III. LE PRINCIPAL ALÉA : PRIX DU PÉTROLE ET INFLATION

L'aléa évoqué ici porte moins sur une nouvelle hausse en 2006 du prix du pétrole que sur l'impact inflationniste de la hausse passée.

La prévision du prix du pétrole est aujourd'hui particulièrement incertaine. Certes, la majorité des économistes considèrent que le marché devrait rester tendu en 2006 du fait de la faiblesse des capacités disponibles. Mais, le manque de transparence et l'imprécision des données fondamentales sur le marché du pétrole (demande, production, stocks, capacités...) nuisent à sa visibilité et renforcent la volatilité des cours.

De faibles variations de l'offre ou de la demande pourraient entraîner des réactions de forte ampleur, ce qui rend incertaine toute prévision en la matière. Le Gouvernement et l'OFCE retiennent donc une hypothèse conventionnelle : celle d'une stabilité des prix au niveau moyen constaté en milieu d'année 2005 (60 dollars le baril). On peut simplement rappeler une estimation macroéconomique : si le prix du baril se maintenait à 70 dollars en 2006, la croissance s'en trouverait amputée de 0,2 point.

Moins incertaine est l'analyse de l'impact inflationniste à court terme de la hausse passée du prix du pétrole, équivalente dans son ampleur à celle du premier choc pétrolier.

Jusqu'à présent, la hausse du prix du pétrole n'a pas entraîné de nette accélération de l'inflation. L'indice des prix à la consommation a augmenté du fait de sa composante énergie mais de façon mesurée (+1,8 % en 2005 selon le MINEFI). Au-delà de ces effets mécaniques, dits de « premier tour », la hausse des prix du pétrole ne s'est pas traduite comme lors des deux premiers chocs pétroliers par l'enclenchement d'une boucle prix-salaires. Au contraire, le contexte parait actuellement désinflationniste : l'inflation sous-jacente (c'est-à-dire hors énergie et produits alimentaires) s'inscrit actuellement à peine à plus de 1 % pour la zone euro, et moins de 2 % aux États-Unis où les craintes inflationnistes sont les plus vives.

Pour la zone euro, comme l'activité évolue en dessous de son potentiel, le contexte est nettement désinflationniste. Pour les États-Unis, et l'économie mondiale en général, l'accentuation de la concurrence, les gains de productivité et la modération salariale, la santé financière des entreprises ou le pincement des marges constituent, pour l'instant, une force de rappel face aux tensions inflationnistes.

Le MINEFI prévoit ainsi une stabilisation de l'inflation en France en 2006 à son rythme de 2005 (+ 1,8 %) rejoint sur ce point par la plupart des instituts.

Cependant l'hypothèse que la capacité de résistance des ménages au renchérissement de l'énergie s'éroderait, les conduisant à un renforcement des revendications salariales et à l'enclenchement d'une spirale prix-salaires
- effets dits de « second tour » - ainsi que celle d'une réaction de la Banque Centrale Européenne à la poussée inflationniste doivent être envisagées.

On peut ainsi donner quelques conclusions d'une simulation conduite sur ce point par l'OFCE :

- l'apparition d'un effet de second tour inflationniste en France amputerait la croissance du PIB français de 0,6 point en 2006, le ramenant à uniquement 1,6 % (du fait de la dégradation de la compétitivité) ;

- l'apparition d'un second tour inflationniste dans l'ensemble des pays amputerait la croissance du PIB français de 0,4 point, la ramenant à 1,8 % (le choc est moins fort que précédemment car la France ne perd pas en compétitivité si le choc inflationniste est généralisé ; néanmoins la croissance mondiale s'en trouve ralentie) ;

- en cas de réaction de la Banque Centrale Européenne (hausse des taux), la croissance du PIB français serait ramenée à 1,6 % en 2006 (contre 2,25 % dans la prévision du Gouvernement).

PRÉVISIONS À COURT TERME
2005-2006

Gouvernement

Moyenne des Instituts

I - PRINCIPALES HYPOTHÈSES D'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

2005

2006

2005

2006

• TAUX DE CROISSANCE DES
GRANDS PARTENAIRES ( en  % du PIB )

- États-Unis

3,4

3,1

3,1

2,8

- Zone euro

1,4

1,9

1,3

1,6

dont Allemagne

1,0

1,8

1,0

1,5

• TAUX DE CHANGE EURO/DOLLAR

1,26

1,23

1,25

1,23

• PRIX DU PÉTROLE ($/baril)

55,2

60,0

58,3

57,2

II - PRINCIPAUX RÉSULTATS DES PRÉVISIONS

2005

2006

2005

2006

POURCENTAGES ANNUELS
DE VARIATION

P.I.B. ( volume )

1,5 / 2,0

2,0 / 2,5

1,5

1,8

• Importations ( volume )

5,5

5,6

5,3

4,5

• Consommations des ménages (volume )

2,0

2,3

2,0

2,0

• Investissements des entreprises (volume )

3,4

4,3

2,9

3,4

• Exportations (volume)

2,5

5,0

2,3

4,3

• Contributions des stocks (en % du P.I.B.)

+ 0,5

+ 0,1

+ 0,4

- 0,1

Prix à la consommation
( moyenne annuelle )

1,8

1,8

1,8

1,8

Pouvoir d'achat du revenu disponible

des ménages

1,7

2,0

1,9

1,7

• Taux d'épargne des ménages

15,2

14,9

15,4

15,2

Emplois salariés
(secteur marchand non-agricole)
(moyenne annuelle en %)

0,4

0,7

0,2

0,4

Emploi total (moyenne annuelle en %)

0,5

1,0

0,2

0,5

Taux de chômage (3) : en %

nd

nd

nd

nd

CAPACITÉ DE FINANCEMENT DES ADMINISTRATIONS ( en % du P.I.B.)

- 3,0

- 2,9

- 3,1

- 3,3

CAPACITÉ DE FINANCEMENT
DE LA NATION
(en % du P.I.B.)

- 1,6

- 1,9

Nd

nd

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