C. LE SCÉNARIO ALTERNATIF

Dans le scénario alternatif, la croissance est proche de celle du compte central (2,1 % en moyenne annuelle entre 2008 et 2011). Deux phases doivent toutefois être distinguées : la première au cours des années 2008 et 2009, la seconde entre 2010 et 2011. Dans la première sous période, la croissance est marquée par le contrôle strict des dépenses publiques qui progresse à un rythme proche de celui indiqué dans la programmation pluriannuelle des finances publiques, à savoir 0,6 % la première année et 1 % la deuxième année. Cette impulsion budgétaire négative est compensée par le comportement des agents privés qui en baissant le taux d'épargne (passage de 14,6 à 14,2 %) pour les uns et en augmentant le taux d'investissement (passage de 18,6 à 18,9 %) pour les autres, permette à la croissance de progresser à un niveau légèrement supérieur au taux de croissance potentiel.

5ter - Evolution du PIB et de ses principales composantes 2005-2011

En %

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

86-95

96-05

06-11

PIB en volume

1.2

2.3

2.2

2.0

2.2

2.4

2.4

2.1

2.1

2.1

Importations

6.5

8.7

6.5

5.0

5.2

5.3

5.3

4.8

5.8

6.1

Consommation des ménages

2.2

2.8

2.4

2.5

2.6

2.8

2.8

1.7

2.4

2.6

FBCF des SNF-EI

3.8

3.5

3.3

3.3

4.3

2.2

2.2

3.5

3.5

3.2

Exportations

3.2

8.5

5.8

5.3

5.4

4.9

4.9

5.0

4.8

5.4

Contributions

Demande intérieure hors stocks

2.2

2.6

2.3

1.9

2.2

2.6

2.6

2.2

2.5

2.3

Solde extérieur

-1.0

-0.2

-0.3

0.0

0.0

-0.2

-0.2

0.1

-0.3

-0.3

Variations de stocks

0.0

-0.1

0.2

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Dans la seconde sous période, l'impulsion budgétaire redevient positive (0,4 point par an) et permet à la croissance de progresser à un niveau comparable à celui décrit dans le deuxième scénario (2,4 % en moyenne annuelle). Cette croissance est obtenue malgré une contribution négative du commerce extérieur et un retour du taux d'épargne et du taux d'investissement au niveau de 2007.

6ter - Contribution à la croissance 2005-2011

En %

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

86-95

96-05

06-11

PIB en volume

1.2

2.3

2.2

2.0

2.2

2.4

2.4

2.1

2.1

2.1

Importations

-1.9

-2.7

-2.1

-1.7

-1.8

-1.9

-1.9

-1.0

-1.6

-2.0

Dépenses des ménages

1.4

1.7

1.5

1.5

1.6

1.8

1.8

1.1

1.6

1.6

Dépense des administrations

0.3

0.4

0.4

0.1

0.0

0.6

0.6

0.8

0.5

0.3

Investissement des entreprises

0.4

0.4

0.4

0.4

0.5

0.3

0.3

0.3

0.4

0.4

Exportations

0.9

2.5

1.8

1.7

1.8

1.7

1.7

1.1

1.3

1.7

Variations de stocks

0.0

-0.1

0.2

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Demande intérieure

2.2

2.5

2.5

2.0

2.2

2.6

2.6

2.2

2.6

2.4

Solde extérieur

-1.0

-0.2

-0.3

0.0

0.0

-0.2

-0.2

0.1

-0.3

-0.3

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

1. Les ménages

La consommation des ménages est restée soutenue en 2006. Sur un an, la consommation des ménages a crû de 3,1 % au deuxième trimestre 2006, rythme un peu plus rapide que le rythme moyen de 2,4 % qui s'est instauré à partir de la mi-2000 (graphique 2).

2. Taux de croissance de la consommation des ménages

En %, t/t-4

Sources : Comptes nationaux trimestriels INSEE, prévision OFCE septembre 2006.

Depuis son pic cyclique en 2000, la consommation est restée nettement plus dynamique que lors de la précédente phase de ralentissement, quand elle s'élevait au rythme moyen de 0,8 % l'an de 1990 à 1997. De fait, la croissance de la consommation ces dernières années se rapproche paradoxalement de celle des années de reprise 1986-1990. En conservant un comportement de dépense « atypique » pour une phase de ralentissement, les ménages ont prémuni l'économie française d'un creux conjoncturel plus marqué comme dans la décennie 90, mais ont aussi probablement bridé sa capacité d'accélération vers les rythmes de ceux de la fin de la précédente décennie, lissant de ce fait sa trajectoire à moyen terme.

La bonne tenue de la consommation a été appuyée par la baisse du taux d'épargne depuis 2002. Son recul de 1,8 point jusqu'à 2005 a représenté un soutien à la dépense de 20 milliards d'euro, soit un supplément de consommation cumulé de 2,1 % sur les trois années en termes réels. Comptablement, le maintien du taux d'épargne à son niveau de 2002 aurait abaissé le sentier de croissance de la consommation d'environ 0,7 point, à 1,7 % l'an contre 2,4 %, et celui du PIB de 0,4 point. La baisse du taux d'épargne a résulté pour une large part du recul des taux d'intérêt qui a poussé les ménages à s'endetter, notamment pour acquérir des biens immobiliers. L'émergence des facilités de crédit, avec la baisse des taux et l'allongement de la durée des prêts accordés par les banques, a favorisé les transactions et, consécutivement, la concrétisation de plus-values qui auparavant n'étaient que latentes. La fraction de ces plus-values affectée à la consommation, et qui n'a pas de contrepartie en termes de revenu, explique mécaniquement la baisse du taux d'épargne. D'autres facteurs ont joué dans le sens d'une hausse du taux d'épargne sur la période 2002-2005, la hausse du chômage et la baisse des impôts, mais selon nos estimations les effets de la richesse immobilière et de la baisse des taux d'intérêt l'ont largement emporté sur les deux premiers.

Une accélération de la consommation d'ici à la fin 2007, vers les rythmes enregistrés de 1998 à 2000 par exemple, supposerait un renforcement des injections de liquidités par le biais du crédit à l'habitat, et corrélativement une baisse supplémentaire du taux d'épargne. Même si jusqu'au premier trimestre les données relatives au crédit ne montrent pas encore d'infléchissement, l'arrêt de la baisse des taux d'intérêt, puis leur remontée, pénalisera la progression de l'endettement. En particulier, la hausse des taux d'intérêt inscrite en prévision poussera le taux d'épargne à la hausse en 2007, 0,3 point selon nos estimations. En revanche la poursuite attendue du recul du chômage incitera les ménages à réduire leur épargne de précaution. Cet effet contraire jouera dans la même mesure que le précédent. Au final, la hausse de 0,1 point du taux d'épargne en 2007 proviendra de l'effet des réductions d'impôts engagées pour 2007. En conséquence, la croissance de la consommation n'accélérera pas et resterait voisine de celle observée depuis 2001.

a) Scénario central

Le RDB porte, dans ce scénario, la marque de la faiblesse des prestations sociales inscrite dans la programmation pluriannuelle des finances publiques. Le fort recul du chômage prolongera la baisse des versements d'indemnités. La fin de la montée en charge des retraites anticipées (loi Fillon), et du dispositif de la Prestation d'accueil du jeune enfant (Paje), contribuera au ralentissement des prestations sociales, de même que la réforme de l'assurance maladie qui s'est traduite par une inflexion de la progression des dépenses de santé.

7 - Principales caractéristiques de l'évolution du compte des ménages

En volume, en %

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

86-95

96-05

06-11

Revenu disponible brut

1.2

2.4

2.3

2.3

2.0

2.0

2.0

2.0

2.3

2.2

Salaire réel dans ...

... le secteur marchand

1.1

1.8

1.6

1.7

1.7

1.7

1.7

1.2

2.0

1.7

... le secteur non marchand

-0.1

1.0

0.7

0.1

0.3

0.9

1.1

1.2

1.1

0.7

Prestations sociales

2.0

2.1

1.5

0.4

0.3

0.6

0.6

2.5

2.2

0.9

Consommation des ménages

2.2

2.8

2.4

2.6

2.6

2.5

2.5

1.7

2.4

2.6

Taux d'épargne des ménages

15.0

14.7

14.6

14.3

13.8

13.4

13.0

13.8

15.6

14.0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

La progression de la consommation devant rester proche des rythmes anticipés en 2006 et 2007, implique une nouvelle phase de baisse du taux d'épargne qui devrait atteindre 13 % en 2011, soit le niveau le plus faible depuis le début des années 90.

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