III. QUELLES CARENCES ?

A. Carences de culture entrepreneuriale

"Esprit d'entreprise, goût du risque, effort d'innovation", voilà des mots qui ne font plus l'unanimité parmi les jeunes et les moins jeunes qui préfèrent "statut de fonctionnaire, sécurité, loisirs, tradition". Pourtant, il serait sans doute aisé d'enthousiasmer ou de passionner. Mais tous ceux qui forment l'opinion, tous les hommes de radio, de télévision, voire même certains journalistes de presse écrite, sont formés à autre chose : suivre le sensationnel, fouiller les éventuels scandales ou bien appuyer sur les fibres sentimentales liées à la maladie, la pauvreté, le chômage.

Il faut, bien entendu, dénoncer les scandales et promouvoir la solidarité. Mais ne faut-il pas aussi lutter contre la sinistrose qui engendre la pauvreté et, au contraire, glorifier les hommes et les femmes qui créent, osent, travaillent dur, et innovent ?

Ce n'est pas à la seule éducation nationale ou parentale que l'on peut laisser ce soin. C'est aussi aux médias de s'en préoccuper.

A côté de cette carence vis-à-vis du rôle d'une culture d'entreprise, une autre carence volontiers dénoncée est celle du système financier. La frilosité des banques vis-à-vis de l'investissement immatériel est connue. C'est vrai en Europe. C'est encore plus grave en France et les règles comptables -et les habitudes administratives- y sont pour beaucoup.

Des avancées ont été faites, mais après de longues luttes. Il a fallu dix ans pour que le service de législation fiscale du ministère des Finances admette l'existence d'entreprises innovantes définies comme telles par l'ANVAR. Et l'introduction d'obligation pour les fonds de pension d'aider les "poules aux œufs d'or de l'économie" n'est pas encore entrée dans les faits. L'équivalent du NASDAQ en Europe commence à peine tant en France ( Le Nouveau Marché ) qu'en Allemagne ( Neu Markt ) et l'EASDAQ est encore moins avancé.

Ensuite, en matière de gestion des entreprises innovantes, nous ne disposons pas des hommes habitués à gérer la croissance rapide dans un environnement réactif et compétitif. La mise en place de cycles de formation (mastères spécialisés dans les grandes écoles) s'impose.

Enfin, la rapidité de réaction nécessaire tant de la part du système politique, qu'administratif et financier n'est plus adapté au monde qui s'ouvre avec la Société de l'Information.

On ne peut raisonner en années pour la prise de décision quand d'autres raisonnent en termes de semaines. C'est probablement là que le terme de révolution culturelle s'applique. N'oublions pas que c'est parce que les mammifères étaient intellectuellement plus rapides qu'ils ont pris le pouvoir sur terre et que c'est parce que l'espèce humaine était capable de s'adapter rapidement à des situations évolutives qu'elle a sa position prépondérante dans notre planète.