CHAPITRE I :

L'ALBANIE

L'Albanie est un pays de trois millions d'habitants, dont la population est majoritairement musulmane (70 %), mais aussi orthodoxe (18 %) et catholique (12 %). Il partage des frontières communes avec la Serbie-et-Monténégro et le Kosovo au Nord, l'ancienne République yougoslave de Macédoine à l'Est, et la Grèce au Sud. Le voisin le plus immédiat et partenaire économique le plus important est l'Italie, à l'Ouest, de l'autre côté de la Mer Adriatique.

L'Albanie est, après la Moldavie, le pays le plus pauvre d'Europe. C'est également un pays dont les institutions démocratiques fonctionnent, mais restent fragiles. Cette situation économique et politique encore difficile est largement l'héritage de l'isolement forcé qu'a subi le pays depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'au début des années 1990.

I.  UN PAYS MARQUÉ PAR UN LONG ISOLEMENT QUI PEINE À CONSTRUIRE UNE DÉMOCRATIE

A. LA DICTATURE D'ENVER HOXHA ET L'ISOLEMENT DE L'ALBANIE EN EUROPE

Pendant plus de quarante ans, l'Albanie a vécu l'une des plus terribles dictatures de la planète, et elle n'en est sortie que tardivement, en 1990. Incontestablement, l'Albanie est marquée, dans sa mentalité, par l'isolement forcé qu'elle a vécu, par le comportement paranoïaque de la dictature communiste d'Enver Hoxha, et par le retard économique considérable que cette dictature a créé.

Les méthodes absurdes de la dictature ont laissé des traces sur tout le territoire et dans la population. Des traces matérielles tout d'abord, puisque, par exemple, le pays est couvert de centaines de milliers de blockhaus. Des traces psychologiques également, puisque, à l'exception des jeunes générations, la plupart des habitants ont vécu l'endoctrinement et la propagande incessantes du régime, sans avoir les moyens d'accéder à des informations étrangères. A titre d'illustration, les enfants étaient entraînés, dans les écoles, à manier des piquets pour contrer les attaques de parachutistes étrangers. Les dissidents étaient éliminés, et leurs familles envoyées en camps de travail forcé.

La dictature d'Enver Hoxha : 1945-1985

Enver Hoxha ou Hodja, né en 1908 et mort en 1985, résistant, fonda le Parti communiste albanais en 1941 et dirigea le pays de 1945 à 1985. Son régime a été caractérisé par l'isolement du pays du reste de l'Europe et une adhésion stricte au stalinisme.

Voulant affirmer une fidélité intransigeante aux dogmes du marxisme-léninisme, il rompit d'abord avec la Yougoslavie en 1948, puis avec l'URSS en 1961, et enfin avec la Chine maoïste en 1977. Après cette séparation d'avec l'ensemble du camp socialiste, au lieu de se rapprocher de l'Europe, l'Albanie s'enferma dans un isolement total. Le pays devint alors l'une des dictatures les plus dures des pays de l'Est.

En dépit des difficultés à établir des chiffres, on considère généralement que plusieurs dizaines de milliers de personnes sont mortes sous la dictature d'Enver Hoxha. Toute contestation conduisait immédiatement en prison ou dans les camps de travaux forcés, ou entraînait simplement l'exécution. Les voyages à l'extérieur du pays étaient interdits et les frontières fermées. La population était entièrement soumise à la propagande du régime.

Enfin, Enver Hoxha proclama en 1967 l'Albanie « premier État athée du monde » et engagea des persécutions anti-religieuses. Cette politique entraîna la fermeture de milliers de mosquées et de centaines d'églises. La liberté de culte n'a pu être rétablie qu'à la chute du régime, au début des années 1990.

A la mort d'Enver Hoxha en 1985, le dirigeant communiste Ramiz Alia lui succède sans changer véritablement de politique. Il faut attendre la chute du mur de Berlin, la révolution en Roumanie, les exodes massifs, l'intensification de la pression internationale et la révolte des étudiants de Tirana pour que, le 11 décembre 1990, le multipartisme soit instauré. Lors des premières élections libres en mars 1991, les communistes obtiennent la majorité des sièges au Parlement, et Ramiz Alia est réélu à la tête de l'Etat. Mais grèves et manifestations se succèdent, contraignant le pouvoir à de nouvelles élections législatives en mars 1992, qui sont remportées par le parti démocratique. Sali Berisha succède à Ramiz Alia en tant que président de la République. A compter de 1992, l'Albanie se transforme et s'ouvre à l'économie de marché, non sans heurts violents.

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