II. UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ VIABLE, DE PLUS EN PLUS INSÉRÉE DANS LES ÉCHANGES MONDIAUX

A. UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ VIABLE, QUI DOIT ENCORE ENTREPRENDRE UN CERTAIN NOMBRE DE RÉFORMES STRUCTURELLES

1. Une économie assainie depuis la crise de 2001

Comme nous l'avions déjà constaté lors de notre précédent déplacement, l'économie turque a su se redresser de manière spectaculaire après la crise financière et monétaire de 2001, notamment grâce au programme de stabilisation mis en place en concertation avec le Fonds monétaire international (FMI). La perspective d'adhésion à l'Union européenne, par son rôle incitatif, a sans doute également contribué au redressement économique rapide de la Turquie.

La discipline budgétaire observée ces dernières années a permis de faire reculer de façon significative le poids de la dette publique, passée de 106 % du PIB en 2001 à 58,6 % en 2007. L'excédent budgétaire primaire, même s'il reste légèrement en deçà de l'objectif fixé, a atteint 5,4 % du PNB en 2007, permettant de limiter le déficit global à 2,1 % du PNB. De son côté, le PIB a connu une croissance soutenue, de l'ordre de 7,5 % en moyenne sur la période 2002-2006, en partie grâce aux importantes réformes structurelles conduites sous l'égide du FMI, qui ont conduit à la restructuration du système bancaire et à la privatisation du tissu économique. Le taux d'inflation a, quant à lui, pu être maîtrisé : atteignant 68,5 % en 2001, il est passé sous le seuil des 10 % depuis 2004.

2004

2005

2006

2007

PIB (en Mds USD)

390,4

481,5

526,4

658,8

Taux de croissance

9,4 %

8,4 %

6,9 %

4,5 %

PIB/hab (en USD)

5 550

6 850

7 500

9 333

Inflation

9,3 %

7,7 %

9,7 %

8,4 %

Solde public (% du PIB)

- 5,2 %

- 1,1 %

- 0,6 %

- 1,9 %

Dette extérieure / PIB

41,2 %

35 %

39 %

37,5 %

Source : services économiques, Ambassade de France en Turquie

2. La nécessité de poursuivre les réformes structurelles

Les performances économiques de la Turquie se sont cependant amoindries en 2007 , en partie sous l'effet d'un relâchement de la discipline budgétaire causé par le contexte électoral.

Après plusieurs années de forte baisse, le taux d'inflation semble avoir atteint un palier aux alentours de 8-9 % : la cible d'inflation, fixée à 4 % par la Banque centrale turque, a été manquée ces deux dernières années. Compte tenu de la forte dépendance de la Turquie à l'égard des importations énergétiques, il est d'ailleurs peu probable que le niveau d'inflation puisse retomber à court terme. Quant au taux de croissance, il est inférieur à 5 % pour la première fois depuis 2001, même si ce chiffre n'est guère inquiétant dans un contexte marqué par un repli général de l'économie mondiale.

Ces performances ne remettent certes pas en cause la viabilité de l'économie turque, comme en témoigne l'importance des investissements directs en provenance de l'étranger, qui ont représenté 20 milliards de dollars en 2006. Cependant, il apparaît nécessaire de poursuivre les réformes structurelles de manière à éloigner définitivement les deux dangers qui menacent aujourd'hui la Turquie : la dépendance vis-à-vis des capitaux étrangers du fait du déficit des paiements courants d'une part, et l'endettement des entreprises turques en devises étrangères d'autre part.

Le déficit des paiements courants , qui oscille depuis 2006 entre 7,5 % et 8 % du PIB, est en effet largement financé par les entrées de capitaux étrangers. 70 % de la bourse turque est aujourd'hui détenue par des étrangers. Dès lors, un retrait soudain des créanciers et des investisseurs étrangers serait très préjudiciable pour l'économie turque, ce qui n'est jamais à exclure dans un contexte global marqué par un repli économique. Dans ces conditions, il convient d'espérer que les autorités turques ne tarderont plus à mettre en oeuvre les réformes structurelles préconisées par le FMI, qui devraient lui permettre de résorber une partie de son déficit courant. Elles concernent en effet la refonte du système de sécurité sociale, l'extension de la base d'imposition fiscale, la poursuite des privatisations et la mise en oeuvre d'une politique de régulation dans le domaine de l'énergie.

Outre le danger que fait peser le poids du déficit courant, la Turquie est également menacée par l'endettement croissant des entreprises turques en devises étrangères . En effet, face aux taux encore prohibitifs auxquels sont proposés les crédits en livres turques, la majeure partie des entreprises turques se sont endettées en devises étrangères. Or, cette situation fait peser un risque sérieux en cas de chute subite de la livre turque , qui serait susceptible d'affecter l'ensemble du système financier.

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