IV. CONCLUSIONS

1. Une terminologie confuse et inadaptée

Les termes le plus souvent utilisés sont ambigus.

•  La métaphore inforoutes ou " autoroutes de l'information " ne rend pas compte du fait qu'il s'agit d'échanges instantanés , d' informations , de communications personnelles (messages) et de services (transactions à distance par exemple).

On ne voit pas non plus apparaître le caractère varié des voies de transmissions (réseaux filaires, transmission hertzienne terrestre ou satellitaire).

•  L' " interactivité " dont on parle existe à des degrés divers. Le simple passage d'une consommation "au menu" à une consommation "à la carte" de programmes audiovisuels est une forme très élémentaire d'interactivité. La consultation de bases de données ou la réalisation de transactions est déjà plus élaborée. Mais l'interactivité maximale existe en téléphonie et dans le travail en commun effectué à l'aide d'ordinateurs en réseau, par exemple reliés en ATM grand débit. Le débit nécessaire pour la voie de retour n'est évidemment pas du tout le même dans tous ces cas. Il va de quelques kbit/s à plus de 10 Mégabit/s

•  Le terme multimédia est lui aussi ambigu. Il désigne non pas le vieux multimédia (cinéma, télévision) mais le récent (accès par ordinateurs à de nouveaux supports de stockage magnéto-optiques).

Il vise à la fois le transport (texte, image et son) et le contenu (combinaison de ces mêmes données dans des documents spécifiques...). Le multimédia c'est, en définitive, la possibilité d'ajouter de l'image, du son ou d'autres données à des médias qui, jusqu'alors, ne le permettaient pas. Ainsi les postes de radio numériques automobiles qui permettent d'afficher des cartes routières sur leurs écrans ou les places d'hôtel libres, avec éventuellement photo de la chambre, sont multimédia...).

•  Le mot " virtuel ", enfin, est ambigu et trompeur. Il désigne la simulation du réel et des créations purement imaginaires. S'agissant de réseaux, il signifie que les structures physiques des réseaux ne sont pas affectées à un seul usage mais à plusieurs utilisateurs ou services simultanément, à tout instant (notion de conduits ou de circuits "virtuels"). Il peut aussi désigner des réunions bien réelles comme une conversation téléphonique avec vision de partenaire.

Il désigne enfin des individus qui sont des personnes physiques bien réelles reliées par le réseau sous forme de communautés virtuelles ou des magasins imaginaires qui présentent des images permettant d'acheter à distance des biens réels, etc...

A mon sens, ce terme virtuel a un effet néfaste sur l'opinion de même que l'excès de recours à la notion de cyberespace, cybernaute, etc. A lieu de simplifier ceci ajoute à la confusion mentale.

2. Les vrais apports des nouvelles techniques d'information et de communication

Les technologies de l'information reposent sur des découvertes.

Il s'agit pour l'essentiel du fruit d'une évolution technique et économique accélérée, plus rapide que celle des esprits et en avance sur les usages, ce qui caractérise la notion de révolution et de révolution culturelle qui reste à faire, alors que la révolution technique est là. La mise à disposition, instantanée, dans le monde entier, à un nombre croissant d'individus, d'une quantité multipliée d'informations de toute sorte.

Ubiquité, instantanéité, multimédia, interactivité, croissance du nombre de données échangées et d'utilisateurs, tels sont les principaux apports des nouvelles techniques d'information et de communication.

Il est difficile à tout un chacun, artisan ou artiste, patron de PMI ou homme de loi, élu local ou ministre, de se sentir transporté dans un monde où des millions d'individus peuvent presque gratuitement être informés, sollicités ou touchés.

Il est difficile à un financier de comprendre qu'une petite société qui vient d'être créée dépense des dizaines de millions pour fabriquer un produit qu'elle met gratuitement à disposition de millions d'utilisateurs. Et que, à la suite de cette opération, le PDG de cette société devienne en quelques mois aussi riche que le prestigieux Bill Gates, patron de Microsoft, l'homme le plus riche des États-Unis.

Il est difficile d'imaginer ce que sera un monde où chacun peut avoir accès à toute l'information mise à disposition par les sociétés, les consultants. C'est proprement l'anarchie, la non hiérarchie. Est-ce la démocratie du XXIe siècle ? Et comment reconstruire une nécessaire organisation du monde économique et de la société ?

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