2. Transition démographique, développement urbain et première diversification industrielle

a) Une transition démographique rapide amorcée dans les années 1960

A la forte croissance démographique prévalant, jusque dans les années 1960 (avec des taux d'accroissement naturel de 30 %o par an), liée à une forte natalité (38 %o) et à une mortalité déjà très faible (8 %o), a succédé, dès la fin de cette décennie, une transition démographique rapide . Le taux de croissance annuel de population n'est plus que de 17 %o en 1970, soit un taux de mortalité de 5,3 %o et un taux de natalité qui tombe à 25,6 %o.

Singapour en est aujourd'hui arrivé à avoir une des croissances démographiques les plus faibles de l'Asie -comme le Japon-, soit un taux de 10 % en 1993, découlant d'un taux de mortalité resté à son niveau le plus bas et d'un taux de natalité abaissé à 15,2 %. La volonté des autorités de maîtriser la démographie, fondée sur le slogan " Two is enough " (deux, c'est assez, faisant référence au nombre d'enfants) et mise en oeuvre dans les années 1970, l'élévation rapide du niveau de vie et la nature essentiellement urbaine du peuplement expliquant la rapidité de cette évolution.

b) Un développement urbain accéléré, organisé par des agences d'Etat

A partir de l'arrivée des Britanniques en 1819, le premier noyau urbain s'ancre sur la rivière Singapour, face à la meilleure rade portuaire. Cette urbanisation s'inscrit dans la tradition des villes-comptoirs de la Compagnie des Indes orientales , relativement hiérarchisée : une aire centrale -de part et d'autre de la rivière Singapour- destinée aux édifices publics (c'est l'actuelle City) ; au nord, le quartier européen ; à l'ouest, le quartier chinois ; à l'est, le quartier malais avec la mosquée, et, au-delà, le quartier indien.

Mais très vite Singapour connaît un rythme de croissance de sa population bien supérieur à celui des autres villes-comptoirs de la région. En 1870, sa population dépasse déjà les 100.000 habitants. La communauté chinoise se densifie considérablement, provoquant à partir des années 1880-1900 un essaimage en faubourgs autour du noyau central , le centre n'étant plus peuplé que par les moins fortunés des Chinois. Les grandes vagues migratoires chinoises de l'entre-deux-guerres et un taux de natalité de plus de 40 % au sein de cette communauté provoquent d'ailleurs surpeuplement et détérioration de la ville chinoise.

Le 1 er février 1960 est créé le " Housing Development Board " (HDB), agence d'Etat qui met en oeuvre, par programmes quinquennaux, une immense entreprise de relogement en unités de type HLM : de 50.000 de 1960 à 1965, plus de 65.000 de 1966 à 1970, 113.000 de 1971 à 1975 et plus de 130.000 de 1978 à 1982. Au total, en trente ans, près de 80 % de la population singapourienne a été ainsi relogée, dont la majorité dans une douzaine de villes nouvelles . Un système de prélèvement sur les salaires permet d'ailleurs à 80 % environ des ménages d'accéder à la propriété de leur logement.

Le centre-ville lui-même fut entièrement remodelé à compter de la création, en 1966, de l'autorité de renouvellement urbain, la " Urban Redevelopment Authority ", en préservant toutefois un îlot de la vieille ville chinoise, témoin du passé historique.

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