatriotes de réfléchir à l'héritage que nous ont légué ces derniers témoins, à ce que signifie la mémoire lorsque les acteurs s'en sont définitivement allés, et au prix du sacrifice pour que la France demeure.

Parce que le passé n'est que la préface du présent, ce souvenir doit être affirmé dans la solennité.

Tel est l'objet de la présente proposition de loi.

PROPOSITION DE LOI

Article 1 er

Des funérailles nationales seront organisées pour l'inhumation du dernier poilu français reconnu.

Article 2

Un hommage solennel sera rendu par la Nation à l'ensemble des anciens combattants de la Première Guerre mondiale à l'occasion de l'inhumation du dernier poilu reconnu.

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