B. LA MISE EN oeUVRE D'UNE STRATÉGIE POUR L'AVENIR

1. Les grands projets d'infrastructures

Le Président égyptien s'attache à initier de « grands travaux » d'infrastructure (les méga-projets), destinés à répondre aux nombreux défis économiques et sociaux du pays : favoriser la croissance et créer des emplois, diversifier les exportations, notamment agricoles, et contribuer à réduire, dans la vallée du Nil et dans le delta, la densité de population en « conquérant » des espaces désertiques par d'audacieux -et coûteux- projets d'irrigation et de développement de pôles de peuplement. Le méga-projet de Tochka est emblématique à cet égard.

Ce projet consistera à détourner 5 milliards de m 3 d'eau par an à partir du lac Nasser, par un canal à creuser (canal Cheikh Zayed), vers les oasis situées dans le Désert occidental (oasis de Kharga, Dakhla et finalement Farafra). Le canal suivra une série de dépressions et devrait permettre l'irrigation d'environ 420.000 hectares de terres désertiques dont la mise en culture devrait être assurée, selon le souhait du gouvernement égyptien, par des opérateurs privés. Il permettra d'accroître de façon significative la superficie des terres cultivables du pays.

La société saoudienne KADCO, dirigée par le Prince Al-Waleed, a acheté 350.000 ares de terre dans la « zone de développement de la Nouvelle Vallée ». Les intentions de KADCO sont de consacrer plus de 50 % de cet espace à la culture du blé et du coton. Mais l'essentiel de ses revenus est sensé provenir de l'exportation de pamplemousse (30 %) et de citron (20 %). Le plan de développement conçu par KADCO est le plus important et le plus avancé du projet Tochka et est considéré comme le meilleur atout de l'ensemble du projet.

Le projet de « canal de la paix », dans le Sinaï, relève de la même ambition :

Reliant le Nil, près de son embouchure, au désert du Sinaï, en passant sous le canal de Suez, ce canal -260 km- devrait permettre d'irriguer quelque 260.000 hectares ; le coût a été estimé à 2 milliards de dollars.

Au total, ces deux grands projets pourraient permettre de porter à terme la superficie cultivée du pays, selon certaines prévisions, de 6 % à près de 20 %.

2. La valorisation du potentiel énergétique : l'exemple du gaz naturel

La découverte de gisements de gaz naturel dans les années 80 vient à point nommé pour engager une substitution progressive au pétrole -dont les gisements s'épuisent- à la fois dans l'intérêt de l'Egypte elle-même, aux fins d'utilisation domestique, et pour accélérer et conforter sa recherche de débouchés à l'exportation . L'existence de très importantes réserves prouvées et probables dans le pays -165 milliards de m 3 -, justifie que l'Egypte se donne une politique ambitieuse dans le secteur et en fasse un des axes de son développement.

La voie du gazoduc, pour l'acheminement, a été privilégiée dans le cadre interarabe. En juillet dernier, le président égyptien et le roi de Jordanie ont inauguré le gazoduc sous-marin reliant les deux pays qui permettra l'exportation du gaz égyptien vers la Jordanie puis la Syrie, le Liban et, à terme, l'Europe . D'ici 5 ans, l'exploitation de ce gazoduc pourrait apporter à l'Egypte 500 millions de $ par an.

La liquéfaction du gaz est également mise en oeuvre, notamment pour son exportation vers l'Espagne mais également vers la France : le contrat conclu par Gaz de France en octobre 2002, et qui sera mis en oeuvre fin 2005-début 2006, porte sur l'achat, sur 20 ans, de 4,3 milliards de m 3 par an. A terme, 10 % de l'approvisionnement de la France en GNL proviendra d'Egypte.

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