DÉBAT AVEC LA SALLE

Joël BOURDIN

Avez-vous sur encore des questions à poser sur l'ensemble des ateliers. Je n'ai pas l'impression que la même conception de la prospective soit partagée dans tous les secteurs...

Philippe DARNICHE

Je voudrais te remercier, à l'issue des brillantes interventions que nous avons eues, pour la diversité des interventions et leur qualité globale. A mon tour, je voudrais le dire, parce que cela me laisse une impression à la fois extraordinairement passionnante pour l'avenir, et en même temps je me demande si nous pourrons être à la hauteur de la tâche qui est la nôtre devant l'immensité du travail qu'il y a à faire. Il y a un problème de méthodologie évident qui va se poser à nous. Comment être accompagnés dans notre réflexion pour pouvoir, étape après étape, faire des propositions concrètes dans des domaines qui touchent à une diversité considérable.

Je voudrais simplement évoquer deux sujets : un qui a été évoqué par Madame Paillard tout à l'heure, un sujet qui me tient particulièrement à coeur. On parle beaucoup des pays émergents et de l'avenir de la planète à partir de ces pays émergents. On parle moins, effectivement, vous l'avez indiqué, des pays qui sont sinon en récession du moins qui n'évoluent pas au même rythme que nous. Je pense particulièrement à l'Afrique que vous avez tout à l'heure citée, à la responsabilité qui sera celle des pays émergents par rapport à l'évolution de ces territoires d'un continent entier qui se trouve très largement à la remorque, avec d'une part des difficultés de gestion majeure au sein de chacun des pays qui le composent et d'autre part, nous le savons, des écarts de richesse considérables.

Il y a un deuxième sujet qui me préoccupe beaucoup et que je voudrais qu'on aborde de façon prospective : c'est le sujet de la formation de nos jeunes.

Tu as évoqué, tout à l'heure, l'avenir des jeunes de dix à quinze ans, Fabienne. Il s'agit simplement d'observer comment le grand navire de l'Education nationale a navigué au fil des décennies pour arriver à un résultat qui, si j'entends des experts notamment, ne me semble pas très probant. Non seulement dans le cadre, très technique, de la formation de nos jeunes, mais également dans le cadre, plus compliqué, de l'orientation. Comment conduire un jeune aujourd'hui vers une formation qui débouche demain sur un emploi ?

Sur ce sujet de l'Education nationale, à mon avis, bien des erreurs de prospective ont été commises, il serait peut-être bon dans la rétrospective que vous évoquiez tout à l'heure, Monsieur Chapuy, de regarder l'Education nationale comme un exemple nous amenant à une réflexion pour l'avenir, et de ne pas commettre les mêmes erreurs que dans le passé.

Je ne sais pas quel est votre sentiment sur ce point un peu épineux, qui sépare quelquefois et accentue largement les clivages. Il me semble que ne pas en parler dans nos ateliers serait une impasse à ne pas faire, car c'est à partir de là qu'on construira ensemble le monde de nos enfants et de nos petits-enfants.

Fabienne KELLER

Je voudrais faire juste un commentaire après la présentation de Veolia Environnement. On voit bien combien la synergie entre les politiques publiques et les acteurs est importante, parce qu'on peut toujours trier nos déchets, mais à quoi bon si on n'a personne pour les traiter derrière ! Donc la co-construction de nouvelles orientations est stratégique dans le respect des missions de chacun, mais elle peut aussi créer une dynamique en termes de création d'emplois, de savoir-faire technique et peut-être d'exportation. Je crois que le domaine de l'environnement est probablement un domaine où cela s'applique très concrètement aujourd'hui. On a des industries françaises qui sont en capacité de répondre et d'être moteur en Europe ou dans le monde.

Je voulais faire une deuxième réflexion. Je ne sais pas si j'ai le droit Monsieur le président. J'ai trouvé cette matinée vraiment passionnante et la présentation de vos réflexions stratégiques très intéressante. J'étais un peu jalouse, parce que j'ai vu que vous vous appeliez par vos prénoms. Visiblement, vous vous rencontrez régulièrement, je trouve cela formidable et probablement décloisonnant. On parlait de transversalité tout à l'heure pour les uns et les autres.

J'ai envie, cher Joël, de te proposer quelque chose. Si vous le voulez bien, Madame et Messieurs, on se retrouve dans un an exactement, on inverse les rôles et les sénateurs vous présentent ce qu'ils ont pu faire dans ce temps limité sur différents thèmes et vous partagez vos réflexions et vos analyses pour nous aider à construire cette prospective. On sent bien qu'elle doit à la fois être, comme la vôtre, parfaite, bien construite, mais aussi très centrée sur ce que vous avez reconnu comme étant une partie du travail : aider à construire le chemin, et même réfléchir aux moyens qui permettent de faciliter ce chemin, notamment le partage de la conviction que l'on construirait dans ces travaux. Cela nous permettrait aussi de continuer à garder un fil méthodologique et intellectuel sans trop vous solliciter néanmoins.

Joël BOURDIN

Chère Fabienne, l'idée est bonne, je l'amenderai quand même un tout petit peu, en demandant un an et demi.

Fabienne KELLER

Non. Dans les quartiers difficiles comme dans la ville, il faut du rythme. On est tous scandés par les anniversaires, donc je propose un an. Comme cela, on sait que tous les ans, fin janvier, on se retrouve pour partager...

Joël BOURDIN

Dans un an et demi, nous n'aurons que deux ou trois rapports qui auront été remis. Mais soit.

Fabienne KELLER

Je pense qu'on peut présenter des rapports terminés ou des travaux en cours qui peuvent donner lieu à un échange ou à un enrichissement à une étape donnée.

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