C. M. MICHEL JARRAUD, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ORGANISATION MÉTÉOROLOGIQUE MONDIALE

Monseigneur,

Mesdames, Messieurs les Ministres, les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale,

Mesdames, Messieurs,

Chers Collègues, chers Amis,

Au nom de l'Organisation météorologique mondiale, c'est un honneur et un plaisir tout particuliers de prendre la parole aujourd'hui pour le lancement de cette année polaire internationale en France, avec pour thème « Les pôles, témoins pour les hommes » - pour les hommes et pour les femmes !

Je tiens, en premier lieu, à remercier M. Poncelet, le président du Sénat, et à travers lui le sénateur Gaudin, ainsi que M. Revol, de nous avoir invités à contribuer à cet événement important.

En effet, l'OMM appuie tous les efforts visant à promouvoir la mise en valeur de cette initiative scientifique exceptionnelle, qu'elle a initiée avec le Conseil international pour la science.

Mesdames et Messieurs, vous savez sans doute que Pythéas fut un marin, explorateur et géographe qui habita la colonie grecque de Massilia entre les années 380 et 310 avant notre ère. Ses voyages légendaires d'exploration l'amenèrent tout près du toit de l'Europe. Il a sans doute fait le tour de la Grande-Bretagne, observé le soleil de minuit, les aurores boréales et les glaces polaires. On peut probablement le considérer comme l'un des tout premiers explorateurs polaires, et comme l'un des tout premiers exemples de coopération européenne entre la Gaule et la Grèce.

A partir du 16 e siècle, les marins français s'aventurèrent vers l'extrême Sud, tel Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, qui découvrit l'île portant son nom en 1739. Toutefois, l'observation isolée de phénomènes naturels ne conduit pas nécessairement à une vision globale. Comme l'a dit Henri Poincaré, « On fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres. Une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. » Seul un travail interdisciplinaire coordonné à l'échelle internationale peut faire progresser notre connaissance : c'est l'enjeu de cette nouvelle année polaire internationale.

Le premier congrès météorologique international (OMI), qui eut lieu à Vienne en 1873, créa l'Organisation météorologique internationale, précurseur de l'OMM. Une décision majeure de l'OMI fut d'organiser la première année polaire internationale. Au cours du deuxième congrès, tenu à Rome en 1879, onze pays, plus tard douze, acceptèrent de participer à ce projet en créant des stations polaires, dont deux seraient établies dans l'hémisphère Sud. La France fut l'un de ces pays : elle envoya en Terre de Feu l'aviso La Romanche. Cette mission polaire y établit une station dans la Baie Orange, où une trentaine d'hommes y hivernèrent pour exécuter un programme scientifique portant sur la météorologie, le magnétisme et l'astronomie. La phase active de cette année polaire s'étendit entre 1882 et 1883.

La deuxième année polaire, comme l'a rappelé Mme Bréchignac, fut organisée cinquante ans plus tard, dans le même esprit de coopération internationale, d'échange international sans restriction de toutes les données qu'a évoquées Jean-Louis Etienne au cours du déjeuner. De nouveau, ce fut l'OMI qui lança ce projet, qui visait également au renforcement et à l'expansion des réseaux d'observation météorologique et magnétique existant dans les régions polaires. La France, bien entendu, y participa avec des missions au Groenland et en Arctique. Lors de cette année polaire, le commandant Charcot, médecin et explorateur, joua un rôle majeur avec son navire, le Pourquoi pas ?

En 1957 et 1958, l'OMM, qui avait succédé à l'OMI en 1950, rejoignit le Conseil international pour la science pour organiser l'année géophysique internationale. Ce fut probablement l'une des plus grandes expériences de coopération internationale dans le domaine scientifique. Les observations, les recherches, les activités coordonnées furent bien plus complètes que lors des années polaires précédentes. Elles furent également davantage multidisciplinaires. C'est au cours de cette année géophysique internationale qu'eut lieu le premier lancement d'un satellite artificiel. L'effort principal se concentra sur l'Antarctique, où douze pays, dont la France, installèrent des stations. Malheureusement, elle fut endeuillée par la disparition d'un météorologiste français, André Prud'homme, mort en terre Adélie au cours de cette campagne.

Mesdames et Messieurs, au moment du lancement de cette année polaire, l'Organisation météorologique mondiale est heureuse de renouveler sa collaboration avec le Conseil international pour la science. L'OMM dispose, à l'échelle du globe, d'une infrastructure scientifique opérationnelle dans ses 188 pays membres, qui sera mise à disposition des objectifs de l'année polaire, car le temps, le climat et le cycle de l'eau ignorent les frontières politiques ou économiques.

En terminant, je souhaiterais vous faire remarquer qu'en participant à cet effort coordonné dans les régions polaires, l'OMM espère aussi atteindre une meilleure compréhension de l'influence de ces régions sur l'ensemble du système climatique, et réciproquement l'influence des autres régions sur le climat des régions polaires.

Je vous renouvelle mes remerciements pour cette invitation et vous propose un nouveau rendez-vous dans 25 ans, pour les 150 ans de cette manifestation, ou peut-être dans 50 ans, pour la prochaine année polaire internationale.

Je vous remercie.

Bruno ROUGIER

Comme Michel Jarraud vient de nous le rappeler, la France a une très belle et très grande tradition de recherche en Antarctique, depuis la découverte de la terre Adélie en 1840 par le Français Jules Sébastien César Dumont d'Urville. On peut dire que, depuis cette époque, la France a toujours entretenu des relations étroites avec cette zone du globe à travers les implantations de la station de Port-Martin en 1949, la base Charcot, la base Dumont d'Urville et la dernière-née, la base Concordia.

Quelle est aujourd'hui l'action de la France, en particulier dans les archipels de Kerguelen, Crozet, Saint Paul et Amsterdam ? C'est ce que devait nous expliquer François Baroin, ministre de l'Outre-mer, mais, comme vous le savez, ces dernières heures ont été occupées par une catastrophe survenue à l'île de La Réunion. M. Baroin en est revenu très récemment, et beaucoup de dossiers restent à traiter. C'est pourquoi le sénateur Christian Cointat a accepté de participer à cette réunion à sa place. M. Cointat représente les Français établis hors de France et préside au groupe d'études sur l'Arctique, l'Antarctique et les TAAF, ce qui lui donne toute légitimité pour intervenir au nom de François Baroin.

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