CONCLUSION

M. Pierre CHEVALIER, Président de la SEMA

Avant de conclure cette journée, M. Pierre Chevalier remercie sincèrement le Sénateur Bernard Joly pour son accueil, mais aussi pour avoir demandé le soutien effectif de la SEMA en faveur de l'organisation de ce colloque car il est important pour les métiers d'art que les sénateurs puissent connaître toute la problématique du secteur.

Situés au point de rencontre des sphères économiques et culturelles, les métiers d'art ouvrent de réelles perspectives pour la dynamisation des quartiers, communes ou territoires. Ils apparaissent de plus en plus liés aux dynamiques touristiques.

En effet, présents partout en France, en milieu rural comme en milieu urbain, les métiers d'art peuvent constituer des points d'appui pour le développement de politiques d'aménagement du territoire, notamment en lien avec le tourisme culturel et le tourisme de découverte économique qui sont actuellement en plein essor.

Les témoignages de ce colloque nous ouvrent des voies nouvelles. Tous les intervenants ont témoigné de l'existence de potentialités économiques au point de croisement du tourisme et des métiers d'art. Ces deux secteurs apparaissent plus que jamais constituer de véritables facteurs de développement local, surtout lorsque des initiatives associent étroitement des acteurs qui n'ont pas encore l'habitude de travailler ensemble, comme les offices de tourisme, professionnels des métiers d'art, professionnels des métiers de bouche, collectivités locales, etc., et qu'elles permettent de faire converger des préoccupations qui pouvaient paraître antinomiques au premier abord.

A travers la valorisation des métiers d'art, on diversifie l'offre touristique, on contribue à l'attractivité et à l'aménagement des territoires. Les professionnels des métiers d'art se doivent d'être solidaires de ces préoccupations générales de développement de leur commune ou de leur pays. Mais, bien évidemment, ils en attendent en juste retour un essor de leur entreprise. Ils ne sauraient se satisfaire d'être des faire-valoir touristiques. Ils sont des professionnels avec des savoir-faire visant à l'excellence. Leurs métiers, parce qu'ils sont beaux et nobles, contribuent à valoriser l'image des lieux où ils s'exercent. Les responsables élus et les acteurs du tourisme doivent donc bien comprendre que les professionnels des métiers d'art ont, eux aussi, des préoccupations et des attentes. Il convient donc que chacun, professionnel du tourisme et artisan d'art, comprenne mieux les besoins et motivations de l'autre. Dès lors, des partenariats solides où tout le monde gagnera sont possibles.

Le constat en a été fait aujourd'hui et, encore une fois, M. Pierre Chevalier remercie le Sénateur Joly qui est l'instigateur de ces Journées.

Bien évidemment, cela passera par le renouvellement de ce genre de journée, et surtout la large diffusion de tous les exemples afin que, sur la base de discussions et de partenariats locaux, les bonnes pratiques révélées par ce colloque se répandent là où il est pertinent qu'elles se reproduisent.

La SEMA entend contribuer pleinement à cette diffusion.

D'ailleurs, un travail en profondeur sur le thème de l'aménagement du territoire conduit tout au long de cette année avec ses délégués et les Chambres de métiers, en partenariat avec la DATAR et l'Institut Supérieur des Métiers, a permis de prendre conscience que les métiers d'art ne peuvent bénéficier d'une réelle attention de la part des acteurs politiques des futurs pays et agglomérations que s'ils mettent en avant des liens qui les unissent au patrimoine, à l'identité de leur territoire, ou mieux encore, s'ils participent dans ce territoire à la valorisation du patrimoine et au développement d'un tourisme culturel.

Certes, tous les professionnels des métiers d'art ne peuvent attendre du tourisme une augmentation directe de leur chiffre d'affaires. Cependant, nous avons eu aujourd'hui la confirmation, à travers plusieurs témoignages, que le tourisme offre des opportunités commerciales plus ou moins immédiates pour certains métiers.

Alors que beaucoup de professionnels recherchent des marchés loin de leurs ateliers, il faut les persuader que des clients éloignés, à l'occasion de leur séjour touristique, sont appelés à se déplacer près de leur atelier. En partenariat avec les acteurs locaux du tourisme, nombre d'artisans peuvent avoir alors un réel intérêt à faire venir jusqu'à eux ces clientèles. Moyennant, bien évidemment, une réflexion sur l'accueil et une adaptation de leur fonctionnement, de leur comportement et de leur gamme de produits, des marchés et des débouchés nouveaux sont là, à portée de main. La demande existe, pourquoi ne pas y répondre par une offre mieux adaptée ?

M. Pierre Chevalier rappelle les propos de M. Philippe Moisset, ancien directeur de l'AFIT, qui, à l'occasion du premier colloque en 2001, plaçait au premier rang des grandes tendances du comportement touristique des préoccupations qui ne peuvent être étrangères au secteur des métiers d'art. M. Moisset soulignait en effet que les touristes souhaitent, à l'occasion de leur séjour :

1) Découvrir des savoir-faire et des pratiques inconnues ;

2) Etre rassurés, avoir des garanties sur la vérité du produit (ce qui rejoint le problème de la traçabilité pour les produits de bouche) ;

3) Etre traités comme des personnes et non pas comme un segment de marché ou des consommateurs types.

Les professionnels des métiers d'art peuvent répondre à ces aspirations en jouant sur l'aspect unique, personnalisé de l'achat, en fabriquant sur mesure, en insistant sur l'unicité de la démarche, sur sa rareté. Et puis il faut aussi qu'ils fournissent le discours qui permettra à l'acheteur de parler de l'objet à son entourage une fois rentré à son domicile.

Face à ces enjeux, conformément à son rôle et à ses missions, la SEMA souhaite apporter un soutien actif à l'émergence et à l'expansion des initiatives locales et régionales de rapprochement entre les secteurs du tourisme et des métiers d'art.

A travers son service Action territoriale et développement local, et grâce à l'appui très important de la DECAS 13 ( * ) , elle peut accompagner par une aide ou un conseil les porteurs de projets. Avec son magazine ou son site Internet, elle peut contribuer à promouvoir les démarches exemplaires.

Le tourisme ouvre et ouvrira encore dans un futur proche d'autres pistes à peine effleurées aujourd'hui. En particulier, l'étude en cours sur les routes et itinéraires métiers d'art conduite dans le cadre du partenariat entre le secrétariat d'Etat au Tourisme et le secrétariat d'Etat aux PME, au Commerce, à l'Artisanat et aux professions libérales apportera dans les prochains mois de précieuses informations qui pourront alimenter d'autres communications.

En outre, M. Pierre Chevalier , à quelques heures des premières Journées des métiers d'art, voudrait dire qu'au-delà des préoccupations purement commerciales, tous ceux qui ouvrent leurs ateliers au public, même ponctuellement, oeuvrent à la sensibilisation et à la promotion de l'ensemble de leur secteur. Il ne faut pas oublier que la méconnaissance des métiers d'art par le grand public contraint leur développement économique car l'offre crée bien évidemment la demande. Si les métiers d'art ne s'associent pas aux efforts de valorisation de l'offre, comment espérer un accroissement de la demande ?

Pour conclure, M. Chevalier rappelle qu'un rapport d'octobre 2000 du Conseil national du tourisme sur le tourisme de découverte économique montrait que l'industrie et l'agroalimentaire ont compris ce qu'ils pouvaient attendre de la valorisation touristique de leur activité.

Il propose donc à l'assemblée que les métiers d'art, par les valeurs dont ils sont porteurs, par leur rôle de vitrine pour l'ensemble des métiers de l'artisanat, deviennent également des acteurs efficaces du développement touristique.

*

TOURISME ET METIERS D'ART

Il y a deux ans lors du premier colloque « Tourisme et Métiers d'art », le sénateur Bernard Joly qui en était l'initiateur, avait formulé deux propositions : l'institution de Journées des métiers d'art dans toute la France et « une route française des Métiers d'art ».

Relayé par le secrétariat d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation le premier projet est devenu réalité le 29 novembre 2002. Le second chemine notamment par la valorisation mutuelle de l'activité touristique et des métiers d'art conjuguant la mise en réseau des partenaires, l'élaboration de circuits touristiques de lieux et sites incluant l'expression artistique traditionnelle ou novatrice.

La troisième édition de la manifestation, plus particulièrement axée sur la formation, devrait être précédée, toujours sur une idée originale du sénateur Joly, par une opération « 1.000 artisans dans les jardins du Palais du Luxembourg », exposition s'inscrivant dans la dimension culturelle affirmée par la Haute Assemblée.

* 13 Direction des Entreprises commerciales, artisanales et de services

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