III. LA DISTRIBUTION DE L'EAU

A. LE TRANSPORT DE L'EAU

Chaque année, en France, de l'ordre de 5,6 milliards de m 3 sont distribués par un réseau de canalisations compris entre 800 et 850.000 km. L'attention portée à cet équipement est très récente, mais les conclusions d'une enquête diligentée en 1999 par l'association des départements de France étaient préoccupantes. Le parc des canalisations est ancien et le rythme de renouvellement est particulièrement faible, autour de 0,6 % par an, ce qui conduit à un renouvellement du parc en un siècle. Cette situation n'est pas satisfaisante et risque de se traduire par des perturbations sur la qualité de l'eau distribuée, en particulier en milieu rural.

1. Le transport de l'eau, facteur d'instabilité biologique de l'eau

L'eau est un milieu vivant. L'eau potable sortie d'usine avec le meilleur filtre de traitement contient de 1 à 10 millions de microorganismes par litre dont 1% sont vivants, ce qui fait quand même encore de l'ordre de 10.000 à 0,1 million...La quasi totalité sont des germes banals mais même s'il n'y a que 1% ou 1 pour mille de germes pathogènes, il en reste toujours suffisamment pour entraîner une contamination d'un usager.

L'eau est aussi un milieu favorable au développement de la vie. Dans la plupart des réseaux d'eau potable, le transport de l'eau s'accompagne d'une multiplication du nombre de micro organismes qui disposent là d'un milieu favorable pour s'accrocher sur les parois des canalisations. En effet, l'interface eau-matériau constitue le lieu privilégié d'accumulation de matière organique et de multiplication des bactéries constituant ce qu'il est convenu d'appeler un biofilm. L'analyse des surfaces dans les différents réseaux met en évidence de l'ordre de 1à 10 millions de cellules par cm2 ! La prolifération des microorganismes est suivie de leur détachement ou de leur arrachage et de leur transport par l'eau circulante. Ce biofilm sera d'autant plus important que les conditions de vie s'y prêtent (température élevée, nourriture...). La constitution de ce biofilm est inévitable, mais s'il se développe trop, les bactéries se décrochent, partent au fil de l'eau et rejoignent le circuit de distribution de l'usager. Ainsi, le biofilm final est le résultat de trois composantes : l'apport de cellules, lié à la vitesse de circulation et à la densité cellulaire des eaux distribuées, la multiplication de la biomasse, et le relargage des bactéries lorsqu'il y a prolifération.

La biomasse bactérienne qui se multiplie dans le réseau est le point de départ d`une chaîne trophique au sein de laquelle on observe la multiplication de protozoaires, consommateurs de bactéries, mais aussi véhicules potentiels de microorganismes pathogènes. Comme on le verra, le chlore est très peu efficace contre cette contamination bactérienne. Le chlore agit sur les particules en suspension mais il n'atteint pas sa cible lorsqu'elle est protégée au sein du biofilm. Il est impossible de désinfecter 850.000 km de réseaux !...

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