Question de M. GRIGNON Francis (Bas-Rhin - UMP) publiée le 13/02/2004

Question posée en séance publique le 12/02/2004

M. Francis Grignon. Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, le Gouvernement a engagé une politique courageuse de réformes structurelles et de baisse des impôts et des charges qui commence à porter ses fruits (Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC)...

M. Jean Chérioux. C'est la vérité !

M. René-Pierre Signé. Les fruits sont en train de tomber, oui !

M. Francis Grignon. ... puisque la croissance annoncée par l'INSEE au quatrième trimestre de 2003 est très encourageante. Ne vous en déplaise, les faits sont têtus !

Je me réjouis que la France soit enfin sur le chemin de la reprise.

M. Jean-Pierre Sueur. Ce n'est pas une question, mais une déclaration !

M. Francis Grignon. Cela montre que le Gouvernement a fait les bons choix en matière économique, sociale et budgétaire. (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste.) Le cap est bon et il doit être tenu, d'autant plus que cette stratégie a été validée lors de votre dernière réunion du G 7, monsieur le ministre.

Il reste néanmoins un point noir (Ah ! sur les travées du groupe socialiste)...

M. René-Pierre Signé. Il est lucide !

M. Francis Grignon. ... largement évoqué lors de ce même G 7, à savoir le mouvement désordonné des taux de change (Exclamations sur les mêmes travées)...

M. René-Pierre Signé. Cela inquiète les chômeurs et les RMIstes !

M. Francis Grignon. ... qui pénalise notre commerce extérieur et qui pourrait perturber fortement la reprise économique en France et en Europe !

En tant que rapporteur du groupe de travail de la commission des affaires économiques du Sénat sur les délocalisations des industries de main-d'oeuvre, je suis particulièrement attentif à l'évolution de la parité euro-dollar. Je pense qu'il en est de même pour mes collègues de l'opposition !

La reprise internationale est là. Vous conviendrez qu'elle doit profiter à tout le monde, aux Européens comme aux Américains.

Monsieur le ministre, ma question est simple et comporte trois volets.

Premièrement, quels enseignements tirez-vous du consensus que vous avez obtenu au G 7 sur la volatilité des taux de change ?

Deuxièmement, quelles mesures concrètes seront prises pour traduire ces bonnes résolutions dans les faits ?

Enfin, troisièmement, pensez-vous que l'Europe parviendra demain à mieux faire valoir son point de vue (Exclamations sur les travées du groupe socialiste)...

M. Raymond Courrière. Mais oui !

M. Francis Grignon. ... et ainsi à mieux défendre ses intérêts, ses entreprises et ses emplois ?

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Réponse du Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie publiée le 13/02/2004

Réponse apportée en séance publique le 12/02/2004

M. Francis Mer, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le sénateur, il est incontestable que la reprise s'annonce et commence à être perceptible à travers les chiffres.

Nous les découvrons toujours avec un temps de retard puisqu'il faut attendre au moins un mois pour savoir ce qui s'est passé au cours du trimestre précédent, mais nous sommes tous d'accord, je le pense, pour dire que l'année 2004 aura un profil d'activité nettement plus satisfaisant que l'année 2003. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)

M. Michel Dreyfus-Schmidt. Sauf pour les élections !

M. Francis Mer, ministre. Dans ce contexte, le point de fragilité, celui de la volatilité des changes, a été souligné lors de la réunion du G 7 en Floride.

M. René-Pierre Signé. C'est le début de la fin !

M. Francis Mer, ministre. Si nous avons réussi à le souligner, à faire partager l'intérêt que nous aurions tous à ce que cette volatilité diminue, c'est d'abord parce que, quelques jours auparavant, nous avions pris une position très claire à l'échelon européen, en total accord avec la Banque centrale européenne. C'est la première fois depuis très longtemps que les Européens, à travers une position uniforme, ont réussi, non pas à imposer, mais à faire partager leur point de vue par leurs collègues.

Les problèmes de déséquilibre, qui entraînent des fluctuations monétaires désordonnées, découlent de la vitesse à laquelle le monde se globalise.

Nous vivons une période historique que, par hypothèse, nous n'avons jamais connue, puisque l'histoire se bâtit tous les jours. Il en résulte, en termes de vitesse de changement, des phénomènes que nous devons maîtriser, le moins mal possible, en tenant compte cependant du contexte « gagnant-gagnant » que vous avez évoqué. Autrement dit, toutes les économies se développent. La moitié du monde connaît une croissance de 8 % à 9 % par an.

M. René-Pierre Signé. Pas nous !

M. Francis Mer, ministre. C'est vrai pour les pays qui partent d'un niveau bas...

M. René-Pierre Signé. Nous ne sommes pas du bon côté !

M. Francis Mer, ministre. ... mais au terme d'une période de dix ans, une croissance de 8 % ou 9 % signifie, vous le savez, le doublement du niveau de vie.

En même temps, les pays développés, européens et américains, doivent comprendre comment ils peuvent continuer à tirer leur épingle du jeu en termes d'activité, donc de niveau de vie.

M. René-Pierre Signé. C'est passionnant !

M. Francis Mer, ministre. Cela passe non seulement par une certaine maîtrise des taux de change...

M. René-Pierre Signé. On écoute avec attention !

M. Francis Mer, ministre. ... mais surtout, pour ce qui concerne la France, par la compréhension par toutes les entreprises de l'intérêt évident d'exporter plus.

Soyons clairs : les entreprises françaises, hormis les plus grandes, ne sont pas les championnes de l'exportation. Comparez avec ce qui se passe en Allemagne !

C'est un phénomène qui tient à l'histoire de la France, c'est vrai, mais il appartient au Gouvernement d'expliquer aux entreprises que leur devenir dépend, non pas uniquement du marché français, mais aussi du marché mondial. Petit à petit, elles s'y feront.

Par ailleurs, les entreprises doivent comprendre également que c'est en investissant dans la matière grise,...

MM. Jacques Mahéas et Daniel Raoul. C'est pour cela qu'il faut développer la recherche !

M. Francis Mer, ministre. ... les qualifications et le développement qu'elles continueront à tenir leur place dans le commerce international et dans une production de plus en plus concurrentielle.

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