III. UNE PÉDAGOGIE RÉNOVÉE : DE L'ENSEIGNEMENT À L'APPRENTISSAGE

" Plus on enseigne, moins on apprend ", pouvait dire, en forme de boutade, Mme COHEN. Cette affirmation contradictoire pose en elle-même la question de l'apprentissage.

La pédagogie classique, celle du cours magistral où le professeur délivre un savoir devant des élèves, est-elle encore d'actualité face aux moyens offerts par les NTIC ?

Les NTIC vont-elles tout bouleverser, mettre en cause les pratiques les plus anciennes dans l'acquisition des savoirs fondamentaux ?

Se dirigerait-on, seulement, vers des aménagements tendant à ajouter un outil de plus dans des méthodes pédagogiques classiques ?

L'ordinateur sera-t-il le moyen nouveau d'une pédagogie rénovée, deviendra-t-il un outil quotidien à la disposition des élèves, sera-t-il le nouveau stylo du troisième millénaire ?

Il peut paraître prématuré de poser ces questions, les nouvelles technologies à l'école étant seulement au stade expérimental dans quelques écoles de France. Sans en faire un bilan, il est possible d'en dégager des approches pédagogiques et d'en découvrir les conséquences sur les comportements des élèves. L'extraordinaire variété de pratiques témoigne de la capacité d'imagination des enseignants et des enfants et d'une multitude de possibilités techniques des machines.

Un des objectifs de ce rapport est d'évaluer les résultats de l'usage de ces outils nouveaux, d'en dégager des propositions pédagogiques et techniques, d'en proposer l'analyse critique aux décideurs politiques comme aux professeurs.

1. L'usage scolaire des NTIC [55]

Les renseignements ont été collectés de trois façons :

- par des visites, en France et à l'étranger, d'établissements scolaires et entretiens avec les enseignants ou des responsables d'initiatives pédagogiques ;

- par la récolte d'autres renseignements et notamment par la visite de sites disponibles sur Internet ;

- par le dialogue ouvert grâce au Forum Apprentic mis en oeuvre sur le serveur Internet du Sénat [56] .

Les pratiques apparaissent multiples et les objectifs divers, sans pour autant être hétérogènes.

a) Constat : l'usage scolaire des NTIC, de multiples expérimentations

Les usages scolaires de l'outil multimédia varient sensiblement selon le type d'équipement disponible ainsi que l'âge et le niveau scolaire des enfants. Pourtant, les pratiques tendent à se rejoindre et contribuent à l'élaboration, même dispersée d'une pédagogie de l'autonomie et de la responsabilité.

• La salle multimédia :

- En maternelle :

La mise à disposition d'une salle multimédia équipée de plus de dix voire quinze ordinateurs permet de mettre simultanément tous les élèves d'une classe, dans un temps donné, sur des machines. Dans ce schéma organisationnel, les enfants de la classe maternelle ont recours à l'ordinateur dans un fonctionnement d'abord ludique. Les jeux, le dessin, le maniement des couleurs leur permettent d'avoir un premier contact avec l'ordinateur ; ils apprennent à manipuler la souris et le minimum de rigueur nécessaire pour faire fonctionner l'appareil.

Si de nombreux intervenants estiment pertinent le recours à l'ordinateur dans une fonction ludique, dès la grande classe de maternelle, des expérimentations, peut-être plus marginales mais non moins significatives, tentent d'utiliser l'ordinateur comme un moyen d'apprentissage précoce de la lecture.

Une étude consacrée à l'apprentissage précoce de la lecture, avant les six ans réglementaires avec un " ordinateur qui parle " mérite d'être rapportée. Un logiciel spécifique a été mis au point pour cette recherche. Les mots tapés par l'enfant sur le clavier apparaissent à l'écran, sont simultanément parlés par l'ordinateur. Au point de départ de cette recherche, la réflexion d'une institutrice : " Je voudrais que les enfants entendent ce qu'ils tapent à l'ordinateur ! ".

Ce travail apprend que l'ordinateur permet la prise en charge :

- des connaissances des lettres, " que les enfants identifient très rapidement " ;

- des connaissances du vocabulaire de base ;

- de l'autocorrection : " boiture " au lieu de " voiture ". L'ordinateur indique l'erreur que l'enfant doit corriger.

Pour l'enseignante en responsabilité de cette recherche : " Les enfants sont à tout moment actifs et attentifs, ce qui développe en eux une capacité d'attention inhabituelle à cet âge. Ils sont autonomes devant l'ordinateur (...). Ils développent un goût esthétique pour le travail propre et bien fait en raison des productions parfaites qu'ils obtiennent à la sortie de l'imprimante ".

- En primaire :

L'apprentissage, dans une configuration identique, pour des élèves de primaire, permet une utilisation inscrite dans la logique des programmes ; Les élèves réalisent alors des exercices découlant des matières traditionnellement enseignées : conjugaisons, opérations, ...

Une salle multimédia, pour certains enseignants rendrait inutile des ordinateurs dans les classes, l'intérêt d'une salle spécifique équipée d'ordinateurs étant fortement revendiqué par certaines équipes pédagogiques [57] . Cette façon de procéder semble correspondre à une pratique ancrée dans des méthodes traditionnelles : l'enseignement fonctionne d'abord par discipline (pour l'école) et par matière (pour le collège et le lycée) dans le cadre d'un temps scolaire clairement déterminé.

• L'ordinateur en fond de classe :

Cette configuration, toute différente de la précédente, suscite des pratiques pédagogiques rénovées : la classe n'est plus alors organisée comme un temps d'enseignement identique où tous les élèves font la même chose au même moment. Au contraire, des contenus différenciés sont proposés : certains travaillent en autonomie sur des machines tandis que d'autres font un travail différent, seuls ou avec le maître ou l'enseignant.

Par exemple, dans une classe de CM2 ainsi équipée, toute la pédagogie de l'enseignante semble fondée sur une autonomie-responsabilité des élèves ; l'ordinateur en fond de salle est accessible aux élèves. Ceux-ci l'utilisent dans le cadre premier de la finalité du réseau : communiquer avec d'autres écoles par l'intermédiaire du courrier électronique. Ils l'utilisent également dans le cadre de la réalisation d'un journal scolaire.

L'ordinateur est à la fois un moyen de communication et un nouvel outil d'écriture. Les élèves n'ont pas été formés à l'usage de la souris, ils le maîtrisent quasi spontanément ; ils sont en revanche fortement incités à apprendre l'usage méthodique du clavier [58] .

Autre exemple en CE1 [59] : Des élèves plus âgés mais en réelle difficulté scolaire peuvent disposer d'un ordinateur ayant pour objectif de valoriser l'autonomie : " Les élèves travaillent par groupe de deux. Ils occupent l'ordinateur une demie heure par jour et par groupe à tour de rôle, afin d'essayer de donner à tous une possibilité journalière d'accès à l'ordinateur. Pendant ce temps, la classe se poursuit normalement. Il n'est pas permis de déranger (l'instituteur) ou de déranger les camarades ; il faut se débrouiller seul , car il est indispensable que le groupe fonctionne avec le plus d'autonomie possible ".

Cette méthode expérimentale fournit un certain nombre d'observations :

- dans l'apprentissage proprement dit : l'attention passe de 10 minutes maximum (enfants de 7 / 8 ans) à 45 minutes, voire plus ;

- dans la prise de décision, le non recours à l'adulte est un élément fondamental quant à l'acquisition d'une autonomie dans le travail ;

- apprentissage de la ponctuation : la synthèse vocale rend incompréhensible toute phrase non ponctuée ;

- réduction du sentiment de culpabilité devant les fautes. " Dans la pédagogie traditionnelle, l'erreur est sanctionnée par l'adulte et il se crée un climat d'anxiété chez l'élève. Or, dans cette situation nouvelle, l'erreur devient source de recherche personnelle : l'élève est mis dans la situation de pouvoir se corriger lui-même... " ;

- plaisir dans le travail (rires !). Disparition de tout sentiment de frustration ;

- l'aide de l'adulte n'est pas gommée, elle est réduite au strict nécessaire ; " Petit à petit, les enfants deviennent plus exigeants envers eux-mêmes : ils écoutent chaque mot écrit, pour s'assurer qu'il est correct. Ce désir de la correction et de ne pas laisser d'erreurs est une attitude très positive qu'ils garderont, nous l'espérons, dans les classes futures. "

• L'utilisation des réseaux :

L'ordinateur connecté aux réseaux offre d'évidentes possibilités pédagogiques s'inscrivant dans une logique très différente de celle des programmes. Moins lié à l'enseignement par matière, associant plus souvent des disciplines diverses, les enseignants ajoutent à ce moyen le dialogue entre classes et écoles par l'intermédiaire du courrier électronique.

Ce type d'apprentissage valorise l'échange, le dialogue, l'ouverture sur le monde. Il paraît pertinent pour l'apprentissage des langues et pour certaines matières, telles la géographie et l'histoire, grandes consommatrices de sources documentaires accessibles par le réseau.

Exemple : les réseaux buissonniers [60] .

Lancés en 1994 à partir de huit écoles primaires du canton de Villard-de-Lans, les réseaux buissonniers reliaient à l'origine ces écoles par l'intermédiaire d'ordinateurs connectés au réseau téléphonique commuté à un serveur multimédia. " Former les jeunes du canton aux évolutions de la société de demain, tel est le pari des réseaux buissonniers " [61] . En 1997, ce sont plus de cent écoles et lycées de ce district qui sont maintenant connectés, offrant à tous les élèves de ces établissements l'accès à Internet, à la communication électronique et à l'outil informatique dans ses fonctions de base.

Quelques applications particulièrement innovantes rendues possibles par les réseaux buissonniers méritent d'être présentées.

- Les cyberchampions. Le lycée Jean Prévost de Villard-de-Lans accueille 800 élèves répartis entre le collège et le lycée. Parmi ces élèves, plusieurs classes sont constituées de sections sportives de haut niveau. Pour les élèves inscrits dans l'une de ces sections, la scolarité, de la seconde à la terminale, s'étale sur quatre ans. Une de ces classes expérimente le recours aux nouvelles technologies.

Ces élèves, qui suivent une formation de ski de compétition, sont absents pendant tout le second trimestre (avec juste deux passages au lycée pendant cette période). Ils sont équipés d'ordinateurs portables leur permettant de travailler à distance, et d'éviter une rupture trop grande avec le travail scolaire.

Dans ce cadre, les 18 élèves de cette section, ont, au cours du premier trimestre, appris les usages fondamentaux de l'ordinateur. Ils ont même suivi une formation à l'usage du clavier à partir de dactylogiciels.

Pendant le second trimestre, les élèves peuvent trouver sur le serveur de l'école des exercices de révision des programmes du premier trimestre. Quatre matières fondamentales sont aujourd'hui l'objet de ce travail à distance : les mathématiques, l'histoire, la géographie, et les langues.

Le fonctionnement totalement asynchrone entraîne une pédagogie fondée sur l'autonomie et la responsabilité des élèves.

S'il est trop tôt pour tirer un bilan définitif de cette expérimentation, la motivation des élèves semble forte, aux dires des professeurs. La personnalisation nécessitée par cet échange à distance entre élèves et professeurs est relevée par les intervenants. L'incitation à la communication écrite - " les élèves sont obligés de bien formuler les questions " - est également mise en avant.

- La junior entreprise. Réalisée dans le cadre du même lycée, cette initiative se déroule dans un cadre extra-scolaire. Les élèves participants sont essentiellement issus de l'option informatique [62] . Elle a pour but la réalisation de projets proposés par des entreprises ou des associations. Ils ont réalisé des pages Web (et donc appris à utiliser le langage de programmation HTML), ils assurent aussi la gestion d'un forum sur Internet.

Le bilan de cette initiative apparaît exemplaire au professeur accompagnant ce projet. Il valorise l'autonomie des élèves ainsi que leur responsabilité. Il établit des ponts avec des entreprises et constitue un premier éveil au monde du travail.

• L'ordinateur, support indispensable aux disciplines scientifiques

L'ordinateur peut occuper dans la pédagogie une place efficace. Certaines disciplines scientifiques ont de plus en plus recours à l'ordinateur comme moyen fondamental de travail et d'expérimentation. Il permet la visualisation de phénomènes qui, auparavant, était seulement décrits. Il constitue de ce fait une première ébauche d'une méthode scientifique et apparaît comme un moyen pédagogique particulièrement adapté ; des élèves d'une classe de première S utilisent l'ordinateur, en travaux pratiques de physique, pour effectuer des exercices de colorimétrie appliquée à la restitution d'images satellitales, d'autres observent la consommation d'énergie par les mytocondries en classe de sciences de la vie et de la terre. Il s'agit, dans cette hypothèse, d'expérimentations impossibles à mettre en oeuvre sans informatique. Auparavant, seul le cours magistral était envisageable ; aujourd'hui l'utilisation de l'ordinateur permet de donner aux élèves le goût au travail autonome en même temps qu'il est une première initiation à la démarche expérimentale. Dans cette hypothèse, l'objectif des enseignants n'est clairement pas de favoriser, par ce travail, l'utilisation du traitement de texte [63] .

• Pratiques citées dans le cadre du forum " Apprentic " :

Ce forum lancé sur le serveur Internet du Sénat, dans le cadre de cette mission, a permis de rassembler de nombreuses contributions sur des pratiques différentes. Si presque tous les participants à ce forum constatent une part d'appropriation spontanée des jeunes aux NTIC, ils n'en déduisent pas les mêmes conséquences. Certains rappellent que la découverte par tâtonnement de l'ordinateur " ne concerne que les enfants qui ont une curiosité naturelle, et ce n'est pas le cas de tous ".

Cette constatation exprimée, la question des apprentissages reste controversée. Certains participants craignent des effets contre-productifs de certains apprentissages trop formels, tel celui du clavier. Il ne faudrait " surtout pas désarticuler les apprentissages et séparer trop les exercices de l'utilisation au point où les enfants ne savent pourquoi ils font telle ou telle chose. "

D'autres, en revanche, formalisent les conditions d'utilisation de l'ordinateur dans la classe. Un enseignant de CM 2 explique sa méthode de familiarisation des élèves à l'ordinateur :

" - La première demi-heure de chaque jour pour aller sur Internet (...) , répondre au courrier , faire des petits travaux et des petites recherches, aller sur cédéroms ;

- deux fois quarante-cinq minutes en demi-groupes pendant les cours d'allemand et d'anglais : là, je fais des choses assez dirigées pour que les enfants apprennent à maîtriser les logiciels (PAO, tableur, gestionnaire de fichier) ;

- une heure en demi-groupes : cédéroms ;

- deux heures en demi-groupes : travaux orientés vers l'art, puisque le projet d'école est art et communication.  "

Cette façon de travailler nécessite un équipement matériel particulier, toutes les contributions dénoncent l'insuffisance des moyens ; la contradiction apparente quant à la place de l'ordinateur à l'école démontre le caractère encore expérimental, souvent exceptionnel, du recours aux NTIC. Tel professeur d'école explique que " un ordinateur en permanence dans une classe permet de démystifier cet engin et, dans un second temps, d'en faire un outil accessible à tous, si ce n'est au même rang que les crayons, les cahiers et les livres, au moins à sa juste place : un instrument parmi d'autres. " D'autres témoignages évoquent des organisations plus ambitieuses : " On ne peut mettre 25 ou 30 ordinateurs dans une classe ni 25 élèves derrière un ordinateur. Il me semble que le raisonnable se situe plutôt vers trois ou quatre machines dans la classe, dont deux multimédia, et communiquant. L'enseignant peut alors gérer un groupe de 4 ou 8 élèves sur les machines et continuer à gérer les autres élèves qui font autre chose au même moment. "

Quelle que soit la configuration d'équipement, les utilisations évoquées par tous tournent autour de trois aspects principaux : la correspondance électronique, la recherche documentaire, la création de pages Web et la mise en réseaux de ces créations.

Toutes ces expériences pratiquées par des enseignants motivés confirment la pertinence de l'utilisation pédagogique des NTIC. Leur extrême diversité laisse interrogatif dans les recherches d'apprentissages pertinents dont tous les élèves devraient disposer.

Si l'apprentissage de la lecture a toujours été objet de polémiques quant aux méthodes utilisées, il n'en demeure pas moins que tous les élèves sans exception, apprennent à lire à partir du cours préparatoire. La situation est loin d'être similaire pour le recours à l'ordinateur.

Force est de constater que l'utilisation des NTIC suscite des approches très différentes, selon l'équipement des écoles, selon les enseignants participant à l'initiative, selon enfin les techniques utilisées : les apprentissages seront différents si le travail consiste d'abord à user de l'ordinateur dans sa fonction traitement de texte, bases de données, ou multimédia.

Est-il possible, à partir de cette diversité pédagogique exprimée, de déduire des usages à privilégier ?

Peut-on aujourd'hui évaluer convenablement l'ensemble des expérimentations menées pour en tirer des conclusions pédagogiques ?

Doit-on en rester au constat de la diversité pour espérer un développement des initiatives individuelles, éventuellement sources de graves distorsions entre élèves ?

Faudra-t-il en tirer des conclusions plus dirigistes pour tenter de respecter une obligation essentielle : celle de l'égalité d'accès à ces nouvelles méthodes entre tous les élèves ?

b) Analyse : Des pratiques fragmentaires

À partir de ces expérimentations en milieu scolaire, comment dégager quelques lignes d'une pédagogie réfléchie ?

La diversité des pratiques comme des moyens mis en oeuvre et les différences de niveau de formation préalable des professeurs d'école, de collèges et lycées, donnent une image collective composite, sans que les traits fondamentaux en soient contradictoires. Seule la localisation de l'ordinateur dans l'école semble objet de réflexions différentes.

Trouver les fils porteurs de cette toile d'araignée expérimentale pour faire de l'ensemble un tout cohérent et solide est un premier exercice captivant, mais point évident.

Les recherches présentées, initiées par des enseignants de tous niveaux, semblent être menées un peu à tâtons, par défaut de directives ou au moins de conseils globalisant. La formation des professeurs comme l'usage qu'ils peuvent faire des connaissances ainsi disponibles, fragiles et fragmentaires, paraît insuffisante ; elle est à l'origine de la construction d'un kaléidoscope, chaque pédagogue se laissant entraîner par une intuition personnelle, source de plaisir procuré par ce nouvel outil performant.

Faut-il, dans ce kaléidoscope expérimental, éliminer toute volonté délibérée d'apprendre certaines pratiques premières, même difficiles, comme le doigté pour l'utilisation du clavier ?

Faut-il limiter l'usage de l'ordinateur à des réalisations extra-scolaires comme les journaux de classe ou d'école ?

Peut-on utiliser davantage l'ordinateur pour certaines de ses qualités fondamentales -répétiteur patient et infatigable- afin de décharger le professeur d'apprentissages lassants, les conjugaisons, les quatre opérations ?

L'ordinateur " nouveau stylo " deviendra-t-il outil à disposition de chacun ? Ayant sa place dans les cartables ou la poche et sur les bureaux, à l'école ?

Bref, dans ce qui paraît un véritable dédale, il faut trouver un fil d'Ariane pour présenter quelques propositions susceptibles de convaincre le plus grand nombre d'enseignants ; c'est la condition nécessaire pour donner toutes leurs chances au plus grand nombre d'enfants de bénéficier de l'intérêt de nouvelles pratiques pédagogiques où l'outil multimédia devient un instrument déterminant d'autonomie et de responsabilité, tout en demeurant un idéal instrument d'accès au savoir.

Beaucoup d'enfants, ayant la chance de bénéficier de ces expérimentations, commencent par l'apprentissage du clavier et le maniement de base de l'ordinateur (mise en marche, sélection du logiciel utilisé...) ; les plus jeunes - en maternelle le plus souvent- bénéficient d'exercices d'appropriation de la souris ; elle ne pose aucun problème de maniement pour la très grande majorité d'entre eux. Ces premiers exercices ne commencent pas souvent pendant le même cycle scolaire, et rarement une suite rationnelle est organisée à ces premières approches.

Aucune conception progressive des apprentissages ne semble véritablement se dégager comme il en existe aujourd'hui de bien établies pour l'apprentissage du lire, écrire et compter.

Dans certains établissements, un apprentissage à contenu variable est sérieusement organisé en cours moyens 1 et 2 ; avant cette classe et après cette classe, plus rien n'est prévu, organisé. Dans d'autres établissements, des trésors d'imagination et de patience sont déployés en classes maternelles, mais c'est l'école primaire qui fait ensuite défaut. Enfin, pour d'autres encore, les élèves de classes de collèges et de lycées travaillent avec enthousiasme, sérieux et conviction sur des projets d'activités quotidiennes ou ultra-spécialisées, sans aucun lien reliant les acquis dans ces classes entre elles.

Une conclusion commune semble en revanche être fortement admise : quels que soient les sujets traités par ces nouveaux outils, les résultats sont intéressants, les élèves motivés et la vie scolaire s'en trouve améliorée.

L'intérêt porté pour le travail effectué est accru, la concentration des élèves augmente ce qui contribue d'une façon globale à une meilleure acquisition des savoirs et savoir-faire comme de la qualité des relations d'échanges entre professeurs et élèves.