B. LES VARIATIONS DU TAUX D'EMPLOI

Le taux d'emploi constitue un déterminant de l'évolution du niveau de vie.

Votre rapporteur présente ci-après les conditions dans lesquelles une hausse du taux d'emploi pourrait diminuer ou inverser l'impact négatif sur l'évolution du niveau de vie de la dégradation du ratio démographique (population 15-64 ans/population totale).

a) Les liens entre croissance et taux d'emploi

Le graphique n° 16 (page précédente) montre une forte variation des taux d'emploi (courbe en rose) depuis 1970.

Il apparaît ainsi que ces variations sont nettement corrélées avec celles de la croissance : les périodes de croissance soutenue (fin des années 80 et fin des années 90) entraînent de fortes hausses du taux d'emploi, les périodes de ralentissement (notamment le début des années 90) de fortes baisses.

Ceci tend à montrer qu'une part du « sous-emploi » (entendu ici au sens large, c'est-à-dire comme la combinaison d'un fort chômage et d'un faible taux d'emploi) français sur cette période est déterminée par une croissance effective inférieure à son potentiel .

b) Évolution démographique et taux d'emploi

Le ralentissement de l'augmentation de la population active, liée au vieillissement démographique, pèse sur l'évolution du PIB par habitant.

Cependant, ce ralentissement crée aussi des conditions plus favorables pour une baisse du chômage (donc une hausse du taux d'emploi) : à moyen terme, si la croissance française rejoint son potentiel (2,2 %), les créations d'emploi (175.000 par an en moyenne 77 ( * ) ) seraient supérieures au nombre de nouveaux actifs : 100.000 par an en moyenne contre 180.000 actifs sur 1995-2005 78 ( * ) .

c) Hausse du taux d'emploi et productivité

Des estimations économétriques montrent la relation inverse entre taux d'emploi et productivité : une hausse du taux d'emploi de 1 % entraînerait une baisse de la productivité horaire de 0,4 à 0,5 % 79 ( * ) .

Cependant, cet effet est transitoire et diverses études empiriques montrent qu'il disparaîtrait en moins de cinq ans : l'augmentation du taux d'emploi doit donc être un objectif constant de politique publique.

La réforme des retraites de 2003 traduit ainsi la prise en compte de cette double priorité et diminue fortement la désincitation à l'activité des travailleurs âgés : assouplissement des règles de cumul emploi-retraite, durcissement des conditions d'accès aux préretraites, incitation par une surcote à la prolongation de l'activité au-delà de la durée requise pour liquider sa pension à taux plein.

Cependant, des dispositifs désincitatifs subsistent , comme la dispense de recherche d'emploi pour les travailleurs âgés au chômage ou, pour les femmes, les nouvelles modalités de l'Allocation Parentale d'Education qui auraient induit le retrait d'activité de 100.000 à 150.000 femmes 80 ( * ) , pour un coût brut pour les finances publiques équivalent à 0,2 % du PIB.

L'objectif pour les politiques publiques dans un contexte où l'économie française pourrait se rapprocher du plein-emploi, sera donc de favoriser les conditions d'un libre choix individuel en matière de comportement d'activité, qui aujourd'hui ne sont pas toujours réunies, ce qui a un effet défavorable en termes de croissance potentielle et pèse sur les finances publiques.

* 77 Voir rapport Sénat, n° 89, 2006-2007, de la Délégation pour la planification.

* 78 Pour une analyse des liens croissance potentielle, population active, chômage : voir rapport Sénat, n° 89, 2006-2007, de la Délégation pour la planification (page 112).

* 79 Votre rapporteur rappelle que ceci s'explique par le retour ou l'entrée dans l'emploi de travailleurs moins qualifiés ou dont les qualifications sont devenues obsolètes du fait de leur inactivité.

* 80 Selon Thomas Piketty, Economie et Prévision, mai 1998.

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