IV. L'ADHÉSION DE CHYPRE À L'UNION EUROPÉENNE : UN PROBLÈME POLITIQUE PARTICULIÈREMENT SENSIBLE

Les aides accordées par l'Union Européenne à Chypre sont largement inférieures à celles attribuées aux autres pays candidats . Chypre ne relève pas du programme PHARE et a bénéficié, dans le cadre de l'accord d'association qui la lie à l'Union européenne, d'un protocole financier entré en vigueur en 1996 pour quatre ans et doté d'un montant de 72 millions d'euros, comprenant 50 millions de prêts, et 22 millions d'aides budgétaires communautaires non remboursables.

Lors du Conseil européen de Luxembourg, la stratégie de pré-adhésion retenue pour Chypre a été fondée sur des critères différents des autres pays candidats :

- la participation à certaines actions ciblées en particulier dans les domaines du renforcement de la capacité administrative et juridictionnelle, ainsi que dans les domaines de la justice et des affaires intérieures ;

- la participation à certains programmes et à certaines agences communautaires ;

- l'utilisation de l'assistance technique offerte par TAIEX (Technical Assistance Information Exchange Office).

A. L'ENTRÉE DE CHYPRE DANS L'UNION EUROPÉENNE CONSTITUERA UNE CHARGE POUR SON ÉCONOMIE

La cas de Chypre est particulier. D'abord, parce que l'appartenance de Chypre à l'espace européen peut être contestée. Ensuite, parce que ce pays est divisé en deux Etats, dont l'un n'est pas reconnu par la communauté internationale. Enfin, parce que la richesse de Chypre (c'est le plus riche des pays candidats en proportion du nombre d'habitants) est fondée sur des ressources qui seront largement remises en cause par l'Union européenne . Les principales ressources de l'île sont en effet issues des placements financiers " offshore ", l'île ayant bénéficié de la délocalisation d'une partie des activités financières basées à Beyrouth avant la guerre civile au Liban, et de l'affrètement de navire sous ce qu'il est convenu d'appeler un " pavillon de complaisance ". Avec l'adhésion de Chypre, ces deux régimes seront remis en cause, et l'île y perdra vraisemblablement beaucoup. Cependant, Chypre déclare qu'elle est prête à se conformer aux exigences de l'Union européenne concernant ces deux secteurs d'activités particulièrement sensibles.

Compte tenu de ses principales sources de revenus, Chypre n'a pas d'intérêt financier à adhérer à l'Union européenne. De plus, elle ne sera pas éligible aux fonds européens. Dès son entrée dans l'Union européenne, Chypre sera très vraisemblablement un " contributeur net " ce dont les autorités chypriotes sont pleinement conscientes . Les motivations qui conduisent Chypre à souhaiter entrer dans l'Union européenne sont donc autres qu'économiques, ce qui singularise son cas au sein des pays candidats.

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