CONCLUSION

Pour contribuer à la stabilité du continent, en l'absence de toute alternative crédible dans l'immédiat, la France devra être encore présente sur des théâtres africains pour quelques temps encore. Un désengagement complet serait désastreux. Le vide laissé ne manquerait pas d'être comblé par d'autres, peut être moins disposés à une approche multilatérale et, surtout, le relais par les acteurs locaux est loin d'être prêt.

Mais la France ne doit plus s'engager seule : l'implication de partenaires européens, pour qui les enjeux sont identiques, est désormais indispensable. Le partage des responsabilités, la confrontation des analyses, la mise à disposition des infrastructures et facilités militaires dont dispose la France, autant d'éléments propres à « faire venir les Européens » dans une Afrique qui n'est plus, de fait, depuis longtemps le « pré carré français ». Certes, cet engagement des Européens sur le terrain n'est pas acquis, notamment après les épisodes rwandais ou somaliens, et au moment où l'OTAN fait, par ailleurs, figure d'organisation « concurrente » avec sa première implication au Darfour.

De même, le renforcement des capacités africaines doit se traduire dans les faits. Il suppose des investissements importants, à travers la formation des armées nationales, mais aussi l'accompagnement, par des forces en appui, lors des opérations.

Pour travailler en l'Afrique, l'Afrique du Sud constitue un point d'entrée indispensable. Un partenariat solide doit être engagé avec ce pays pour accompagner ses efforts et améliorer une compréhension réciproque qui fait parfois défaut.

Parallèlement, la France doit réfléchir à une adaptation de son réseau qui lui permette d'être plus et mieux présente dans les capitales des puissances régionales.

Notre pays doit développer un vrai travail d'explication sur sa politique en Afrique, son objectif, ses méthodes, ses ressources. Tous les interlocuteurs de votre délégation ont relevé un déficit de communication qui nourrit, injustement, suspicions et incompréhensions. Cette démarche s'adresse tant aux partenaires historiques de la France qui ne doivent pas comprendre la nouvelle orientation française en Afrique comme un désengagement, qu'à ses nouveaux interlocuteurs sur le continent et aux organisations régionales.

Enfin, si la gestion d'une crise peut passer par l'action militaire, son règlement durable suppose une action politique. Les crises africaines proviennent trop souvent de l'incapacité de l'Etat à maintenir la paix, d'une gouvernance qui ne permet pas l'exercice d'une opposition pacifique et où le partage du pouvoir, comme des ressources, est limité, inéquitable, voire inexistant. L'enjeu est de faire en sorte que chacun ait intérêt à la compétition électorale, que la violence et la force ne soient pas les seuls modes de conquête du pouvoir et que les alternances politiques soient des mécanismes acceptables par tous.

Pour le secrétaire général des Nations unies, M. Koffi Annan, « les meilleurs instruments pour la prévention des conflits sont des Etats capables, exerçant leur souveraineté de manière responsable, faisant face à leurs dangers intérieurs avant que ces dangers n'affectent les autres, et agissant collectivement avec les autres Etats pour apporter des solutions aux menaces globales ».

A cet égard, un des effets positifs de la mondialisation est que la circulation plus rapide de l'information nourrit une vraie attente des populations, marquées par la part croissante des jeunes et le renouvellement des générations. Il faut pouvoir répondre à l'aspiration de la jeunesse à un avenir moins sombre.

L'Afrique et les crises qui l'affectent doivent demeurer l'une des priorités de l'action extérieure de la France. Par nécessité pour l'Afrique et pour l'Europe.

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