COMPTE RENDU DE LA TABLE RONDE SUR LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE Mercredi 14 juin 2006
INTRODUCTION par M. Serge VINÇON, Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Mes chers collègues,

J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui quatre personnalités qui ont bien voulu répondre à l'invitation de notre commission pour débattre avec nous de la dissuasion nucléaire et de sa place dans la politique de défense de la France.

Pourquoi un tel débat ?

Vous vous souvenez, mes chers collègues, que Madame le Ministre de la défense était venue devant notre commission, le 1 er février dernier, pour évoquer les différents aspects du discours prononcé le 19 janvier à l'Ile Longue par le Président de la République. Ce discours très détaillé a confirmé, en lui apportant de nombreuses précisions et des éclairages nouveaux, celui de juin 2001 par lequel le Chef de l'Etat définissait le rôle de nos forces nucléaires dans le nouveau contexte stratégique.

Je crois qu'il est important que nous puissions, aujourd'hui, et grâce aux personnalités qui sont ici présentes, approfondir les déterminants et les implications de notre posture nucléaire.

Régulièrement, certaines voix s'élèvent pour estimer qu'un volet aussi fondamental de notre politique de défense mériterait un plus large débat public. Pour ce qui concerne notre commission, elle a toujours examiné de manière approfondie les moyens consacrés à la dissuasion nucléaire et les choix stratégiques qui les sous-tendent, que ce soit lors des lois de programmation militaire ou, chaque année, lors du vote des crédits de la défense. Mais il est également vrai que nous constatons, en cette matière, une nécessité de mieux définir et expliquer les termes du débat, qu'il s'agisse des évolutions de notre environnement de sécurité, du rôle que peut y jouer la dissuasion, des moyens pouvant assurer sa crédibilité ou encore de la part qu'il faut lui consacrer en regard des autres priorités de notre politique de défense.

C'est ce que nous avons voulu faire aujourd'hui, au cours de cette réunion, ouverte, pour l'occasion, aux sénateurs des autres commissions. Le moment est sans doute opportun, quelques semaines après le discours du Président de la République, qui offre une matière particulièrement riche pour la réflexion, et à quelque mois d'une échéance politique majeure pour notre pays, au cours de laquelle, je n'en doute pas, les grands choix de défense et de sécurité seront débattus, sachant aussi qu'il appartiendra au futur gouvernement issu des urnes de préparer une nouvelle loi de programmation militaire.

Je remercie tout particulièrement nos quatre invités d'avoir accepté de venir s'exprimer devant la commission.

Je souhaiterais tout d'abord saluer le général d'armée Henri Bentégeat, chef d'Etat-major des armées. Mon général, vos fonctions actuelles, comme celles que vous exerciez de 1999 à 2002 auprès du Président de la République, vous placent dans une position privilégiée pour nous expliquer le rôle de la dissuasion dans notre politique de défense et les conséquences qu'il faut en tirer en matière d'équipement. J'ajoute que vous avez appelé de vos voeux un écho plus large pour les questions liées à la dissuasion et que vous vous êtes attaché à mieux les diffuser au sein des armées.

M. Daniel Verwaerde, est quant à lui directeur des armes nucléaires à la direction des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique. Il est à ce titre chargé de fournir les armes adaptées à notre concept de dissuasion et d'en garantir la crédibilité. C'est notamment l'enjeu de la simulation depuis notre renonciation irréversible aux essais nucléaires.

Je tiens à saluer tout spécialement la présence de Sir Michaël Quinlan, consultant à l'Institut international d'études stratégiques de Londres. Après une carrière au sein du ministère de la défense, dont vous avez été sous-secrétaire d'Etat, vous vous êtes consacré à la recherche sur les questions stratégiques, et en particulier sur les doctrines et les forces nucléaires. Nous savons qu'un débat a été initié par le gouvernement britannique sur le renouvellement des forces nucléaires. Nous sommes impatients de vous entendre sur les réflexions en cours au Royaume-Uni, mais aussi sur le devenir de la dissuasion française et de la dissuasion britannique face aux dimensions européenne et atlantique de notre défense.

Enfin, beaucoup d'entre vous connaissent bien M. Bruno Tertrais, maître de recherche à la FRS. Nous faisons régulièrement appel à ses compétences sur les questions stratégiques et la prolifération nucléaire.

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Par souci de clarté, notre discussion sera organisée autour de trois séquences.

La première sera consacrée à une analyse du contexte stratégique présent et prévisible à moyen terme, ainsi qu'aux conséquences qu'il faut en tirer sur le rôle de la dissuasion. Il s'agira de voir en quoi notre doctrine de dissuasion répond ou non aux menaces actuelles et à celles qui se profilent.

La deuxième séquence portera plus précisément sur les moyens que nous consacrons à la dissuasion. Comment ces moyens se justifient-ils par rapport à notre doctrine ? Sont-ils compatibles avec nos autres priorités de défense ?

Enfin, dans la troisième séquence, nous essaierons de sortir du cadre strictement français pour voir ce qui se passe aujourd'hui chez nos voisins britanniques et à l'OTAN, et ce qui pourrait se passer demain dans une Europe de la défense plus affirmée.

Je demanderai à deux de nos invités d'introduire chaque séquence, ce qui n'exclut pas bien entendu que chacun intervienne dans le débat quand il le souhaite Quant à vous, mes chers collègues, je souhaite que vous respectiez, dans vos questions, ce découpage en trois thèmes qui doit nous permettre d'aborder autant que possible l'ensemble des problématiques liées à la dissuasion.

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