CHAPITRE III - VERS UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DE L'INVESTISSEMENT ?

Depuis 2004, l'investissement est à nouveau bien orienté en France. Toutefois, le niveau d'investissement requis pour la réalisation du scénario de croissance envisagé par le gouvernement devrait encore progresser sensiblement , ce qui suppose que les entreprises aient non seulement les ressources financières leur permettant de mener à bien de nouveaux projets, mais encore, en premier lieu, des perspectives de débouchés suffisantes ...

I. UNE ÉVOLUTION BIEN ORIENTÉE À COURT TERME

Avec une croissance de la FBCF 25 ( * ) de 4,7 %, l'année 2006 a confirmé la reprise de l'investissement amorcée deux années auparavant (3,6 % de croissance en 2004 et 2,8 % en 2005). Le taux d'investissement 26 ( * ) s'est redressé de 1,3 point depuis le point bas atteint début 2003.

L'OFCE estime qu'en 2007, la FBCF croitrait de 4,7 % malgré de mauvaises performances au deuxième trimestre (+ 0,4 % en volume), engendrées par une baisse temporaire des profits liée à des versements importants d'impôts sur les bénéfices des sociétés et à un ralentissement de l'activité au deuxième trimestre 2007.

Selon l'Office, la croissance de l'investissement serait inférieure en 2008 à celle de 2007 (+ 3,5 %) en raison d'un effet d'acquis moins favorable. Elle resterait cependant assez dynamique en raison d'une profitabilité élevée des entreprises, de l'apparition de tension sur les capacités de production ( cf. graphique n° 1 ci-dessous) et d'une croissance relativement soutenue.

GRAPHIQUE N° 1

TENSIONS SUR LES CAPACITÉS DE PRODUCTION

(1) industrie hors énergie et industrie agro-alimentaire (IAA)
Champ : France métropolitaine et DOM

Source : Insee, Comptes nationaux base 2000.

II. DES SCÉNARIOS QUI SUPPOSENT UNE CROISSANCE SOUTENUE DE L'INVESTISSEMENT À MOYEN TERME

A. LES PERSPECTIVES OFFERTES PAR UNE ACCÉLÉRATION DE L'INVESTISSEMENT

Le taux d'investissement des sociétés non financières est globalement en baisse depuis la fin des années 1950, où il atteignait 25 %.

Ce mouvement structurel est toutefois corrigé par des rebonds cycliques durant les phases de forte croissance de la fin des années 1980 et de la fin des années 1990.

Aussi bien dans le scénario central que dans le scénario « haut » présentés par votre Délégation, la croissance économique décrite passe par un investissement qui se renforce, évolutions que retrace le graphique suivant :

GRAPHIQUE N° 2

COMPORTEMENT D'INVESTISSEMENT DANS LES DEUX SCÉNARIOS

En % de la valeur ajoutée

Sources : INSEE, prévisions OFCE

Dans le compte central, l'investissement des entreprises évoluerait à un rythme de 4,3 % en moyenne annuelle (6,3 % dans le scénario « haut »). Sa progression serait plus rapide que celle observée sur la période récente ( 3,5 % entre 1987 et 2007 ). Le taux d'investissement des entreprises se redresserait progressivement, de 17,7 % en 2007 à 20 % en 2012 dans le scénario central (voire 21,2 % dans le scénario haut), soit un niveau de 13 % supérieur à la moyenne de la période 1987-2007.

Ces évolutions supposent une orientation plus favorable de la demande des entreprises.

Elles restent néanmoins cohérentes avec ce qu'il est permis d'observer dans les épisodes de reprise économique. Ainsi, entre 1997 et 2000, l'augmentation annuelle moyenne de l'investissement des entreprises s'est élevée à près de 7 % en volume (contre 4,3 % dans le compte central). De fait, une progression rapide de l'investissement des entreprises est une perspective habituelle quand l'économie sort d'un point bas du cycle.

En revanche, le maintien sur plusieurs années de telles augmentations serait inusuel.

Il est à noter que, dans les deux scénarios, l'effort des entreprises est couplé à un effort des ménages (baisse substantielle du taux d'épargne), de manière à contrecarrer une impulsion budgétaire 27 ( * ) fortement négative (- 0,6 point de croissance du PIB sur la période 2008-2012) afin d'autoriser une croissance néanmoins élevée : 2,5 % en moyenne dans le scénario central.

Cette augmentation progressive du taux d'investissement est aussi de nature à limiter les tensions sur l'appareil productif , et contribue ainsi à la possibilité d'une forte diminution du taux de chômage (commune aux deux scénarios, voir infra ) sans que ne se manifestent de tensions inflationnistes .

Il reste que le contenu en importations des investissements est relativement élevé par rapport à celui de la consommation des ménages , ce qui, à court terme 28 ( * ) , est susceptible de dégrader la contribution du commerce extérieur par rapport à une situation où la croissance est « tirée » par la consommation.

Les deux scénarios, qui reposent sur l'hypothèse, en partie conventionnelle, selon laquelle le commerce extérieur cesserait de contribuer négativement à la croissance, ne comprennent pas de tels effets. Ils peuvent, sous cet angle, être qualifiés d'optimistes, même si l'hypothèse de neutralité du commerce extérieur, formulée à partir d'une situation fortement dégradée, revient seulement à envisager que le déficit extérieur ne se creuserait pas davantage.

* 25 Formation brute de capital fixe. La FBCF désigne l'investissement dans la Comptabilité nationale.

* 26 FBCF exprimée en % de la valeur ajoutée (VA) des sociétés non financières (SNF). Le taux d'investissement des entreprises représente la part de la richesse créée par elles, affectée à l'acquisition des moyens de production durables (bâtiments, équipements...).

* 27 On nomme impulsion budgétaire la variation du solde structurel primaire d'une année sur l'autre. Elle représente la partie discrétionnaire de la politique budgétaire.

* 28 A plus long terme, si l'on admet qu'il existe un lien entre gains de productivité et accumulation de l'investissement, un effet de compétitivité positif est susceptible de s'enclencher, ce qui est favorable à une contribution positive du commerce extérieur.

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