CHAPITRE 9 - LES RÉVISIONS DES PROJECTIONS DE POPULATION ACTIVE REMETTENT-ELLES EN CAUSE LA PERSPECTIVE D'UNE BAISSE DU CHÔMAGE ?

I. UNE BAISSE DU CHÔMAGE EN PROJECTION MALGRÉ LA RÉVISION À LA HAUSSE DES PROJECTIONS DE POPULATION ACTIVE, TRADUCTION D'UN FAIBLE CHÔMAGE STRUCTUREL ?

A. UNE BAISSE DU TAUX DU CHÔMAGE PLUS OU MOINS ACCUSÉE MALGRÉ LA RÉVISION À LA HAUSSE DES PERSPECTIVES DE POPULATION ACTIVE

La révision par l'INSEE des projections de population active se traduit, sur la période 2008-2011, par une croissance de 0,3 % par an en moyenne de la population active (soit +80.000 actifs supplémentaires), contre une stagnation dans les anciennes projections.

Comme on l'a vu en 2004 et 2005, un ralentissement de l'augmentation de la population active permet de baisser le chômage malgré une croissance molle et de faibles créations d'emplois.

Ainsi, en 2004, le nombre de chômeurs a diminué (-10.000) alors que l'augmentation de l'emploi a été faible (+50.000 contre +250.000 par an en moyenne sur la période 1995-2005) ; les évolutions ont été similaires en 2005, bien que de manière moins marquée (102.000 chômeurs en moins pour 140.000 emplois supplémentaires seulement).

Ces évolutions ont été possibles parce que la population active observée (c'est-à-dire l'addition du nombre de personnes en emploi et du nombre de chômeurs) a faiblement augmenté par rapport à la tendance antérieure (+180.000 actifs par an sur 1995-2005). On verra ci-après (cf. 2.) que ces chiffres sont entachés d'une forte incertitude statistique, dans la mesure où la population active observée ne parait pas compatible avec la population active projetée à partir du recensement démographique. Néanmoins, en première analyse, on constate, sur 2004 et 2005, qu'un freinage de l'augmentation de la population active peut « faciliter » le retour au plein-emploi par diminution de l'offre du travail.

Les scénarios à moyen terme réalisés par l'OFCE montrent cependant qu'un scénario de retour au voisinage du plein emploi reste possible malgré la révision à la hausse des projections de population active à moyen terme, sous réserve d'une incertitude statistique, qui sera évoquée ci-dessous, et que dans l'hypothèse d'une réduction structurelle du déficit public, la croissance ne soit pas freinée 51 ( * ) .

Dans le scénario « central » , avec une croissance de 2,2 % par an, une hypothèse de progression annuelle de la productivité du travail de 1,7 % et une progression de la population active de 100.000 par an environ, sur 2006-2011, le nombre de créations d'emplois ( 175.000 par an en moyenne) est suffisant pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et faire baisser le chômage. Le taux de chômage passerait donc de 8,5 % en 2007 à 7,5 % en 2011 (en moyenne annuelle), (cf. tableau n° 1 ci-après).

Tableau n° 1
SCÉNARIO CENTRAL - EMPLOI ET CHÔMAGE

Variations

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

1986-
1995

1996-
2005

2006-
2011

Emploi total (milliers)

67

183

170

183

167

173

171

84

234

175

Emploi salarié marchand (en %)

0.3

0.8

1.0

1.0

0.9

0.9

0.9

0.5

1.4

0.9

Emploi salarié non marchand (en %)

0.0

0.5

-0.1

0.1

0.0

-0.1

-0.1

1.7

0.8

0.1

Population active (en %)

0.4

0.6

0.4

0.3

0.3

0.2

0.2

0.4

0.7

0.4

Taux de chômage (BIT)

9.9

9.2

8.5

8.3

8.1

7.8

7.5

10.4

10.4

8.6

Sources : INSEE, prévisions OFCE

Dans le scénario « de politique budgétaire neutre » , où la réduction du déficit public et le contrôle de la dépense sont moins marqués, la croissance annuelle est plus rapide : +2,4 % par an sur 2006-2011 contre 2,2 % dans le scénario « neutre ».

La progression de l'emploi (+240.000 emplois par an sur la période) serait donc plus soutenue et comparable à celle observée au cours de la dernière décennie. Cela permettrait une forte baisse du taux de chômage, qui atteindrait 6,5 % en 2011 (cf. tableau n° 2 ), ainsi qu'une hausse du taux d'emploi (rapport entre le nombre de personnes en emploi et la population en âge de travailler), permettant de se rapprocher de l'objectif d'un taux d'emploi à 70 % poursuivi par la « stratégie de Lisbonne ». En effet, dans une période telle que celle qui est décrite par ce scénario, non seulement la baisse du chômage concourt à la hausse du taux d'emploi, mais elle attire aussi sur le marché du travail des personnes jusque-là découragées.

Tableau n° 2
SCÉNARIO « DE POLITIQUE BUDGÉTAIRE NEUTRE » - EMPLOI ET CHÔMAGE

Variations

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

1986-1995

1996-2005

2006-2011

Emploi total (milliers)

67

183

172

257

244

231

231

84

234

220

Emploi salarié marchand (en %)

0.3

0.8

1.0

1.2

1.3

1.3

1.0

0.5

1.4

1.1

Emploi salarié non marchand (en %)

0.0

0.5

-0.1

0.5

0.1

-0.2

0.5

1.7

0.8

0.2

Population active (en %)

0.4

0.6

0.4

0.3

0.3

0.2

0.2

0.4

0.7

0.4

Taux de chômage (BIT)

9.9

9.2

8.5

8.0

7.5

7.0

6.5

10.4

10.4

8.1

Sources : INSEE, prévisions OFCE

Dans le scénario « alternatif » , compte tenu de l'assainissement budgétaire marqué en 2008 et 2009 et la baisse du chômage, les créations d'emplois seraient dans un premier temps plus faibles que dans les deux autres scénarios. Par la suite, avec le relâchement de la contrainte budgétaire en lien avec la stabilisation de la dette en pourcentage du PIB, le taux de chômage atteint le même niveau que dans le scénario central (7,5 %) , (cf. tableau n° 3 ).

Tableau n° 3
SCÉNARIO « ALTERNATIF » - EMPLOI ET CHÔMAGE

Variations

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

1986-1995

1996-2005

2006-2011

Emploi total (milliers)

67

183

170

116

157

218

210

84

234

160

Emploi salarié marchand (en %)

0.3

0.8

1.0

0.6

0.9

1.0

1.0

0.5

1.4

0.8

Emploi salarié non marchand (en %)

0.0

0.5

-0.1

0.1

-0.1

0.5

0.5

1.7

0.8

0.2

Population active (en %)

0.4

0.6

0.4

0.3

0.3

0.2

0.2

0.4

0.7

0.4

Taux de chômage (BIT)

9.9

9.2

8.5

8.5

8.3

7.9

7.5

10.4

10.4

8.5

Sources : INSEE, prévisions OFCE

Le graphique ci-dessous décrit les différences d'évolution du taux de chômage dans les trois projections. Quel que soit le scénario privilégié, le taux de chômage s'établirait à son plus bas niveau depuis 1985 , évolution qui doit être rapprochée de celle de la population active .

Graphique n° 1
ÉVOLUTION DES TAUX DE CHÔMAGE DANS LES TROIS SCÉNARIOS 2006-2011 (EN %)

Sources : INSEE, prévisions OFCE

La révision à la hausse par l'INSEE des projections de population active réduit mécaniquement la décrue du chômage. Toutefois, à l'avenir, la population active augmenterait beaucoup moins vite (+80.000 par an) qu'au cours des vingt dernières années (+140.000 par an), ce qui facilite d'autant la décrue du chômage.

* 51 Voir chapitre n° 7 « Une réduction structurelle du déficit public vraiment indolore ? » ci-après.

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