B. LE PARADOXE DES ÉTATS-UNIS : FORTE PRODUCTIVITÉ, FAIBLE PERFORMANCE À L'EXPORTATION

L'évolution de la compétitivité américaine et de la performance à l'exportation est décrite dans le graphique ci-dessous.

Graphique n° 2

INDICATEURS DE COMPÉTITIVITÉ
(Base 100 en 1990)

_______ Taux de change effectif nominaux (échelle de gauche)

---------- Évolution de la compétitivité mesurée par les coûts salariaux
unitaires dans le secteur manufacturier (échelle de gauche)

= = = = Performance à l'export (exportation en volume/demande mondiale)
(échelle de gauche)

Source : OCDE

Celui-ci peut s'interpréter comme suit :

Le dollar s'est fortement apprécié au cours des années 90 (+60 points) puis déprécié à partir de 2001 (-20 points) - courbe en rose -.

La compétitivité du secteur manufacturier américain - mesurée par les coûts salariaux unitaires corrigés par le taux de change - a pourtant été relativement stable pendant la période d'appréciation du dollar. Puis, elle s'est sensiblement améliorée à partir de 2001 avec la baisse du dollar (courbe en tirets bleus).

La performance américaine à l'exportation - rapport des exportations en volume et de la demande mondiale adressée aux États-Unis (courbe en pointillés orange) - s'est dégradée continûment à partir de la fin des années 90.

Comment ce paradoxe peut-il s'expliquer ?

- l'amélioration de la productivité américaine pourrait concerner essentiellement le secteur des services (biens non échangeables ) ;

- par ailleurs, en matière de commerce international, les parts de marché perdues se reprennent difficilement (phénomènes « d'hystérèse ») ;

- cependant, des explications plus structurelles doivent être évoquées 26 ( * ) .

Parmi celles-ci, l'émergence de nouveaux concurrents sur le marché mondial aurait eu un impact plus important depuis 1990 que lors des précédentes vagues d'entrées de concurrents, notamment dans les années quatre-vingt.

Entre 1990 et 2004, les pays du G7 ont connu un recul très important de leurs parts de marché (près de 10 points), le gain de l'Asie émergente sur la période étant pratiquement équivalent.

La libéralisation des flux de capitaux et la baisse des coûts de transports et de communication auraient, en effet, permis de délocaliser des étapes du processus de production et non plus des secteurs d'activité entiers .

Ceci permet aux pays émergents de prendre position et d'augmenter leurs parts de marché, y compris sur des secteurs de haute technologie .

Dans les secteurs des TIC , les pays émergents développent des activités de production et d'assemblage de produits périphériques, les activités de conception des puces restant dans les pays avancés. Ceci explique la forte progression des parts de marché des pays émergents sur les produits TIC (cf. graphique ci-dessous).

Graphique n° 3

POSITIONS DE MARCHÉ SUR LES PRODUITS TIC
(Solde TIC sur le marché mondial TIC, en %) 1

Source : CEPII CHELEM

* 26 Ce point de vue a été développé par Marc-Olivier STRAUSS-KAHN, directeur général des Etudes et des Relations internationales à la Banque de France, lors du colloque consacré à la productivité. Banque de France. Novembre 2005 (pages 56 et 57).

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