2. L'appui aux projets de recherche

Le ministère de l'outre-mer ne finance pas la recherche scientifique en Antarctique. Cependant, des programmes scientifiques se déroulent, notamment sur la base Dumont d'Urville. Ils sont généralement coordonnés par l'Institut polaire français Paul Emile Victor (IPEV).

Cet institut est un Groupement d'Intérêt Public (GIP) constitué par neuf organismes publics ou parapublics. Trois d'entre eux interviennent de façon plus significative : le ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technologies, qui alimente pour l'essentiel le budget de l'IPEV, le ministère des affaires étrangères et le CNRS, qui met du personnel à la disposition du GIP. Les six autres participants sont l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), les TAAF, Météo-France, le Centre national d'études spatiales (CNES) et les Expéditions Polaires Françaises.

L'IPEV a pour missions d'évaluer et sélectionner des projets à partir des recommandations de son Conseil des Programmes Scientifiques et Technologiques (CPST), de mettre à disposition des chercheurs des infrastructures d'accueil (gestion et entretien des bases scientifiques, maintenance des équipements scientifiques).

Il organise par ailleurs des expéditions scientifiques, en procédant au recrutement du personnel scientifique et technique nécessaire (environ 70 personnes par an), et à l'affrètement de navires pour acheminer ces personnels sur les sites d'études. L'Institut met également en oeuvre des programmes océanographiques à bord du Marion Dufresne.

Les programmes de recherche de l'Institut Paul-Emile Victor portent sur les sciences de l'univers :

- observatoires sismologiques globaux (géomagnétisme) ;

- étude de la stratosphère antarctique et de la destruction de l'ozone ;

- étude de l'évolution du climat et de la calotte antarctique au cours de l'holocène et de la dernière glaciation ;

- étude du cycle atmosphérique du soufre en relation avec le climat aux moyennes et hautes latitudes sud.

Ces recherches portent également sur les sciences de la vie :

- relations entre variabilité environnementale, effort de reproduction et dynamique des populations de prédateurs marins ;

- mécanismes d'adaptation au froid des faunes antarctiques et subantarctiques ;

- stratégie énergétique des prédateurs marins (oiseaux et mammifères plongeurs) et variabilité physique et trophique de l'océan Austral ;

- ichtyologie côtière en Terre Adélie.

Pour mener à bien ses missions de recherche, l'IPEV dispose de bases en Terre Adélie et loue le navire ravitailleur des TAAF, le Marion Dufresne . La desserte des Terres australes est assurée quatre fois par an au départ de La Réunion : trois rotations pendant l'été austral en mars, novembre et décembre et une rotation pendant l'hiver austral en août.

Cinq fois par an, pendant l'été austral, seule période où la mer est libre de glace, l'Astrolabe dessert la base de Dumont d'Urville au départ de Hobart en Tasmanie.

Le Marion Dufresne

Entré en service en 1994, le Marion Dufresne est un navire polyvalent, à la fois paquebot servant au transport du personnel des bases et des visiteurs vers les Terres Australes (110 passagers), cargo chargeant des containers et des colis lourds d'une capacité de 4.600 m3 et possédant deux grues jumelables de 25 tonnes et trois autres grues de service, pétrolier transportant du fuel pour les stations, porte-hélicoptères et navire de recherche. Il est en effet équipé de 650 m² de laboratoires, un sondeur multifaisceau et d'un carottier géant.

Il assure deux fonctions principales :

- la logistique des îles australes françaises : Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, sous la responsabilité des TAAF ;

- la recherche océanographique sur la majeure partie des océans, sous la responsabilité de l'IPEV.

Ce navire de 120,50 m de long sur 20,60 m de large, pouvant embarquer 110 passagers, est utilisé pendant les deux tiers de l'année par l'IPEV, chargé de mettre en oeuvre des campagnes océanographiques à son bord. Son coût de fonctionnement s'élève à 10 millions d'euros par an.

Disposant d'équipements modernes, il est opérationnel dans tous les domaines de l'océanographie : géosciences marines, océanographie biologique, physique et chimie des océans... Sa spécificité est reconnue sur le plan international en matière de sédimentologie. Pourvu d'un « carottier géant », il est un des seuls navires à collecter des carottes sédimentaires pouvant atteindre 60 mètres de longueur.

M. Eric Pilloton , préfet, administrateur supérieur, a estimé que si le bateau continuait à être bien entretenu, il pourrait fonctionner sans difficulté au minimum jusqu'en 2025.

Les personnes présentes dans les districts relèvent de la gestion de l'administration supérieure des TAAF et de leur administration ou organisme d'origine : personnels du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ou du Centre national d'études spatiales (CNES), de France Télécom ou de Météo France, personnels des missions scientifiques de l'Institut Paul-Emile Victor (IPEV), plus ou moins nombreux selon les programmes scientifiques mis en oeuvre.

M. Gérard Jugie , directeur de l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV), a indiqué que l'intégralité des programmes de recherche menés dans les milieux polaires se caractérisait par une composante internationale. Les programmes de recherche bilatéraux sont minoritaires, la plupart des programmes impliquant trois voire quatre partenaires et l'exemple le plus significatif étant le programme de forage glaciaire EPICA.

Il a déclaré que l'Astrolabe venait de recevoir des certifications pour être exploité dix années supplémentaires, mais qu'il serait pertinent d'interroger l'Etat sur l'avenir de ce bateau après 2017.

M. Eric Pilloton, préfet, administrateur supérieur, a estimé que les TAAF étaient susceptibles d'accueillir aujourd'hui des activités et des programmes de recherche conduits par des entreprises françaises ou étrangères, précisant que néanmoins aucune entreprise n'envisageait de développer de programmes de recherche dans ces régions, malgré l'absence d'obstacle administratif.

Il a expliqué que grâce à l'activité de recherche menée dans les TAAF, la France occupe aujourd'hui une place prééminente dans le monde scientifique des régions subantarctique et antarctique. En effet, l'analyse du nombre de publications est explicite : la France est le pays qui publie le plus sur la région subantarctique et elle fait partie des cinq pays qui publient le plus sur l'Antarctique.

M. Pierre Jouventin , directeur de recherche au CNRS, a salué l'amélioration des relations entre l'IPEV et l'administration des TAAF, après une dizaine d'années marquées par des différends contreproductifs. Il a jugé que l'intégration des Iles Eparses au sein des TAAF représentait une véritable avancée.

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