II. OUVERTURE OFFICIELLE DE L'ANNÉE POLAIRE INTERNATIONALE EN FRANCE PAR M. CHRISTIAN PONCELET, PRÉSIDENT DU SÉNAT

Votre Altesse, et j'ajouterai Cher Ami,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, cher Collègue, cher Ami,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Madame la Présidente du CNRS et du Conseil international pour la science,

M'adressant à toutes et à tous sans distinction, autorisez-moi à vous dire simplement et sincèrement chers amis,

Je vous souhaite à toutes et à tous la plus cordiale des bienvenues au Sénat de la République. Au nom de tous mes collègues sénatrices et sénateurs, je suis heureux de vous accueillir. Je forme tout de suite le souhait que vous garderez de votre participation à cette manifestation et de votre visite du Sénat le meilleur souvenir.

Il me revient à présent l'honneur et le plaisir d'ouvrir solennellement en France un événement d'une portée scientifique majeure : la quatrième année polaire internationale qui s'achèvera le 1 er mars 2009.

Enceinte de prospective et espace de dialogue entre responsables publics, scientifiques et économiques, notre Haute Assemblée, incarnation du pouvoir politique, se félicite de réunir pour la première fois un tel aréopage de scientifiques, de chercheurs, de personnalités et d'experts très directement concernés par la recherche en milieu polaire, lieu où se concentre en réalité l'essentiel des questions que la planète se pose sur l'évolution de son environnement.

L'extrême qualité de cette assemblée confirme la prise de conscience de l'importance de l'étude des pôles de notre planète au regard de questions sociétales urgentes et fondamentales telles que les changements climatiques, l'évolution de la couche d'ozone ou la modification de la biodiversité. La progression de la science polaire est très redevable à la succession de ces années internationales organisées, je vous le rappelle, depuis 1882.

Véritable tournant dans l'histoire de la recherche, ces manifestations ont fait naître, et renforcé, l'esprit international de coopération. Ainsi, la deuxième d'entre elles, qui s'est déroulée de 1932 à 1933, a permis d'accomplir des progrès dans les domaines de la météorologie, du géomagnétisme, des sciences de l'atmosphère, de même que dans la cartographie des phénomènes ionosphériques.

Mais, hormis peut-être les exploits du capitaine Cook, aucun événement ne fut plus marquant dans l'histoire de la recherche polaire que l'année géophysique internationale de 1957-1958 qui n'impliqua pas moins de 61 nations. Elle permit à des physiciens américains de décliner la mesure du potentiel du radar et des autres technologies développées au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle fut aussi l'occasion de mettre sur pied un programme de recherche international afin de collecter des données sur des sujets aussi variés que la haute atmosphère, les calottes glaciaires et la théorie, longtemps controversée, de la dérive des continents. Elle rencontra un tel succès qu'elle fut à l'origine de l'élaboration du Traité de l'Antarctique, signé en 1959, puis du Protocole de Madrid pour la protection de cet environnement exceptionnel, en 1991.

La programmation de cette quatrième année polaire, que nous inaugurons aujourd'hui, trouve un écho retentissant à un moment particulièrement critique de l'histoire de la Terre, notamment en raison de l'émergence du réchauffement planétaire. Elle devrait engendrer des campagnes internationales de grande envergure, tant dans l'hémisphère Nord que dans l'hémisphère Sud. Toutes les disciplines scientifiques et humaines sont concernées par cette problématique.

Les habitants des régions arctiques sont associés à la tenue d'une conférence circumpolaire inuit, dans la mesure où les populations réparties entre l'Alaska, le Canada, le Groenland, la Scandinavie et la Russie sont les premières victimes du changement climatique, dont les effets sont démultipliés au-delà du cercle polaire.

Pour la première fois, une année polaire internationale va ainsi s'attacher à mieux comprendre des spécificités sociales et humaines. Qu'il s'agisse de changement climatique ou de conservation de la biodiversité, les milieux polaires sont des lieux de recherche exceptionnels amplifiant considérablement ce qui peut être ressenti à nos latitudes. C'est aux pôles que se trouvent les archives de notre planète : leur devenir anticipe les évolutions du reste de la planète.

Dans les mois à venir, sous l'égide de l'ICSU et de l'OMM, des manifestations vont les mettre, ainsi que les femmes et les hommes qui y travaillent, sous les feux de l'actualité.

Au-delà de ces considérations géophysiques, les zones polaires, terrestres ou marines, sites de contrastes et de superlatifs les plus extraordinaires, exercent depuis longtemps un pouvoir de fascination sur l'homme, que ce soit par le caractère grandiose des paysages glacés ou par la nature emblématique des espèces animales qui y vivent.

Le Sénat, pour sa part, ne pouvait laisser passer une telle opportunité. C'est pourquoi les grilles du jardin du Luxembourg, lieu privilégié de l'art passant, que j'ai eu l'occasion d'inaugurer pour la première fois, pourront exposer, je l'espère, en 2008, de superbes images et de magnifiques photographies des pôles grâce à Nicolas Mingasson.

Tout aussi opportunément, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, présidé actuellement par mon collègue et ami M. le sénateur Revol, vient de publier l'excellent rapport de notre ami Christian Gaudin sur la recherche en milieu polaire. Christian Gaudin, faut-il le rappeler, est le premier parlementaire français à s'être rendu sur le continent Antarctique.

L'occasion m'est donc offerte de rendre un hommage particulier à la qualité des travaux effectués par cet office commun à l'Assemblée nationale et au Sénat et de féliciter chaleureusement ses responsables, auxquels nous devons également l'initiative de notre rencontre d'aujourd'hui.

Je me réjouis particulièrement de la passerelle ainsi créée entre le monde politique et les acteurs de la diffusion de la culture scientifique, de cette alliance que j'avais appelée de mes voeux dès mon accession, en 1998, à la Présidence du Sénat, entre la République et ses savants. Cette année polaire offre enfin une vitrine exceptionnelle aux métiers de la recherche, à travers des expositions, livres, films, conférences et débats sur tout le territoire.

La France a toujours su occuper une place privilégiée dans la recherche scientifique et technologique des régions polaires. Elle eut, dans un passé récent, ses explorateurs célèbres : Dumont d'Urville, Charcot ou, plus récemment encore, Paul-Emile Victor. Sa présence sur les terres australes et antarctiques de terre Adélie permet aux scientifiques de travailler dans les meilleures conditions sur des bases permanentes propres à les accueillir, notamment grâce à une desserte régulière assurée par nos grands navires, tel le Marion Dufresne .

Dans les mois à venir, notre pays doit participer à 55 des 200 projets sélectionnés par un comité international des programmes scientifiques. Le CNRS et l'IPEV sont appelés à jouer un rôle décisif dans cette aventure de ce début de 21 e siècle. Grâce à leur savoir-faire, acquis au cours de décennies d'expéditions sur le terrain, ce coup de projecteur indispensable dirigé par les activités polaires a par ailleurs de fortes chances de faire apparaître des domaines de recherche émergents, tels que l'astronomie, notamment pour les observations par infrarouge, ou encore l'étude du comportement des chercheurs en milieu confiné, dans le cas de la préparation des missions spatiales.

La communauté scientifique internationale peut donc espérer en toute légitimité un bond en avant considérable dans cette période qui s'ouvre aujourd'hui, ici au Sénat. Nous sommes fiers que cette manifestation se tienne dans notre enceinte.

Ce sont également des échanges denses et fructueux qui devraient animer le colloque de cet après-midi que le Prince Albert II de Monaco, que je salue encore une fois très respectueusement, a bien voulu honorer de sa présence. Je tiens à lui souhaiter ma chaleureuse bienvenue et à lui exprimer ma très sincère gratitude. Nous vous remercions, Monseigneur, d'être parmi nous et d'avoir su renouer avec la grande tradition familiale ouverte par votre trisaïeul Albert Premier, pionnier de l'océanographie moderne, épris de sciences humaines et d'anthropologie, incarnation de la conscience écologique avant l'heure. Dès le début de votre règne, c'est à souligner, vous vous êtes engagé personnellement en faveur de la protection de l'environnement. L'expédition qui vous a mené de Barneo jusqu'au pôle Nord en avril 2006 est une leçon d'humilité et de respect. Aussi, permettez-moi de conclure mon propos en reprenant à mon compte l'une de vos citations : « L'homme ne doit pas aller contre les forces de la nature, mais plus certainement puiser en elle ses forces » .

Je déclare, Mesdames et Messieurs, chers amis, solennellement ouverte en France, ici au Sénat, la quatrième année polaire internationale. Qu'elle soit riche d'enseignements et de valeurs partagées entre tous les habitants de la planète Terre.

Merci d'avoir bien voulu m'écouter.

Bruno ROUGIER

Merci, Monsieur le Président, d'avoir ouvert officiellement cette année polaire internationale avec l'humour que l'on vous connaît. L'amitié que vous nous avez faite en venant ici ouvrir cette API est, j'en suis sûr, profondément ressentie par les scientifiques présents dans cette salle.

A présent que cette année a été ouverte, nous allons passer à la partie scientifique de la réunion. Nous accueillons tout de suite la ministre de l'écologie et du développement durable, Nelly Olin, qui, en guise d'introduction, va nous expliquer les enjeux de cette année polaire internationale, en particulier face au changement climatique et à la biodiversité.

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