CHAPITRE I - LES PERSPECTIVES À COURT TERME ILLUSTRENT QUELQUES HYPOTHÈQUES PESANT SUR LA CROISSANCE FRANÇAISE

Par convention, les exercices de projection et de simulation à moyen terme présentés par votre Délégation sont « calés » pour ce qui concerne les deux premières années - ici 2005 et 2006 - sur les hypothèses macroéconomiques associées au projet de loi de Finances.

Ceci permet en effet d'éviter de perturber l'analyse des perspectives d'évolution à moyen terme des finances publiques et de la programmation pluriannuelle présentée par le Gouvernement, par une divergence éventuelle d'évolution macroéconomique qui résulterait d'un « point d'entrée différent ».

On peut d'ailleurs observer que le scénario de reprise retardée de l'économie française que décrivent les derniers « budgets économiques » présentés par le gouvernement est également celui que privilégie, pour l'essentiel, l'OFCE 2 ( * ) .

Ce scénario se déroulerait en deux temps : la reprise différée de 2005 ferait place à un retour de la croissance à son rythme potentiel.

I. UNE REPRISE DIFFÉRÉE EN 2005 OU LE POIDS DE L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

A. LE POIDS DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR LA CROISSANCE

Le Ministère de l'Économie et des Finances (MINEFI) a révisé sa prévision de croissance de l'économie française en 2005 par rapport à l'exercice de prévision de l'année dernière à la même époque : de 2,5 % en octobre 2004 (prévision associée au PLF 2005) à 2,25 % 3 ( * ) en avril 2005 et 1,75 % 2 aujourd'hui .

Ainsi, après une année 2004 où l'économie française a connu une reprise sur un rythme comparable à celui des épisodes précédents (1994 et 1997), soit + 2,3 %, l'activité a nettement fléchi en 2005.

La reprise , dont les prévisionnistes anticipaient logiquement le prolongement en 2005, s'est ainsi enrayée en raison de trois chocs extérieurs négatifs :

la hausse progressive de l'euro entre 2001 et 2005 a pesé sur la compétitivité, amputant la croissance française à hauteur de 0,7 point en 2004 et 0,6 point en 2005 (selon les estimations réalisées à l'aide du modèle e-mod de l'OFCE) ;

la hausse du prix du pétrole a freiné la croissance à hauteur de 0,2 point en 2004 et 0,5 point en 2005 (mêmes estimations OFCE) ;

la politique de contraction des coûts salariaux conduite par l'Allemagne, que l'on peut qualifier de politique de « désinflation compétitive », a non seulement accentué les pertes de parts de marché de la France mais a également entraîné une contraction de la demande interne et donc des importations de notre principal partenaire. L'impact négatif de la « stratégie allemande » sur l'économie française est évalué à 0,3 point de PIB en 2005 (source OFCE).

Ces trois éléments cumulés amputeraient donc la croissance française à hauteur de 1,4 point de PIB en 2005. Autrement dit, toutes choses égales par ailleurs, sans ces chocs extérieurs négatifs, la croissance française aurait été supérieure à 3 % en 2005 (1,75 % + 1,4 %).

La France n'est pas la seule concernée en Europe par ce ralentissement. L'ensemble des pays de la zone euro, mais aussi le Royaume-Uni subiraient en 2005 une nette décélération.

Au demeurant, celle-ci n'épargnerait pas les États-Unis ou le Japon où, néanmoins, le rythme de la croissance continuerait d'être nettement plus rapide.

PRINCIPAUX RÉSULTATS DU SCÉNARIO INTERNATIONAL ET DANS LA ZONE EURO
CROISSANCE EN  % (POIDS DANS LE PIB MONDIAL EN %)*

2002

2003

2004

2005

Monde

2,5

3,6

4,8

4,0

États-Unis (25 %)

1,6

2,7

4,2

3,4

Japon (8 %)

- 0,3

1,4

2,7

2,3

Royaume-Uni (4 %)

2,0

2,5

3,2

1,9

Asie hors Japon (28 %)

6,2

7,6

7,8

7,0

PECO et Russie (4 %)

3,7

5,9

6,3

4,6

Amérique Latine (7 %)

- 1,2

2,5

6,1

4,2

Zone euro

0,9

0,7

2,1

1,4

dont Allemagne

0,1

- 0,2

1,6

0,9

dont Italie

0,4

0,3

1,2

0,0

dont Espagne

2,7

2,9

3,1

3,2

(*) Les poids sont calculés d'après les PIB à parité de pouvoir d'achat de la Banque Mondiale.
Source : Rapport économique, social et financier. PLF 2006.

* 2 A l'inverse de la plupart des instituts indépendants de prévision.

* 3 Le MINEFI présente une fourchette de prévisions pour la croissance du PIB (de 1,5 % à 2 % par exemple en 2005). Toutefois, pour la commodité de la lecture, et parce que les comptes de la Nation sont associés à un chiffre, on se réfèrera au milieu de la fourchette.

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