2. Bilan de la qualité de l'air en France et en Europe

Un bilan de la qualité de l'air en France et en Europe au regard des polluants classiques a pu être établi dans la plupart des associations régionales et organismes équivalents des pays européens.

a) En France

La réduction de la pollution par les polluants primaires (dioxyde de soufre - SO 2 , monoxyde de carbone - CO et plomb) est incontestable. En revanche, l'évolution des teneurs des polluants secondaires tels que les oxydes d'azote et l'ozone est assurément moins claire en raison principalement du manque de recul dans la mesure de ces substances et également de l'impact déterminant des conditions météorologiques. L'absence de mesures, tant des substances toxiques (composés aromatiques, hydrocarbures aromatiques polycycliques, hydrocarbures chlorés, aldéhydes, cadmium, etc.) que des composés organiques primaires à l'origine de la pollution photochimique, ne permet malheureusement pas de statuer sur l'évolution de leurs concentrations.

Sauf cas particulier, la majorité des sites surveillés respecte les valeurs limites des directives de l'Union Européenne (dioxyde de soufre et particules, oxydes d'azote, plomb et ozone). Il convient cependant de noter que, depuis huit années consécutives, les conditions atmosphériques hivernales sont relativement douces et heureusement peu propices au développement d'épisodes de pointes de pollution.

Cependant, un tiers des sites de mesure des particules fines (fumées noires) enregistrent des moyennes journalières de pointe supérieures à la valeur guide fixée par l'Union européenne. L'expansion du diesel contribue au maintien d'une pollution par les particules fines. En 1993, 45 % des voitures particulières nouvellement immatriculées en France sont à motorisation diesel.

Enfin, les teneurs en plomb (Pb) dans l'air des villes poursuivent leur chute en raison, notamment, de la consommation croissante d'essence sans plomb (en juin 1994, les ventes d'essence sans plomb représentaient 48 % des ventes totales d'essence). Si la quasi-totalité des sites exposés à la pollution automobile respecte, en 1993, les valeurs recommandées par l'OMS pour le plomb, en revanche 50 % des sites proches d'émetteurs industriels rejetant ce polluant ne les respectent pas.

En revanche, aucune tendance générale claire ni à la hausse ni à la baisse, ne se dégage sur les données issues des stations de surveillance des oxydes d'azote. À noter qu'en matière de rejets, les émissions d'oxydes d'azote (Nox), après une hausse jusqu'en 1986 enregistrent une décroissance notable (7 % entre 1991 et 1993) en raison notamment de la diminution des émissions industrielles. En revanche, depuis 1990 et malgré la pénétration récente et progressive des catalyseurs destinés à réduire les émissions des voitures particulières à essence, les émissions de Nox issues du trafic restent, globalement, relativement constantes (après une hausse de 23 % entre 1980 et 1989). Malgré une baisse des immatriculations des véhicules neufs, la croissance du parc automobile se poursuit et les véhicules âgés tendent donc à être maintenus en circulation. Or, des études ont montré qu'une part importante des émissions de polluants automobiles provient de véhicules anciens. Environ, 15 % des sites de mesure du dioxyde d'azote ne respectent pas, en 1993, les valeurs-seuils recommandées par l'Union européenne et l'OMS.

Il n'est malheureusement pas possible de mettre en évidence une évolution claire des concentrations d'ozone (03) troposphérique. En effet, le dispositif de surveillance de ce constituant, relativement limité jusqu'à présent, est en cours, de redéploiement et d'extension mais sur le court terme les dépassements des valeurs recommandées pour l'ozone par l'Union européenne et l'OMS sont nombreux dans certaines zones urbaines et périurbaines.

b) Comparaisons européennes

L'association de surveillance de l'Île de France, AIRPARIF a établi une comparaison des niveaux de pollution observés entre 1990 et 1992 dans 28 villes d'Europe et concernant quatre polluants : le dioxyde de soufre (S0 2 ), les poussières, le dioxyde d'azote (NO 2 ) et l'ozone (O 2 ). Malgré les difficultés rencontrées pour l'interprétation des résultats (incertitudes sur la représentativité des sites et sur le mode de calcul de certaines grandeurs), les grandes lignes dégagées par AIRPARIF sont reprises ci-après :

- en ce qui concerne le dioxyde de soufre, les niveaux annuels de l'agglomération parisienne sont plutôt faibles. Des villes comme Leipzig ou Prague présentent des moyennes 4 à 6 fois plus fortes. La situation de Paris est équivalente à celle de Londres ou Barcelone ;

- en ce qui concerne les poussières, les niveaux annuels de poussières sont plutôt moyens à Paris, en comparaison des autres villes européennes. Prague et Athènes ont des moyennes 2 à 3 fois plus fortes. Les niveaux de Paris sont équivalents à ceux de Francfort ou Zurich et supérieurs à ceux de Londres ;

- en ce qui concerne le dioxyde d'azote (NO), l'agglomération parisienne fait partie des 10 villes où les niveaux annuels sont les plus forts (sur 28) avec 70 ug/m 3 . Les villes les plus exposées sont Milan (143 ug/m 3 ) et Athènes (120 ug/m 3 ) ;

- en ce qui concerne l'ozone (O 3 ), les niveaux annuels d'ozone à Paris sont parmi les plus faibles avec Londres (22 ug/m 3 ). Athènes est très nettement la ville la plus exposée avec une moyenne annuelle de 80 ug/m 3 (4 fois Paris). Les maxima horaires montrent par contre des situations fortes à Paris, Berlin, Barcelone et Athènes. Les villes de Grande-Bretagne sont moins exposées.

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