2. Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé publique

La pollution atmosphérique constitue un phénomène très complexe à appréhender étant donné le nombre de polluants qui entrent en jeu et il est difficile de mettre en évidence des corrélations scientifiquement démontrées en matière de santé publique.

En France, l'étude ERPURS (Évaluation des Risques de la Pollution urbaine pour la Santé), publiée en 1994, a été menée par l'Observatoire régional de la Santé d'Île-de-France avec le soutien de la région. Elle a permis de mieux cerner les liens à court terme entre la santé et la pollution atmosphérique urbaine. En 1996, deux études épidémiologiques ont été réalisées à Lyon et dans l'agglomération parisienne afin d'estimer l'impact de santé publique à court ternie sur les mortalités respiratoire et cardio-vasculaire de la pollution atmosphérique de type acide particulaire. Sur la base de ces études, on peut raisonnablement faire état des éléments suivants.

a) Effets à long terme

En ce qui concerne les effets à long terme qui peuvent se traduire par des maladies comme la bronchite chronique, l'emphysème, le cancer, l'asthme chronique, il est difficile d'établir une corrélation précise entre le risque des différents polluants et l'apparition de ces pathologies. Par ailleurs, les particules émises sont suspectées d'être cancérigènes : la démonstration de causalité n'est pas faite chez l'homme. Elle sera très difficile à établir puisque les temps de latence entre l'exposition et la survenue de la maladie sont de 15 à 20 ans.

b) Effets à court terme

? À court terme, on peut observer une sensibilité accrue aux infections qui peut conduire à des rhino-pharyngites, des bronchites, des angines, des infections pulmonaires et une irritation des voies respiratoires et, notamment, de l'arbre bronchique.

Cette hyperactivité bronchique entraîne des crises d'asthme plus nombreuses et plus graves. En France, 2,5 millions de personnes sont concernées. Sa prévalence et sa gravité augmentent (fréquence multipliée par deux en dix ans) et les sujets touchés sont de plus en plus jeunes.

Parmi les très nombreuses substances contenues dans les gaz d'échappement, plusieurs peuvent avoir un effet irritant et inflammatoire sur l'appareil respiratoire. Les polluants les plus préoccupants pour la santé sont les oxydes d'azote (Nox) et l'ozone qui atteignent régulièrement surtout durant l'été, des pics de pollution durant lesquels les seuils admissibles sont dépassés, ainsi que les particules inhalables. Leurs effets sont résumés dans le tableau ci-contre :

Les oxydes d'azotes

(NOX)

L'ozone

(O 3 )

Les particules en suspension (PS)

ORIGINE

Ils proviennent surtout des véhicules (environ 75 %) et des installations de combustion (centrales énergétiques...). Le pot catalytique permet une diminution des émissions de chaque véhicule. Néanmoins, les concentrations dans l'air ne diminuent guère, compte tenu de l'âge et de l'augmentation forte du parc et du trafic automobiles

L'ozone résulte de la transformation photochimique de certains polluants dans l'atmosphère (NOX et COV) en présence de rayonnement ultraviolet solaire. Les pointes de pollution sont de plus en plus fréquentes, notamment en zone urbaine et périurbaine.

Elles constituent un complexe de substances organiques ou minérales. Elles peuvent être d'origine naturelle (volcans) ou anthropique (combustion industrielle ou de chauffage, incinération, véhicules). On distingue les particules « fines » provenant des fumées des moteurs « diesel » ou de vapeurs industrielles recondensées et les « grosses » particules provenant des chaussées ou d'effluents industriels (combustion et procédés).

POLLUTION

Les NOX interviennent dans le processus de formation d'ozone dans la basse atmosphère. Ils contribuent également au phénomène des pluies acides.

L'ozone participe principalement à la pollution dite « photooxydante » et contribue également aux pluies acides, ainsi qu'à l'effet de serre.

Les particules les plus fines peuvent transporter des composés toxiques dans les voies respiratoires inférieures (sulfates, métaux lourds, hydrocarbures...).

EFFETS SUR LA SANTÉ

Le NO 2 pénètre dans les plus fines ramifications des voies respiratoires.

Il peut, dès 200 ug/m 3 , entraîner une altération de la fonction respiratoire et une hyper-réactivité bronchique chez l'asthmatique et, chez les enfants, augmenter la sensibilité des bronches aux infections microbiennes.

C'est un gaz agressif qui pénètre facilement jusqu'aux voies respiratoires les plus fines. Il provoque, dès une exposition prolongée de 150 à 200 ug/m 3 des irritations oculaires, de la toux et une altération pulmonaire, surtout chez les enfants et les asthmatiques. Les effets sont majorés par l'exercice physique et sont variables selon les individus.

Les plus grosses sont retenues par les voies aériennes supérieures. Les plus fines, à des concentrations relativement basses, peuvent surtout chez l'enfant, irriter les voies respiratoires ou altérer la fonction respiratoire.

? Les études épidémiologiques menées à Lyon (410.000 habitants) et Paris, ainsi que les trois départements limitrophes (6.140.512 habitants), mettent en avant que, parmi l'ensemble des relations étudiées, c'est entre l'indicateur de dioxyde de souffre (SO 2 ) et l'indicateur de particules que les associations, avec la mortalité prématurée au titre des maladies cardio-vasculaires ou des affections respiratoires, ont été statistiquement le plus significatives. Compte tenu des populations concernées, la fréquence du risque demeure faible, mais cette constatation ne dispense pas les pouvoirs publics d'une politique courageuse de lutte contre la pollution atmosphérique.

Pour conclure, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas de risque sanitaire nul. La difficulté consiste donc à fixer un niveau socialement acceptable de ce risque sanitaire, compte tenu de coûts économiques attendus.

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