Technologies de l'information et univers professionnel

Éléments pour un débat

Rares sont les entreprises où les professionnels de tous niveaux n'ont pas à connaître ou à utiliser couramment, constamment, épisodiquement l'ordinateur connecté à des réseaux. Les systèmes bancaires, administratifs et paperassiers, tous les secteurs du tourisme, du voyage ont une partie de leur personnel qui n'a de relations internes ou avec le public que par l'intermédiaire d'un ordinateur, en général connecté en réseaux. Les productions mécaniques recourent à des logiciels spécifiques pour concevoir ou exécuter des tâches de fabrication. Leur maniement est plus intellectuel que l'utilisation des outils traditionnels. Il en est de même dans le secteur alimentaire et commercial. Beaucoup de vendeurs, de gestionnaires de stocks et autres ont régulièrement à faire avec des ordinateurs. Parallèlement, de plus en plus, à la vitesse de la lumière, à travers le monde, les commandes sont passées, les voyageurs de commerce ayant de moins en moins à retourner dans leur entreprise d'origine. Par des réseaux Intranet, la totalité du personnel d'une société est informée d'une directive à suivre et conditionnée à des pratiques de vente.

Bref, il n'est guère d'activités professionnelles dans lesquelles constamment, fréquemment ou par à coup, il ne soit nécessaire d'avoir recours à ces outils qui répondent à des logiciels adaptés à toutes les questions, fournissent toutes les réponses nécessaires à leur exercice correct .

Ces outils sont le plus souvent des serviteurs fiables, pertinents. Ils apportent les réponses utiles dans le moment même où on les pose. Ils soulagent la mémoire au point de la faire oublier. Ils annulent les points fixes et permettent de rester en relations efficaces avec les divers partenaires où qu'ils se trouvent. Ils transforment les astreintes par des gardes à distance, laissant les salariés dans leur milieu familial…

Mais ce mouvement crée des contre-effets tout aussi repérables. La technologie imposée contraint des individus à une remise en cause de leur mode de vie et, plus précisément tend à estomper la frontière entre monde du travail et vie privée. D'où un questionnement des règles de fonctionnement habituelles du monde du travail (lieu, temps, congés, astreintes…).

L'enseignement général de base apportera l'essentiel comme il l'a fait depuis l'obligation de l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul. Il faut y ajouter aujourd'hui la découverte des directives propres à l'ordinateur qui, comme des règles de grammaire, d'orthographe, de syntaxe et de sens, lui font accomplir les actes justes. D'autre part, le développement de la formation continue doit permettre de passer d'une manière de travailler à une autre, nouvelle, plus performante ou considérée comme telle .

La période la plus délicate est celle que nous traversons maintenant. Trop de travailleurs ne peuvent exercer leur métier qu'avec les connaissances acquises hier, et trop peu de postes de travail en ont encore besoin ; ils ne peuvent accéder aux postes qu'ils ne savent ni servir ni diriger.

La productivité et la rentabilité offertes par ces technologies seront une chance pour l'emploi si on sait organiser un partage des richesses et de l'accès au savoir. Si, au contraire, on en reste à des schémas d'organisation datant du siècle dernier, ce n'est pas une société duale qui naîtra mais une société éclatée.