(2) La présence des retraités

Les pensions de retraite représentaient, en 2004, 21,7 % du revenu avant impôts des ménages français 77 ( * ) . Le vieillissement de la population laisse penser que ce pourcentage devrait s'accroître à l'avenir.

Or, la localisation géographique des retraités est largement déconnectée des lieux de production économique. Elle semble dépendre essentiellement de la qualité de vie des territoires et varie en fonction du niveau de revenu des retraites. Ainsi, certains départements bénéficient de la présence de nombreux retraités aisés (le Var et les Alpes-Maritimes notamment), tandis que d'autres rassemblent essentiellement un nombre faible de retraités, dont les revenus sont moindres (par exemple la Seine-Saint-Denis, le Nord-Pas-de-Calais et le Nord). Le cas de la ville de Paris est particulièrement symptomatique puisqu'il apparaît que « le quart des Parisiens, arrivés à l'âge de la retraite, déménagent et quittent la ville » 78 ( * ) .

Les revenus des retraités constituent un second facteur majeur de redistribution des richesses à l'échelle locale . Les ressources qu'ils consomment proviennent d'une production, prélevée par l'Etat sur l'ensemble du territoire national, puis redistribuée. Plus les territoires ruraux parviendront à attirer les personnes âgées, plus ils seront susceptibles de bénéficier de ces transferts de revenus.

A ce titre, le développement des maisons d'accueil rurales pour personnes âgées (MARPA) est une initiative intéressante , qui permet aux territoires ruraux, au-delà du service fourni, de bénéficier des ressources induites par la présence des retraités. Ces centres d'accueil ne sont pas des maisons de retraites médicalisées mais se proposent, en zone rurale, de faire bénéficier les personnes âgées de logements confortables, intégrés à la vie locale, avec la possibilité de recourir selon les besoins de chacun aux services d'accompagnement nécessaires. Soutenus par les caisses de MSA, les MARPA sont aujourd'hui au nombre de 117, implantées dans 54 départements français. 2.300 personnes âgées y résident et mobilisent près de 800 emplois directs en équivalent temps plein. Leur succès est révélateur des atouts de l'espace rural pour l'accueil des personnes âgées.

(3) L'économie présentielle

Les mécanismes de l'économie présentielle sont identiques à ceux de l'économie résidentielle, à l'exception de son moteur, qui ne résulte pas de la résidence d'une population sur un territoire mais de sa seule présence provisoire. Dans l'économie présentielle, ce n'est donc pas le renouveau démographique des territoires qui joue un rôle, mais essentiellement la présence touristique .

Or, si l'on considère que plus de 75 millions de touristes se rendent en France chaque année, l'influence de l'économie présentielle sur le dynamisme économique de certaines régions est loin d'être négligeable. Mme Patricia Lejoux, dans son article « L'analyse de la géographie des flux touristiques en France métropolitaine : un autre regard sur l'attractivité des territoires » 79 ( * ) , dresse le constat que, dans le contexte de l'accroissement des mobilités spatiales et de l'augmentation du temps libre, la capacité des territoires à attirer temporairement des individus, au premier rang desquels figurent les touristes, a des incidences sur les économies locales.

Le tourisme est ainsi devenu un facteur important de développement économique pour les zones rurales, dissocié des lieux de production. En effet, la localisation des dépenses touristiques, des résidences secondaires et des retraités tend à se concentrer hors des territoires urbains , même si la ville de Paris offre le cas spécifique d'un territoire fortement productif et très attractif pour le secteur touristique.

M. Laurent Davezies fournit un ordre de grandeur du transfert de ressources induit par l'économie présentielle entre la région Ile-de-France et la province. Il indique ainsi qu'en 1999, « les dépenses touristiques des franciliens en province auraient été supérieures à 8 milliards d'euros à celles des provinciaux en Ile-de-France ».

Evoquant plus spécifiquement le tourisme dans les territoires ruraux, M. Laurent Davezies indique que « l'usage des territoires ruraux ne faisait que se développer : [...] la population présente y est aujourd'hui l'équivalent de la population qui y était recensée avant les années 1960 », si l'on prend en compte la présence touristique.

Enfin, un lien peut être établi entre l'économie présentielle et l'économie résidentielle . Les informations recueillies par vos rapporteurs auprès de M. Yves Morvan, professeur émérite des universités, indiquent en effet le développement d'un phénomène qui voit les populations urbaines choisir comme lieu de résidence pour leur retraite celui où ils ont passé la majorité de leurs vacances durant leur vie active. L'importance des transferts de revenus liés à l'économie présentielle peut donc préfigurer celle des transferts liés à l'économie résidentielle, les cartes des zones touristiques et des zones où se concentrent les retraités français se recoupant largement.

* 77 Insee-DGI, enquête revenus fiscaux 2004, chiffres-clés, revenus et niveau de vie.

* 78 M. Laurent Davezies, Futuribles n° 295, mars 2004 : Temps de la production et temps de la consommation, les nouveaux aménageurs des territoires ?, op. cit .

* 79 L'analyse de la géographie des flux touristiques en France métropolitaine : un autre regard sur l'attractivité des territoires, Patricia Lejoux, Flux 2006/3, n°65, p. 33-46.

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