E. La recherche

La recherche, qui s'apparente par certains côtés à un service public et, par d'autres, à une activité privée à but lucratif, est bien sûr l'un des principaux utilisateurs des réseaux d'information et de communication.

1. L'utilisation d'Internet

L'épine dorsale d'Internet aux États-Unis a été constituée par un réseau de la NSF ( National Science Foundation ), dédiée à la recherche, et reliant de gros ordinateurs : le NSFNET. Ce réseau avait pris le relais d'une infrastructure développée à partir de 1969 par le département des projets avancés de l'année américaine (ARPA) : ARPANET.

Inventé ainsi par des militaires, récupéré par les scientifiques, Internet est devenu un outil de travail indispensable à ces derniers. Il leur permet de confronter leurs idées. Il accélère leur travail quotidien en leur donnant les moyens d'échanger des documents par messagerie et d'accéder à des bases de données (bibliothèques universitaires...) dans le monde entier.

L'entrée massive sur le réseau des particuliers et d'entreprises privées a cependant quelque peu modifié, pour le milieu scientifique, les conditions d'usage d'Internet qui commence à souffrir des problèmes de congestion et d'insuffisance de débits.

Des bases de données scientifiques importantes continuent cependant à être créées, mises à jour et consultées sur Internet : le catalogue des étoiles observées par le satellite Hipparcos , par exemple, qui risque cependant de saturer les capacités du réseau ou le Brain Map (atlas du cerveau) qui a recours à des méta-données (données sur les données) et à un codage anatomique très concis pour rester dans les limites de débit imparties.

De plus en plus de revues scientifiques sont, par ailleurs, publiées en ligne.

Plusieurs solutions sont envisagées pour faire face aux difficultés liées à la congestion du réseau qui n'a pas été conçu pour des applications à haut débit et en temps réel : rendre l'accès payant (c'est déjà le cas, en dehors des campus, pour les étudiants d'universités et de collèges californiens) ; réserver aux universitaires et aux chercheurs des voies rapides particulières ou leur donner une priorité sur Internet ; multiplier les serveurs miroirs, avec contenu mis à jour aux heures creuses, pour satisfaire les demandes les plus fréquentes. Nous évoquerons plus bas le projet Internet lancé par les universités américaines avec l'appui d'industriels.

2. Les réseaux dédiés

Aux États-Unis, la colonne vertébrale ( backbone ) d'Internet a été privatisée en 1995. La NSF envisage de créer un nouveau réseau à très haut débit (155 Mbit/s) pour relier ses cinq principaux centres de calcul ( very high speed backbone network service ou VBNS). Elle compte demander aux universités d'augmenter, de leur côté, les capacités de leurs propres réseaux pour accéder à la fois à cette nouvelle infrastructure ultra rapide et à Internet.

En Grande Bretagne, un nouveau réseau Super Janet , remplaçant l'ancien Janet ( Joint Academy Network ) et connecté au NSFNET, doit relier les universités britanniques et servir de support à la consultation de banques de données, à la confection de journaux électroniques interactifs ou à du télé-enseignement.

L'équivalent, en France, est le Réseau national pour la recherche ( Renater ) qui interconnecte par des liens à haut débit quelques 200 réseaux locaux et 15.000 postes de travail. Il vient d'être prévu d'y raccorder aussi progressivement un nombre croissant de lycées, collèges et écoles. Ces réseaux haut débit dédiés à la recherche sont liés à Internet (qui est un réseau de réseaux) et utilisent la commutation ATM. Comme le soulignait l'hebdomadaire scientifique britannique Nature (n° 380 du 14 mars 1996), le besoin de telles infrastructures est né davantage de la volonté des chercheurs d'utiliser de nouvelles méthodes de travail coopératives que de la congestion d'Internet dont ils auraient pu, tant bien que mal, s'accommoder.

Le projet Renater 2 envisage des débits de 600 Mégabits.

Les conséquences des nouvelles techniques d'information et de communication sont donc extrêmement variées et importantes puisqu'elles concernent pratiquement toutes les activités humaines, sous la plupart de leurs aspects, et changent la manière de les considérer et de les exercer.

L'introduction de ces techniques ne peut être cependant que progressive.