II. Audition de M. Pierre Gabe,
Directeur exécutif et responsable de la mission solidarité
d'Electricité de France
et de Mme Anne Desprairies, Responsable, chargée de mission

EDF-GDF n'a pas pratiqué d'embauche directe d'emplois-jeunes. Les établissements publics ne souhaitaient pas créer de confusion avec l'objectif d'embauche portant sur 18.000 à 20.000 personnes tel qu'il avait été inscrit dans le cadre de l'accord social passé avec le Gouvernement (accord du 31 janvier 1997) ; l'embauche directe aurait nécessité que les candidats aux emplois-jeunes soient soumis aux tests d'entrée d'EDF-GDF qui sont suffisamment sélectifs pour permettre à celui qui les réussit d'accéder directement à un emploi dans le secteur privé. La procédure aurait donc été inadéquate.

EDF-GDF s'est donc engagée à subventionner des collectivités locales directement ou indirectement par le biais d'associations, particulièrement d'associations sportives, en vue de contribuer à l'embauche de 2.000 emplois-jeunes. Ultérieurement, EDF-GDF s'est engagée à faciliter le financement de 500 emplois-jeunes, agents de médiation sociale vers les clients démunis. Enfin, EDF-GDF, dans le cadre d'une convention passée avec l'association IRIS Initiatives , s'est engagée pour le co-financement de 300 emplois-jeunes auxiliaires d'intégration scolaire pour accompagner les enfants poly-handicapés dans une intégration scolaire normale. Au total, un objectif de cofinancement de 2.800 emplois-jeunes est atteint par EDF-GDF.

Le choix du recrutement par l'intermédiaire associatif semble avoir été le bon. Il apparaît en effet qu'EDF-GDF n'aurait pas pu intégrer dans ses effectifs permanents des emplois à coût réduit ; par ailleurs, tout en renforçant les partenariats locaux entre EDF-GDF et les collectivités locales, le développement associatif a permis de mettre en place des expériences novatrices, comme cela a été confirmé lors des Rencontres nationales emplois-jeunes de Lille en décembre 1999.

La subvention versée par EDF-GDF correspond à une rémunération au niveau du SMIC ; les employeurs peuvent la compléter au-delà de ce montant. Les projets d'emplois-jeunes donnent lieu à une convention signée au niveau local entre les unités EDF-GDF et les partenaires. Outre la subvention financière, les unités EDF-GDF participent à la formation des jeunes et peuvent prévoir un soutien matériel aux associations (prêt d'ordinateurs, possibilité d'utilisation de véhicules).

Les agents de médiation sociale sont recrutés par des associations spécialisées pour la médiation et la relation avec le public dans les quartiers en difficulté. Ils reçoivent pendant quelques jours une formation au sein des agences sur les méthodes de gestions clientèle, les produits et les services de l'établissement. Ces jeunes sont destinés à jouer un rôle de prévention en cas de difficultés de paiement : ils jouent un rôle intermédiaire entre EDF-GDF et le client en difficulté et peuvent aider celui-ci renouer une relation avec les services sociaux, puis dans un second temps, à maîtriser sa consommation. EDF-GDF cherche à mutualiser ces emplois avec d'autres grands services publics pour élargir la palette des missions et préparer la pérennisation de ces services.

Le personnel permanent d'EDF-GDF a perçu positivement l'expérience. S'agissant des agents de médiation sociale, les agents d'EDF-GDF estimaient au départ que leur mission aurait pu être accomplie au sein de l'établissement ; mais ils se sont rendu compte que les agents de médiation sociale jouaient un rôle de médiation particulièrement difficile à tenir dans des quartiers sensibles ou des cités dans lesquelles ils interviennent de plus en plus difficilement ; grâce aux agents de médiation sociale, les personnels statutaires ont pu accéder à nouveau à certains immeubles, ce qui leur a facilité des contrôles techniques qui n'avaient pu être réalisés que de plus en plus rarement.

Concernant la formation, les emplois-jeunes doivent être considérés comme une " passerelle " ; il s'agit d'emplois dont les exigences sont relativement faciles à satisfaire, sous réserve de quelques aptitudes, et qui apparaîtraient rapidement fastidieux s'ils devaient être permanents. D'ores et déjà, une centaine d'emplois-jeunes ont quitté le dispositif pour prendre un autre emploi, dont une fraction non-négligeable au sein d'EDF ou de GDF.

Chaque emploi-jeune doit donc être suivi par un tuteur au sein de l'association et doit recevoir une formation qui lui permette d'acquérir un métier à la fin de son contrat, qui ne soit pas nécessairement dans le domaine de son activité au titre du programme " Nouveaux services - Emplois-jeunes ".

Dans chaque unité locale d'EDF-GDF, a été nommé un " correspondant emploi-jeune " chargé de suivre le projet de formation. Des comités de pilotage assurent des réunions, soit entre les emplois-jeunes d'un même secteur d'activité au niveau régional, soit de tous les emplois-jeunes dépendant d'une même unité.

Arrivant à mi-parcours, EDF-GDF a demandé aux correspondants locaux de reprendre contact avec les associations et les jeunes concernés pour faire le point sur les projets professionnels des emplois-jeunes. Les correspondants emplois-jeunes des unités locales sont qualifiés pour identifier les formations adaptées aux projets professionnels et mettre en oeuvre les différentes sources de financement en matière de formation (en particulier par le biais des OPCA).

Les jeunes employés par des associations sportives ou dans le domaine de l'environnement, généralement de niveau " bac + 2 ", se montrent très autonomes et assurent par eux-mêmes leur propre recherche de débouchés ; la situation est plus complexe pour les agents de médiation sociale et plus généralement pour tous ceux qui, souvent originaires des quartiers et de niveau inférieur au bac, ont besoin d'une formation plus poussée et d'un tutorat plus régulier.

D'une manière générale, le soutien de l'Etat, à travers la mise en place des plates-formes régionales de professionnalisation, demeure encore très attendu.

Concernant la pérennisation, il apparaît que le dispositif des agents de médiation sociale devrait être maintenu en raison de son utilité, étant entendu que ces emplois seront considérés comme des " tremplins " vers d'autres activités pour leur titulaire.

Pour ce qui concerne les autres emplois associatifs, EDF-GDF envisage éventuellement de poursuivre des relations de partenariat dans les associations avec lesquelles l'établissement public partage des intérêts communs, en particulier dans le domaine de l'environnement (aménagement des berges des cours d'eau).

Concernant les auxiliaires d'intégration scolaire, il doit s'agir d'emplois à rotation rapide qui permettent à des personnes sans qualification pré-requise, d'aider des jeunes handicapés à intégrer des classes traditionnelles. Ces emplois, qui demandent simplement un certain sens du contact avec les enfants handicapés, pourraient être pérennisés avec l'aide de l'Education nationale et des associations de parents d'enfants handicapés. L'action en faveur des personnes handicapées est depuis toujours intégrée à la politique de solidarité d'EDF-GDF.

Enfin, dans le domaine de la politique de la ville, EDF-GDF a subventionné avec d'autres partenaires (HLM, transports urbains....) beaucoup d'emplois qui ont joué un rôle très utile : rôle nouveau de gardiennage dans les cités, relance des points services aux particuliers (PSP) et des points d'information multi-services (PIMS), aide à la politique de réhabilitation des quartiers dégradés.

Sur ce point, EDF-GDF a constaté que ce type d'emplois rejoignait les intérêts de l'établissement (promotion et rénovation du chauffage électrique en logement social) et pourra donc envisager de pérenniser certaines subventions. La recherche de mutualisation des services est un axe important dans ce domaine.

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